Baptiste, Julien, André   DUPUIS

Baptiste Dupuis, marin pêcheur du bourg de Saint-Pierre à Penmarch (Finistère), fut mobilisé en août 1939 comme second maître. Il prit part à la campagne de France. Pendant la débâcle, après avoir été mitraillé par les Allemands avec son unité en rejoignant Dunkerque, il parvint à rentrer à Penmarch par ses propres moyens. Marié et père de deux enfants, il décida, le 23 juin 1940, avec Jacques Coïc de passer en Angleterre :

« Yves Calvez leur a donné son Notre-Dame-de Bon-Conseil [1] un sardinier désarmé. Hâtivement bricolée, l'embarcation en fort mauvais état, prend l'eau. Départ avec le jusant, puis moteur. Ils sont huit à bord [2]. Le plus jeune, Loussouarn, dit "Lili", n'a pas vingt ans. Ils passeront entre la pointe du Raz et Sein, éviteront à grand peine les écueils de la Chaussée des Pierres Noires, au large de Brest, se couleront dans le Passage du Fromveur puis affronteront la Manche et ses creux. L'eau, qui ne cesse de s'infiltrer, alourdit la barque. Ils galèrent, se relaient en continu à la pompe, perdent leur route, dérivent. Trois journées qui leur semblent une éternité. Rompus, ils finissent par toucher à Saint-Mary's, la dernière des îles Scilly, à la pointe extrême des Cornouailles. A deux milles près, ils rataient le petit archipel, se seraient perdus dans l'océan. » [3]

Après l'interrogatoire d'usage par la police militaire britannique, les huit Bretons furent dirigés vers le port de Penzance. Baptiste Dupuis s'engagea dans les FNFL et fut affecté le 21 juillet 1940 comme quartier-maître de manoeuvre sur l'aviso dragueur Commandant Duboc.

Le bâtiment participa à l'opération Menace (tentative de ralliement de Dakar à la France libre par une force navale anglo-gaulliste). Deux embarcations, sous le commandement du capitaine de frégate Thierry d'Argenlieu furent mises à l'eau par l'aviso Savorgnan de Brazza pour tenter de parlementer avec Pierre Boisson, haut commissaire vichyste de l'Afrique française. Mais les émissaires de la France libre furent repoussés par le chef de la police portuaire et essuyèrent des coups de mitrailleuse. D'Argenlieu et un officier furent blessés. Des échanges de tir commencèrent.

Constatant l'impossibilité d'une entrée directe à Dakar, les Gaullistes tentèrent dans l'après-midi un débarquement de fusiliers marins à Rufisque. Le Commandant Duboc essuya des tirs de la batterie du phare de Diokoul qu'il avait mission de neutraliser. L'aspirant Robert Crémel était à son poste de combat, la mitrailleuse double de 13,2 bâbord, avec les quartiers-maîtres Louis Broudin et Baptiste Dupuis. La quatrième salve de la batterie du phare de Diokoul tua l'aspirant Robert Crémel et blessa grièvement le quartier-maître Louis Broudin, qui décéda vers 11 heurs du soir.  Baptiste Dupuis, « si cruellement atteint au ventre qu'il lui arrivait de porter la main dans sa blessure ouverte » [4], mourut dans la nuit et fut immergé en mer.

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[1] C'est par erreur que le bateau est nommé Notre-Dame-de-Bon-Secours dans la page consacrée à Baptiste Dupuis sur le site de l'Ordre de la Libération.
[2] Il s'agit, outre Julien (dit Baptiste) Dupuis et Jacques Coïc, de Louis Berrou, Joseph Boissel, Alexandre Briec, Benjamin Drézen, Louis Loussouarn et Jean Normand
[3] Pierre ACCOCE, Les Français à Londres 1940-1941, Editions Balland, pp. 111-112
[4] Témoignage du quartier-maître Robert Hérault in Henri-Dominique SEGRETAIN, De Gaulle en échec ? Dakar 1940, Michel Fontaine Editeur, 1992, p. 222

Informations complémentaires :

• Sur l'opération Menace :
  
  • Sylvain CORNIL-FRERROT, L'opération Menace et la répression vichyste in Revue de la Fondation de la France libre, n° 37, septembre 2010 et n° 39, mars 2011
  • Henri-Dominique SEGRETAIN, De Gaulle en échec ? Dakar 1940, Michel Fontaine Editeur, 1992
  • Patrick GIRARD, De Gaulle, le mystère de Dakar, Calmann-Lévy, 2010
  • Sur le site des Archives nationales : La bataille de Dakar 23-25 septembre 1940 - Le face à-face De Gaulle Boisson
    

[Dernière mise à jour : 19 mai 2022]