Robert, Emile, Adrien   HÉRAULT

Date de naissance :

5 février 1920

Lieu de naissance :

Avoise (72) France

Date de décès :

23 septembre 2016

Lieu de décès :

Saint-Pierre (La Réunion) (974) France

Ralliement :

3 juillet 1940 - France libre -

Matricules :

113B37, 10308FN40

Affectations :

Commandant Duboc, Marine Douala, Vikings, Marine Pointe-Noire

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître secrétaire

N° membre AFL :

1.857

31 mars 1937

Engagement : Marine nationale pour cinq ans

mars 1937   à   décembre 1937

Ecole des fourriers (Cherbourg)

décembre 1937

breveté secrétaire

décembre 1937   à   3 juillet 1940

Paris ( Cuirassé )

3 juillet 1940

Ralliement France libre

3 juillet 1940   à   23 juillet 1940

Groupe FNFL de Devonport

23 juillet 1940   à   5 novembre 1940

Commandant Duboc ( Aviso dragueur )

novembre 1940

Marine Douala

Vikings ( Patrouilleur auxiliaire )

21 mai 1941   à   25 décembre 1944

Marine Pointe-Noire

Ecole des apprentis mécaniciens

23 septembre 1945

Démobilisé

Madame Paule Gervais-Delmas a recueilli le récit de Robert Hérault sur son engagement dans la marine et son ralliement à la France libre :

« Rêvant de m'engager dans la marine nationale pour connaître d'autres pays, je suis arrivé ?n mars 1937 à Cherbourg, où était l'École des fourriers et secrétaires militaires. En décembre, ayant réussi l'examen de  breveté secrétaire, j'étais destiné au cuirassé Paris, à Toulon, qui faisait partie de l'escadre de la Méditerranée. Outre l'équipage du bord, 600 hommes, les apprentis canonniers étaient environ 400. En juin 1939, le Paris et son sister-ship, le cuirassé Courbet, ont rejoint le port de  Brest via Casablanca, la guerre contre l'Allemagne étant à peu près certaine. Dès septembre 1939, la marine est mobilisée pour escorter les convois marchands contre les sous-marins allemands. À partir de la ?n de mai 1940, au large du Havre, le Paris est harcelé journellement par les Stuka. Une seule grosse bombe transperce  la plage avant, sans éclater, et ressort par le ?anc dans la mer. Toutes les autres bombes rasent la coque et endommagent gravement les machines, d'où un appareillage à quatre n?uds, le 11 juin, pour regagner de nuit Cherbourg, et Brest le 14 juin. Après un rapide passage au bassin pour boucher les trous avec des chevilles en bois et du ciment, nous avons quitté Brest le 18 juin après-midi, ainsi que tous les autres navires en état de marche. Le lendemain, nous arrivons à Plymouth.
[...]
 Le 3 juillet 1940, étant à quai à Plymouth,  nous sommes réveillés a 4 h 30 du matin par des marins anglais, non armés, qui nous ordonnent d'aller sur le pont. Là, des gradés anglais, armés, nous font descendre sur le quai, puis vers un grand hangar, ou sont déjà d'autres marins.
Vers huit heures, un amiral anglais s'adresse a nous pour nous encourager a continuer la  guerre avec l'Angleterre : "Que ceux qui sont volontaires se rassemblent dans la  cour". Avec un jeune fourrier nous y allons. Nous sommes environ 200.
Vers le 20 juillet, nous prenons le train pour aller à Portsmouth, sur le cuirassé Courbet. L'amiral Muselier, monté sur une tourelle de 305, nous parle si énergiquement que nous sommes regon?és à bloc. J'embarque sur l'aviso Commandant Duboc comme secrétaire du commandant Bourgine. Nous sommes en tout 80. »

Robert Hérault  a lui-même rapporté de manière détaillée la saisie du Paris à Plymouth lors de l'opération Catapult :

« Le cuirassé Paris, sur lequel j'étais embarqué, ayant eu ses machines très endommagées par les bombes reçues au  Havre le 11 juin, il ne pouvait, à la vitesse de sept n?uds, que rejoindre un port anglais, de Brest.
Arrivé le 19 juin à Plymouth, nous sommes sortis deux fois en ville avant le 3 juillet. Ceci nous a permis de nous rendre  compte des mesures prises contre les raids aériens, et du calme de la population malgré l'heure critique.
Dans un café, le patron, ancien combattant de 14-18, nous fait lire l'appel du  général de Gaulle. Là est peut-être la  route à suivre (?).
Le 3 juillet, nous sommes à quai dans l'arsenal, le sous-marin Surcouf étant à couple de l'autre bord. Vers quatre heures et  demie, nous sommes réveillés par des marins anglais sans armes : "Levez-vous,  nous sommes vos amis. Allez sur le quai, un oficíer va vous parler". Ce que nous  faisons. Sur le pont, d'autres marins  anglais en armes nous font signe d'aller  sur le quai rejoindre nos camarades. Quand le groupe atteint une quarantaine d'hommes, il s'éloigne, bien encadré. Nous voyons bien que, partout sur le Paris, il y a de nombreux sailors sur la  passerelle, le spardeck et près des canons.
Après avoir marché 2 ou 300 mètres, nous arrivons dans un grand bâtiment où  beaucoup d'autres camarades sont déjà.  D'autres groupes arrivent encore, de différentes unités. On commente l'affaire et on attend la suite avec curiosité. Le café  et les pommes que l'on distribue sont  bien accueillis car les émotions creusent  l'appétit.
Un peu à l'écart, une partie des marins du  Surcouf écoutent l'un de leurs officiers. Il est sans casquette (il n'y aura qu'un seul volontaire, apprendra-t-on plus tard).
Vers neuf heures, un amiral anglais monte sur une estrade improvisée et nous parle en  français pendant quelques minutes, nous  invitant a nous joindre à la Royal Navy  pour continuer la guerre. Des tracts en  français nous sont distribués qui alimentent les discussions entre nous. Beaucoup veulent rentrer en France. Le moral est à zéro. Un maître canonnier nous dit que la  guerre est finie et qu'il espère être bientôt chez lui, occupé a faire son jardin. Un  camarade fourrier et moi-même, nous sommes très surpris de ces paroles. Au  moment où on lui offre de combattre et ainsi de mettre en pratique, contre l'ennemi, tout ce qu'il a appris dans sa spécialité depuis qu'il est dans la marine, ce gradé se dégon?e lamentablement.
Trente ou quarante minutes se passent  encore, puis, tout a coup, par le micro, on  entend : "Ceux qui veulent continuer la  guerre avec la Grande-Bretagne sont priés  de sortir du bâtiment et de se rassembler dans la cour ".
Plusieurs groupes descendent les marches de l'entrée. Le fourrier et moi, on se joint au groupe suivant. En cinq  minutes, tous les volontaires sont rassemblés face au bâtiment. Par les fenêtres ouvertes, les autres nous manifestent leur désapprobation.
Plusieurs camions arrivent. Nous partons chercher nos sacs sur nos bateaux respectifs, pour ensuite aller dans un autre endroit de l'arsenal où nous pourrons commencer à nous organiser. Nous sommes 210 quartiers-maîtres et matelots, plus un enseigne de vaisseau de 1re classe et quatre officiers mariniers. »

Reprise du récit recueilli par Madame Paule Gervais-Delmas :

« En août, départ pour Greenock (Ecosse), direction nord-est pendant deux jours, puis  plein sud pendant quinze jours jusqu'à Freetown (Sierra Leone). Quatre jours après, nous prenons le général de Gaulle à Lagos et, le lendemain, arrivons à Douala (Cameroun), reçus avec un accueil délirant. Le lieutenant-colonel Leclerc a rallié cette colonie à la France Libre en août.
En novembre, je suis affecté a la marine de  Douala. Il y fait très chaud, à 23 km de la mer. Les indigènes peuvent s'engager dans la marine FNFL. En juin 1941, J'embarque comme passager sur le patrouilleur armé Président Houduce pour rejoindre mon  nouveau poste, étant destiné à la marine de Pointe-Noire, après escale à Libreville et Port-Gentil (Gabon).
En 1942, plusieurs collègues, fatigués par la chaleur et le paludisme, ont été envoyés en congé en Afrique du Sud. Un matin, nous découvrons qu'un croiseur anglais est  arrivé dans le port avec une forte gîte. C'est le Phoebé ; il a reçu une torpille dans la soute des obus à gaz, causant la mort d'une quarantaine de marins. Ils sont inhumés dans le cimetière de Pointe-Noire, le lieu de cette inhumation devenant British Grave et propriété du Royaume-Uni.
En 1943, prenant passage avec quatre autres  sur le Savorgnan de Brazza, nous partons en congé en Afrique du Sud. Pour moi, la  bilieuse se déclare et, après trois jours à l`infirmerie du bord, je suis débarqué à Wal?sh  Bay, d'où le cargo français libre Châteauroux me transporte jusqu'à Capetown. Puis en août et septembre, je suis à Durban et finalement à Johannesburg, où les militaires alliés sont autorisés à descendre dans les mines d'or, à 2000 m de profondeur.
Par le train, le 10 novembre, je me rends à Bulawayo-Élizabethville et Port-Francqui. Embarqué sur un bateau à roues, sur le Kassaï et le Congo, quatre jours après, nous sommes a Léopoldville puis Brazzaville, d'où  je regagne Pointe-Noire à 500 km, par le train.
Fin 1944, un autre quartier-maître secrétaire arrive et nous embarquons en groupe sur le croiseur Duguay-Trouin, qui nous conduit à Casablanca vers le 4 janvier 1945.

Je suis affecté à l`École des apprentis mécaniciens. L'of?cier en second, venant du  Béarn aux Antilles depuis 1940, est hostile aux Free French. Aussi, je me prépare à  quitter la marine en juin 1945. Au 5e dépôt de Toulon, je reçois un titre de permission de quatre-vingt-trois jours. Quatre jours après, je voyais mes parents dans le 72 !  La nostalgie de l'Afrique m'a fait partir en Guinée et en Côte d'Ivoire et finalement, à la retraite, à La Réunion. »

Décorations, distinctions :

  • Médaille coloniale

Sources :

  • Archives FdFL (AFL 1857)
  • GR 16 P 290789 [non consulté]
  • Revue de la Fondation de la France libre, septembre 2015, n° 57 : Le parcours de Robert Hérault, récit recueilli par Paule Gervais-Delmas et témoignage de Robert Hérault sur le 3 juillet 1940 à Plymouth
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net