Jean   VIROUX

Date de naissance :

31 décembre 1922

Lieu de naissance :

Plougasnou (29 ) France

date de décès :

5 mars 1987

Lieu de décès :

Plougasnou (29) France

Ralliement :

6 mars 1943 - France combattante - New Orleans 600 ( Etats-Unis d'Amérique )

Matricules :

648FN43, 10142C43

Affectations :

L'Escarmouche

Grade atteint pendant la guerre :

Matelot détecteur

N° membre AFL :

12.687

1943

Guadeloupe ( Bananier )

6 mars 1943

Ralliement France combattante - New Orleans 600 ( Etats-Unis d'Amérique ) (Date et lieu à confirmer)

7 juillet 1943

Matelot de 2ème classe sans spécialité

7 juillet 1943   à   16 juillet 1943

Caserne Surcouf (Londres)

16 juillet 1943   à   13 août 1943

Caserne Bir-Hakeim (Portsmouth)

13 août 1943   à   4 septembre 1943

Base de la Clyde

4 septembre 1943   à   17 septembre 1943

Caserne Bir-Hakeim (Portsmouth)

17 septembre 1943   à   5 octobre 1943

Base Portsmouth

5 octobre 1943   à   3 novembre 1943

Caserne Bir-Hakeim (Portsmouth)

3 novembre 1943   à   5 novembre 1943

Base de la Clyde

5 novembre 1943   à   31 décembre 1943

Base Portsmouth

31 décembre 1943   à   14 février 1944

Base de la Clyde

24 janvier 1944

Matelot de 2ème classe breveté élémentaire détecteur

14 février 1944   à   21 juillet 1945

L'Escarmouche ( Frégate )

21 juillet 1945

Base maritime Cherbourg (service Transmissions)

15 octobre 1945

Rayé des contrôles de l'activité

Le 22 mai 1943, Jean Viroux remit à la Délégation de la France combattante à New York une lettre de ralliement adressée au général de Gaulle :

« C'est avec un grand plaisir qu'aujourd'hui j'ai l'honneur de m'être rangé dans les Forces françaises libres.
Je viens d'un bâtiment de commerce, le Guadeloupe. J'avais déjà tenté une fois de joindre vos forces, mais le commandant m'en avait empêché, ainsi que l'émigration, car depuis un certain temps je désirais joindre, mais il y a eu toujours quelque empêchement. Maintenant, mon désir s'est réalisé. Je suis parti avec un camarade de la Nouvelle-Orléans grâce au dévouement de Mme Wiesfield, qui s'est donné bien du mal pour nous. »

Le bananier Guadeloupe, bloqué aux Antilles, restées fidèles à Vichy après l'armistice de juin 1940, semble avoir tout de même effectué par la suite quelques rotations avec les Etats-Unis. Jean Viroux pourrait donc avoir quitté ce navire au cours d'une escale à la Nouvelle-Orléans. Le Mémorial des FNFL indique en tout cas comme date de son engagement dans les FNFL le 6 mars 1943, qui pourrait être en fait la date de sa désertion du Guadeloupe dans ce port américain. Avec l'aide de partisans de la France combattante, il aurait pu ensuite être envoyé à New York, où il a signé son ralliement le 22 mai 1943. Mais avant cette étape on le trouve à Putnam, dans le Connecticut, qu'il aurait quitté le 17 mai pour New York.

Il semble en effet avoir alors été pris en charge par une filière de la France combattante, dont la plaque tournante se trouvait à dans cette ville située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Boston et où était installée une Académie catholique (Catholic Academy), dont les soeurs et la Mère supérieure hébergeaient, apparemment sans savoir à qui elles avaient affaire, des marins de la marine giraudiste ralliés à la France combattante et dans l'attente d'un transfert, généralement vers Halifax (Canada), via New York, puis vers la Grande-Bretagne, où ils étaient incorporés.

Le lieutenant de vaisseau Simottel, embarqué sur Le Terrible, rapporte dans l'enquête qu'il a menée sur place le 17 mai 1943 le fonctionnement de cette filière :

« Arrivant isolément ou par petits groupes, les marins étaient logés dans une petite maison appartenant au couvent, mais séparée de lui par la route. Ils étaient envoyés par une demoiselle Tissot de la "Legation (sic) de France à New York", ou Sieur Rotival de la "Légation de France à Washington". (Il y a lieu de penser qu'il s'agit des "délégations de la France libre" dans ces deux villes). Ces mêmes personnes opéraient le rappel à N. Y. [New York] (lorsque la Mère supérieure ne le demandait pas elle-même en raison de la mauvaise conduite de ses invités).
La Mère me dit alors avoir reçu 4 ou 5 groupes de marins (5 à 7 hommes chacun) et les avoir hébergés depuis 2 mois. Elle ne peut m'en donner la liste.
Les pensionnaires étaient présentés à la Mère Louise et aux soeurs comme des marins ayant besoin de repos. Si ces apparences paraissent les avoir abusées, il est à noter toutefois que la plupart des marins portaient l'insigne gaulliste.
Durant leur séjour à Putnam, les hôtes de l'Académie catholique recevaient de l'argent de Mme Rotival, qui mettait même de temps à autre une voiture (avec de l'essence) à leur disposition. Certaine de leurs promenade a même fini par un accident. Mr. Rotival, lorsqu'il venait à Putnam, rendait visite à ces marins. Sa femme habite en effet auprès du couvent et semble avoir assuré une liaison personnelle.
Arrivés à des dates différents, les marins étaient rappelés en bloc, sur un télégramme du type général ci-après : Faites redescendre à New York le groupe de X marins hébergés en ce moment à Putnam.
Les signataires du télégramme étaient :
soit Mr. Rotival (Washington)
soit Mlle Tissot (New York)
soit un lieutenant français (Washington), dont il n'a pas été possible d'avoir le nom.
Il est à supposer que ces trois personnes travaillent ensemble et qu'elles sont vraisemblablement chargées de tenir les marins parés à prendre les convois qui les conduisent à l'étranger à la disposition des autorités gaullistes. [1] »

Cette enquête a été déclenchée, selon le rapport du lieutenant de vaisseau Simottel, par « une information donnée par le second maître électricien Monot, qui l'a recueillie lui-même le dimanche 16 mai d'une dame Gagne, coiffeuse à Putnam », signalant la présence dans la ville de trois marins du Terrible : Boulanger (électricien), Hains (armurier), Charlot (matelot sans spécialité).

Le lieutenant de vaisseau du Terrible précise le profil de l'informatrice, qui, après avoir soutenu la France libre, est devenue partisane du général Giraud  :

« Madame Gagne est une Française qui a fait précédemment partie de l'organisation Fighting French. Depuis le débarquement américain en Afrique du Nord, elle a quitté ce mouvement et son ralliement complet à la cause défendue par les autorités françaises en Afrique du Nord semble dû principalement à l'influence des gradés français rencontrés à Putnam. Elle paraît intelligente et clairvoyante. »

La coiffeuse apprit à l'officier giraudiste qu'un groupe de sept marins français avait pris le jour même le train rapide de 10 h 30 pour New York. Elle précisa même la tenue des membres du groupe : « un seul marin en tenue complète, cinq sans chemisette, deux en civil, dont le marin de la Marine marchande ». Il s'agissait, outre les marins du Terrible - Jean Boulanger, Jean Hains et Jean Charlot - de Maurice Fénery, Clovis Jousseaume (du pétrolier Nivôse), Jean Viroux (du bananier Guadeloupe) et Jacques Richard (du cuirassé Richelieu) [2]. Simottel demanda alors au lieutenant Crowley, du Security Office, chargé des enquêtes relatives aux marins disparus et qui l'avait conduit à Putnam, « d'alerter sans tarder les services de police et de surveillance en gare, afin d'arrêter à leur arrivée à N. Y. [New York] (15 h 19) le groupe de sept marins qu'accompagnent des jeunes filles. » Le lieutenant américain fit immédiatement le nécessaire, mais apparemment sans résultat, puisque tout le groupe de ralliés fut ensuite incorporé dans les forces de la France combattante : six dans les FNFL et Maurice Fénery dans les Forces aériennes française libres (FAFL).


Transféré en Grande-Bretagne, Jean Viroux fut d'abord incorporé à la caserne Surcouf, à Londres, en juillet 1943. Il fit ensuite plusieurs va-et-vient, dont on ne connaît pas la cause, entre cette caserne, la base de la Clyde, la caserne Bir-Hakeim à Portsmouth et la base de Portsmouth.


Finalement, Jean Viroux fut affecté à la frégate L'Escarmouche de février 1944 à juillet 1945.
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[1] Né à Paris en 1892, élève de l'Ecole centrale, Maurice Rotival s'installa aux Etats-Unis au milieu des années 1930, pour y exercer et y enseigner l'urbanisme à l'université de Yale. Il joua un rôle officieux d'agent de liaison à Washington avec les gaullistes de Londres.
Née en 1920, Geneviève Tissot travaillait depuis 1940 pour la Délégation de la France libre à New York.
[2] S'agissant de l'origine de ces marins, l'information donnée par Madame Gagne est floue et en grande partie inexacte : « un marin de commerce, trois marins du Terrible, trois marins du Richelieu (ou peut-être du Montcalm) ».


Recherches complémentaires :

  • Vérifier l'hypothèse sur les circonstances de la désertion du Guadeloupe et le parcours suivi jusqu'à New York.


[Mise à jour : 5 novembre 2024]

Sources :

  • SHD Vincennes, TTF 77
  • Archives FdFL (AFL 12.687)
  • GR 16 P 597485 [non consulté]
  • Archives du Comité d'Histoire de la Deuxième Guerre mondiale (lettre de ralliement du 22 mai 1943)
  • Etat signalétique et des services
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net