Date de naissance :
30 mai 1922
Lieu de naissance :
Saint-Brieuc (22 ) France
date de décès :
7 décembre 1985
Lieu de décès :
Rennes (22) France
Ralliement :
8 mai 1943 - France combattante - New York 600 ( Etats-Unis d'Amérique )
Engagement dans les FNFL :
23 juillet 1943 - Londres 400 ( Grande-Bretagne )
Matricules :
4222B38, 711FN43
Affectations :
Caserne Bir-Hakeim, La Découverte
Grade atteint pendant la guerre :
Quartier-maître armurier
N° membre AFL :
10.398
Apprenti marin
Apprenti armurier
Engagement : Marine nationale pour cinq ans
Matelot de 3ème classe breveté élémentaire armurier
Ralliement France combattante - New York 600 ( Etats-Unis d'Amérique )
Engagement : FNFL - Londres 400 ( Grande-Bretagne ) (pour compter du 8 mai 1943)
Quartier-maître de 2ème classe
Renvoyé dans ses foyers
Jean Hains entra à l'Ecole des apprentis mécaniciens de Lorient le 6 octobre 1938 comme apprenti marin. Après une période probatoire de trois mois, il fut définitivement admis à l'école le 10 janvier 1939 comme apprenti armurier. Il dut alors signer par anticipation un engagement volontaire de cinq ans pour compter de la date de sa sortie de l'école, qui prit donc effet le 1er octobre 1939, un mois après le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale.
Après avoir passé deux mois au 3ème Dépôt de Lorient, Jean Hains fut affecté pendant un mois au cuirassé Paris, à Brest, puis au 2ème Dépôt, dans ce même port.
Le 18 février 1940, il était affecté au Chacal. Le 21 mai, la 2ème DCT (2ème Division de contre-torpilleurs), dont faisait partie le bâtiment, mise à la disposition de l'Amiral Nord, arrivait à Cherbourg dans la nuit. Elle reçut l'ordre d'acheminer du matériel et des équipes de démolition ayant pour objectif de détruire les installations portuaires de Dunkerque pour le Jaguar, Boulogne pour le Léopard et Calais pour le Chacal avant l'arrivée des Allemands.
Le 23 mai, après avoir déchargé son matériel à Calais, le Chacal reçut l'ordre de rallier le Léopard, qui venait d'accomplir sa mission sous les bombardements. Les deux contre-torpilleurs reçurent ensuite l'ordre de tirer sur les colonnes allemandes qui investissaient les positions françaises, dont le fort d'Alprech, la tour d'Odre et le fort de la Crèche.
Le 24 mai, le Chacal et le Léopard étaient attaqués par des avions allemands devant le cap d'Alprech (au sud de Boulogne). L'équipage du Chacal dut abandonner le navire durement touché. 167 hommes, dont Jean Hains, furent recueillis par le chalutier armé Messidor.
Dans son état signalétique et des services, Jean Hains est considéré comme ayant été embarqué sur le Chacal jusqu'au 1er juin 1940, date à laquelle il fut affecté à la direction du port de Brest. Cette date n'a qu'une valeur administrative. En réalité, Jean Hains semble avoir d'abord regagné Saint-Brieuc après le naufrage du Chacal. Il aurait même, selon la tradition familiale, tenté de gagner l'Angleterre en s'embarquant à Paimpol le 18 ou le 19 juin 1940, mais aurait été refusé, parce qu'il avait l'air trop jeune.
Il prit finalement son poste à Brest, où il fut affecté jusqu'au 10 septembre 1942. Le 24 septembre, après un passage par le 5ème Dépôt de Toulon, il embarquait à bord du contre-torpilleur Le Terrible, basé à Dakar.
Jean Hains a raconté à sa famille qu'il a été mis aux arrêts après avoir refusé de prêter le serment de fidélité au maréchal Pétain.
Après le ralliement des forces armées d'Afrique du Nord et d'AOF aux alliés, consécutif au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (opération Torch, 8 novembre 1942), le bâtiment « giraudiste » fut envoyé aux Etats-Unis pour y être réparé et modernisé. Parti de Dakar le 24 janvier 1943, il arriva à New York le 13 février. Le 20 février, il appareilla pour Boston, où devait avoir lieu sa refonte. Il y arriva le lendemain. Le 7 mai à 19 heures, Jean Hains quittait la caserne où était hébergé l'équipage du Terrible pendant les travaux. Il était porté déserteur le 9 mai à 0 h 00. Entretemps, il s'était rendu à New York par le train et avait remis à la délégation de la France combattante une demande d'engagement dans les les FNFL. S'adressant au général de Gaulle, il écrivait :
« Je déclare m'engager aujourd'hui dans les Forces françaises libres de mon plein gré et sans aucune pression d'aucune sorte. Dans l'impossibilité de m'y joindre plus tôt, je m'empresse aujourd'hui que cela m'est possible et jure de faire tout mon possible pour avoir la libération de notre pays. Etant prisonnier en France, j'ai toujours eu la ferme intention de rejoindre les Forces combattantes sitôt que possible et c'est avec joie que je m'engage sous le pavillon à la croix de Lorraine.
Etant à Boston et étant assez surveillé, il m'était très difficile de rallier plus tôt. J'ai dû venir à New York, où, ayant appris l'adresse du Free French Relief Comittee, j'ai aussitôt réalisé mon souhait de toujours. »
Le même jour, Jean Hains signait sur un formulaire à entête de la « Délégation du Comité national français aux Etats-Unis - Service des volontaires - 626 Fifth Avenue - New York » :
« Je soussigné Hains Jean
déclare me mettre à la disposition des Forces Françaises Combattantes dans lesquelles je désire servir à titre militaire.
Je déclare accepter le grade et l'affectation qui me seront donnés et être prêt à servir en tout lieu avec honneur, fidélité et discipline pour la durée de la guerre actuellement en cours.
Fait à New York le 8 mai 1943 »
Jean Hains a alors été pris en charge par une filière de la France combattante, dont la plaque tournante se trouvait à Putnam (Connecticut). Dans cette ville située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Boston était installée une Académie catholique (Catholic Academy), dont les soeurs et la Mère supérieure hébergeaient, apparemment sans savoir à qui elles avaient affaire, des marins de la marine giraudiste ralliés à la France combattante et dans l'attente d'un transfert, généralement vers Halifax (Canada), via New York, puis vers la Grande-Bretagne, où ils étaient incorporés.
Le lieutenant de vaisseau Simottel, embarqué sur Le Terrible, rapporte dans l'enquête qu'il a menée sur place le 17 mai 1943 le fonctionnement de cette filière :
« Arrivant isolément ou par petits groupes, les marins étaient logés dans une petite maison appartenant au couvent, mais séparée de lui par la route. Ils étaient envoyés par une demoiselle Tissot de la "Legation (sic) de France à New York", ou Sieur Rotival de la "Légation de France à Washington". (Il y a lieu de penser qu'il s'agit des "délégations de la France libre" dans ces deux villes). Ces mêmes personnes opéraient le rappel à N. Y. [New York] (lorsque la Mère supérieure ne le demandait pas elle-même en raison de la mauvaise conduite de ses invités).
La Mère me dit alors avoir reçu 4 ou 5 groupes de marins (5 à 7 hommes chacun) et les avoir hébergés depuis 2 mois. Elle ne peut m'en donner la liste.
Les pensionnaires étaient présentés à la Mère Louise et aux soeurs comme des marins ayant besoin de repos. Si ces apparences paraissent les avoir abusées, il est à noter toutefois que la plupart des marins portaient l'insigne gaulliste.
Durant leur séjour à Putnam, les hôtes de l'Académie catholique recevaient de l'argent de Mme Rotival, qui mettait même de temps à autre une voiture (avec de l'essence) à leur disposition. Certaine de leurs promenade a même fini par un accident. Mr. Rotival, lorsqu'il venait à Putnam, rendait visite à ces marins. Sa femme habite en effet auprès du couvent et semble avoir assuré une liaison personnelle.
Arrivés à des dates différents, les marins étaient rappelés en bloc, sur un télégramme du type général ci-après : Faites redescendre à New York le groupe de X marins hébergés en ce moment à Putnam.
Les signataires du télégramme étaient :
Il est à supposer que ces trois personnes travaillent ensemble et qu'elles sont vraisemblablement chargées de tenir les marins parés à prendre les convois qui les conduisent à l'étranger à la disposition des autorités gaullistes. [1] »
Cette enquête a été déclenchée, selon le rapport du lieutenant de vaisseau Simottel, par « une information donnée par le second maître électricien Monot, qui l'a recueillie lui-même le dimanche 16 mai d'une dame Gagne, coiffeuse à Putnam », signalant la présence dans la ville de trois marins du Terrible : Boulanger (électricien), Hains (armurier) Charlot (matelot sans spécialité).
Le lieutenant de vaisseau du Terrible précise le profil de l'informatrice, qui, après avoir soutenu la France libre, est devenue partisane du général Giraud :
« Madame Gagne est une Française qui a fait précédemment partie de l'organisation Fighting French. Depuis le débarquement américain en Afrique du Nord, elle a quitté ce mouvement et son ralliement complet à la cause défendue par les autorités françaises en Afrique du Nord semble dû principalement à l'influence des gradés français rencontrés à Putnam. Elle paraît intelligente et clairvoyante. »
La coiffeuse apprit à l'officier giraudiste qu'un groupe de sept marins français avait pris le jour même le train rapide de 10 h 30 pour New York. Elle précisa même la tenue des membres du groupe : « un seul marin en tenue complète, cinq sans chemisette, deux en civil, dont le marin de la Marine marchande ». Il s'agissait, outre les marins du Terrible - Jean Boulanger, Jean Hains et Jean Charlot - de Maurice Fénery, Clovis Jousseaume (tous deux du pétrolier Nivôse), Jean Viroux (du bananier Guadeloupe) et Jacques Richard (du cuirassé Richelieu) [2]. Simottel demanda alors au lieutenant Crowley, du Security Office, chargé des enquêtes relatives aux marins disparus et qui l'avait conduit à Putnam, « d'alerter sans tarder les services de police et de surveillance en gare, afin d'arrêter à leur arrivée à N. Y. [New York] (15 h 19) le groupe de sept marins qu'accompagnent des jeunes filles. » Le lieutenant américain fit immédiatement le nécessaire, mais manifestement sans résultat, puisque tout le groupe de ralliés fut ensuite incorporé dans les forces de la France combattante : six dans les FNFL et Maurice Fénery dans les Forces aériennes française libres (FAFL).
Le 15 mai 1943, donc quarante-huit heures avant le départ de Jean Hains de Putnam, la Délégation de la France libre aux Etats-Unis, sise à la même adresse que le Comité national français, avait établi un « certificat d'identité » bilingue français-anglais à son nom et signé du lieutenant-colonel R. Brunschwig, chef du SRRAT :
« M. Hains Jean
Matelot armurier
a été mis en route sur Halifax (Destination Grande-Bretagne) par nos soins.
Le présent Titre lui servira d'Introduction auprès des Autorités de la France Libre auxquelles il se présentera dès son arrivée à destination. »
Pourtant, dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libre, après la guerre, Jean Hains indique être resté aux Etats-Unis jusqu'au 30 mai. Il précise avoir ensuite séjourné au Canada jusqu'au 15 juillet 1943. Son état signalétique et des services situe son arrivée en Grande-Bretagne le 23 juillet 1943, date à laquelle il signa effectivement son engagement dans les Forces françaises libres dans la caserne Surcouf à Londres
A cette date, quatre des sept marins hébergés à Putnam étaient déjà arrivés en Grande-Bretagne depuis quinze jours : Jean Boulanger (du Terrible), Clovis Jousseaume et Jean Fénery (du Nivôse) et Jean Viroux (du Guadeloupe). Le départ de Jean Hains semble donc avoir été retardé, pour des raisons que nous ignorons.
Après un passage par la caserne Bir-Hakeim à Portsmouth, il fut affecté en octobre 1943 à la frégate La Découverte, à peu près au même moment que l'enseigne de vaisseau de 1ère classe François Flohic, qui rapporte à son propos l'anecdote suivante : il y avait à bord une mascotte, le chien Médor, et « Jean Hains, l'armurier du bord, qui avait déserté du Terrible à New York [en fait à Boston] et que tout l'équipage appelait "le Gaulliste" lorsque son bâtiment était à Dakar, lui avait confectionné un collier orné d'une belle croix de Lorraine et un bonnet de marin à sa taille ».
Jean Hains débarqua de La Découverte en juin 1945.
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[1] Né à Paris en 1892, élève de l'Ecole centrale, Maurice Rotival s'installa aux Etats-Unis au milieu des années 1930, pour y exercer et y enseigner l'urbanisme à l'université de Yale. Il joua un rôle officieux d'agent de liaison à Washington avec les gaullistes de Londres.
Née en 1920, Geneviève Tissot travaillait depuis 1940 pour la Délégation de la France libre à New York.
[2] S'agissant de l'origine de ces marins, l'information donnée par Madame Gagne est floue et en grande partie inexacte : « un marin de commerce, trois marins du Terrible, trois marins du Richelieu (ou peut-être du Montcalm) ».
Décorations, distinctions :
Sources :