Date de naissance :
23 mars 1921
Lieu de naissance :
Plougasnou (29) France
Date de décès :
23 avril 2002
Lieu de décès :
Morlaix (29) France
Ralliement :
9 octobre 1942 - France combattante - Alexandrie 100 ( Egypte )
Engagement dans les FNFL :
10 décembre 1942
Matricules :
3571B38, 10341FN42
Affectations :
Reine des Flots, AMBC Franche Comté, Roxane
Grade atteint pendant la guerre :
Quartier-maître canonnier
N° membre AFL :
11.996
Engagement : Marine nationale pour cinq ans
Matelot de 2ème classe sans spécialité
Matelot de 2ème classe canonnier
Quartier-maître de 2ème classe canonnier
Ralliement France combattante - Alexandrie 100 ( Egypte )
Engagement : FNFL
Engagé volontaire le 7 octobre 1938, le matelot de 2ème classe canonnier Guillaume Charles fut affecté à partir du 11 avril 1939 au croiseur Suffren. Le bâtiment, qui appartenait alors à l'escadre de la Méditerranée, fut ensuite détaché au sein des Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO), où il prit part au début de la Deuxième Guerre mondiale. En mai 1940, le Suffren rallia l'Egypte. Guillaume Charles était toujours à bord du bâtiment, lorsque la Force X, à laquelle appartenait désormais le croiseur, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940). Le 9 décembre 1942 - il était alors quartier-maître de 2ème classe canonnier - il quittait son bâtiment à 14 heures comme permissionnaire et ne rentrait pas par le canot de 21 h 30. Il était porté officiellement déserteur à l'étranger en temps de guerre à dater du 11 décembre à 0 h.
Le 14 décembre 1942, dans son rapport au commandant du Suffren, le lieutenant de vaisseau Abrial, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Guillaume Charles, écrivait :
« Charles était un garçon renfermé, dont le travail donnait satisfaction, rien ne pouvait faire supposer qu'il allait déserter. »
Le quartier-maître canonnier Marcel Guéguen, interrogé comme témoin dans le cadre de l'enquête, apporta quelques précisions sur ses motivations :
« Le jeudi 10 décembre 1942, vers 17 heures, je suis rentré à l'"American Bar". J'ai alors vu Charles et un certain nombre de déserteur de la Force X portant une croix de Lorraine, qui buvaient ensemble. Charles est venu me parler et m'a dit qu'il avait quitté le Suffren sans regret, qu'il en avait marre du bord, qu'il n'aimait pas les Boches. J'ai essayé de lui faire comprendre qu'il devait rentrer à bord, que moi non plus je n'aimais pas les Boches, mais que ce n'était pas une raison pour déserter. Il m'a alors répondu qu'il savait ce qu'il faisait, qu'il y pensait depuis un mois et que, parlant peu, personne ne pouvait le savoir. D'ailleurs il m'a dit être très content là où il se trouvait. Le matin, il suit un cours de "Pom-Pom" [1] à Ras el-Tin et il doit partir en Angleterre armer un torpilleur américain [2]. Après avoir prétendu que le second maître armurier Louis Jacques était un mouchard, car c'était lui qui avait donné son nom au premier maître du Duquesne, qui avait fait un rapport sur lui, il m'a dit qu'il lui casserait la gueule, s'il le rencontrait.
Il savait que Sac était en prison et il a formulé des menaces envers les officiers qu'il pourrait rencontrer à terre en civil, si on ne le relâchait pas [3]. Au Comité national [4], ils savent tout ce qui se passe en Force X et ils ont des renseignements sur tous les hommes. D'après ce qu'il m'a dit, Huon et Chollet sont allés le soir jusqu'à la porte 6 et qu'ils ont changé d'idée avant de rentrer. Mais que lui avait pris la décision dans la journée. »
Le quartier-maître canonnier Erwin Anthony confirma ces informations :
« Le jeudi 10 décembre 1942, rentrant à l'"American Bar", vers 18 h, j'ai vu Charles avec de nombreux gaullistes et Guéguen.
J'ai parlé avec Charles, qui m'a fait part de sa décision datant d'un mois de quitter le Suffren. J'ai essayé de le persuader de rentrer à bord, mais il n'y a rien eu à faire.
Il m'a dit qu'il devait partir en Angleterre pour embarquer sur un torpilleur. »
La désertion de Guillaume Charles semble enfin liée à celles de deux autres marins du Suffren : le quartier-maître de manoeuvre Jules Huon et le quartier-maître de 2ème classe mécanicien Georges Chollet. En effet Le 17 décembre 1942, dans son rapport au commandant du Suffren, l'enseigne de vaissseau de 1ère classe Derlot, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Jules Huon, écrivait :
« Il [Jules Huon] emportait dans une petite valise son équipement de football, des chiffons et du savon et devait occuper son après-midi [du 9 décembre] au nettoyage de l'appartement qu'il occupait avec des camarades, 20, rue de l'Ecole suisse au Camp de César.
[...]
En arrivant chez lui, vers 14 heures, il nettoie son appartement et se met à boire. Dans l'après-midi, il voit, outre ses camarades colocataires, deux quartiers-maîtres du Suffren, Charles et Chollet, déserteurs ce même jour 9 décembre. Huon avait l'habitude de sortir avec Chollet, mais il n'a pas été possible d'établir la raison de la visite de ces deux hommes, s'il y a un rapport entre elle et la triple désertion du soir, et s'ils avaient ou non rendez-vous avec Huon dans cet appartement.
[...]
Il semble que le soir même Huon ait voulu rentrer avec Chollet ; mais, changeant d'idée tout-à-coup en arrivant à la porte 6, ils ont rejoint Charles, il n'a pas été possible de savoir où.
[...]
Il n'a pas été possible d'établir dans quelles circonstances exactes Huon s'est engagé dans les forces gaullistes, s'il l'a fait étant ivre et entraîné par des camarades, et en particulier Charles et Chollet le mercredi soir 9 décembre, ou s'il l'a fait le jeudi matin 10.
[...]
De toutes les dépositions des témoins, il ressort qu'aucun indice ne permet de supposer que Huon ait prémédité sa désertion.
[...]
Cependant il est à noter la visite inexpliquée de Charles et Chollet le mercredi 9 après-midi et la coïncidence de leur désertion à tous trois le soir même. »
__________
[1] « pom-pom » : canon anti-aérien léger Bofors 40 mm, ainsi surnommé par les Anglais à cause de son bruit caractéristique.
[2] En fait les FNFL affectèrent Guillaume Charles au patrouilleur auxiliaire Reine des Flots.
[3] Le quartier-maître fourrier Sac avait été incarcéré le 9 décembre pour « collusion avec le Comité de Gaulle »
[4] Comité national : comité gaulliste d'Alexandrie
Recherches complémentaires :
[Mise à jour : 9 novembre 2024]
Sources :
Documents :