Georges   CHOLLET

Date de naissance :

1 mars 1905

Lieu de naissance :

Paris 9e (75 ) France

Ralliement :

10 décembre 1942 - France combattante - Alexandrie 100 ( Egypte )

Matricules :

19BIZ37, 10339FN42

Affectations :

Commandant Dominé

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître mécanicien

16 avril 1937

Engagement : Marine nationale

16 avril 1937   à   1 avril 1939

Ecole des mécaniciens et chauffeurs (Toulon)

16 avril 1937

Apprenti mécanicien

1 avril 1939

Matelot de 2ème classe mécanicien

1 avril 1939   à   1 juin 1939

Courbet ( Cuirassé )

1 juin 1939   à   10 décembre 1942

Suffren ( Croiseur )

1 avril 1941

Quartier-maître de 2ème classe mécanicien

10 décembre 1942

Ralliement France combattante - Alexandrie 100 ( Egypte )

Commandant Dominé ( Aviso dragueur )

Le 16 avril 1937, Georges Chollet entra à l'Ecole des mécaniciens et chauffeur de Toulon comme apprenti mécanicien. Il en sortit le 1er avril 1939 comme matelot de 2ème classe mécanicien. Après un embarquement de deux mois sur le Courbet, il fut affecté à partir du 1er juin 1939 sur le croiseur Suffren, lorsque le bâtiment, qui appartenait alors à l'escadre de la Méditerranée, fut détaché au sein des Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO), où il prit part au début de la Deuxième Guerre mondiale. En mai 1940, le Suffren rallia l'Egypte. Georges Chollet était toujours à bord du bâtiment, lorsque la Force X, à laquelle appartenait désormais le croiseur, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940). Le 9 décembre 1942 - il était alors quartier-maître mécanicien de 2ème classe - il quittait son bâtiment pour rallier les FNFL. Il était porté officiellement déserteur à l'étranger en temps de guerre à dater du 11 décembre à 0 h.

Le 15 décembre 1942, dans son rapport au commandant du Suffren, l'ingénieur mécanicien de 1ère classe Molina, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Georges Chollet, écrivait, après avoir recueilli les dépositions de membres de l'équipage :

« Le Q/Maître Mécanicien Chollet a quitté le bord le 9 décembre 1942 à 14 h 00 par le service des permissionnaires et depuis cette date il n'a plus été revu à bord.
Son départ n'était pas préparé car il a laissé à bord son sac complet et ses affaires personnelles. Sa conduite des jours précédents et ses relations avec ses camarades confirment ce fait.
Il a été vu par le matelot mécanicien Dervaux Eugène portant l'insigne gaulliste. Il s'est enquis auprès de ce matelot du remboursement des dettes qu'il avait contractées auprès de ses camarades, lui a fait part de ses projets ; il n'a tenu aucun propos malveillant à l'égard de ses officiers ou de ses camarades. »

Les déclarations de certains témoins interrogés dans le cadre de l'enquête de police judiciaire permettent de préciser certains points.

Le maître mécanicien Jean Le Gall déclara notamment :

« Chollet était placé directement sous mes ordres. J'ai pu le juger comme un excellent travailleur, très obéissant, mais moyennement doué et de caractère faible. »

Comme on lui demandait si Chollet avait manifesté le désir de déserter, il précisa :

« Non, mais en juin 1941 il avait manifesté le regret de ne pouvoir rejoindre son frère en Syrie pour combattre avec lui. Depuis, il n'en n'a plus reparlé. »

A la question de savoir si Chollet était « très attaché à sa famille », le maître Le Gall confirma :

« Oui, car il écrivait régulièrement et en parlait souvent. Les derniers événements d'Afrique du Nord, où habite toute sa famille, en lui faisant craindre pour ses proches, avaient agi sur son moral. » [1]

Le matelot mécanicien Eugène Dervaux, à qui on demandait quant il avait vu Chollet pour la dernière fois, répondit :

« Le 12 décembre 1942 ver 17 heures au skating "Luna Park" à Ibrahimieh, habillé en marin gaulliste et il portait la croix de Lorraine, il est venu à moi et m'a demandé si Garric avait apporté l'argent à bord ; je lui ai répondu que oui, ensuite il m'a dit qu'il partait le 4 janvier pour l'Angleterre, où il allait embarquer sur un torpilleur américain [2] et que d'ici le 4 janvier il était en permission. Je lui ai demandé si le second maître Niobet était au centre d'accueil [3], il m'a répondu que oui, qu'il l'avait vu. »

L'allusion à l'argent apporté à bord est éclairée par le témoignage du quartier-maître mécanicien Roger Garric. Interrogé sur les dettes qu'aurait eues Georges Chollet envers des camarades, il répondit :

« Oui, je savais que Lancelot lui avait prêté de l'argent. Vendredi, comme je descendais à terre, Lancelot m'a dit : "Tu trouveras de l'argent à la maison, que Chollet a dû envoyer." Effectivement, la propriétaire m'a remis un papier avec cent-quatre-vingt-dix piastres et que j'ai apportées et distribuées." »

Ce papier, daté du 10 décembre à Alexandrie, était ainsi libellé :

« Cher Copain,
Je te joinds [sic] la somme de cent quatre vingt dix piastres que je dois à certains camarades du bord :
L'Huiller...................:        50 P.T
Lancelot...................:      100 P.T
Jacopin.....................:        20 P.T
Reynald....................:        20 P.T
Excuse moi de ne pouvoir te rencontrer demain, peut être te rencontrerais-je [sic] un jour en ville.
Cordiale poignée de main.
Chollet.»

La désertion de Georges Chollet semble enfin liée à celles de deux autres marins du Suffren : le quartier-maître de manoeuvre Jules Huon et le quartier-maître de 2ème classe canonnier Guillaume Charles. En effet Le 17 décembre 1942, dans son rapport au commandant du Suffren, l'enseigne de vaissseau de 1ère classe Derlot, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Jules Huon, écrivait :

« Il [Jules Huon] emportait dans une petite valise son équipement de football, des chiffons et du savon et devait occuper son après-midi [du 9 décembre] au nettoyage de l'appartement qu'il occupait avec des camarades, 20, rue de l'Ecole suisse au Camp de César.
[...]
En arrivant chez lui, vers 14 heures, il nettoie son appartement et se met à boire. Dans l'après-midi, il voit, outre ses camarades colocataires, deux quartiers-maîtres du Suffren, Charles et Chollet, déserteurs ce même jour 9 décembre. Huon avait l'habitude de sortir avec Chollet, mais il n'a pas été possible d'établir la raison de la visite de ces deux hommes, s'il y a un rapport entre elle et la triple désertion du soir, et s'ils avaient ou non rendez-vous avec Huon dans cet appartement.
[...]
Il semble que le soir même Huon ait voulu rentrer avec Chollet ; mais, changeant d'idée tout-à-coup en arrivant à la porte 6, ils ont rejoint Charles, il n'a pas été possible de savoir où.
[...]
Il n'a pas été possible d'établir dans quelles circonstances exactes Huon s'est engagé dans les forces gaullistes, s'il l'a fait étant ivre et entraîné par des camarades, et en particulier Charles et Chollet le mercredi soir 9 décembre, ou s'il l'a fait le jeudi matin 10.
[...]
De toutes les dépositions des témoins, il ressort qu'aucun indice ne permet de supposer que Huon ait prémédité sa désertion.
[...]
Cependant il est à noter la visite inexpliquée de Charles et Chollet le mercredi 9 après-midi et la coïncidence de leur désertion à tous trois le soir même. »
___________
[1] Les Américains et les Anglais avaient débarqué au Maroc et en Algérie le 8 novembre 1942 (opération Torch). Les parents de Georges Chollet étaient domiciliés à Sfax, en Tunisie, qui n'avait pas été concernée par l'opération Torch mais où se déroulaient depuis le 17 novembre des combats opposant les forces de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste aux armées alliées.
[2] En fait, les FNFL affectèrent Georges Chollet à l'aviso dragueur Commandant Dominé, qui était dès l'origine un navire français.

[3] Le second maître de 2ème classe mécanicien Albert Niobet n'avait en effet pas rallié le Suffren la veille, 11 décembre, au soir et avait donc rejoint le centre d'accueil de la France combattante à Alexandrie.


Informations complémentaires :

  • Sur le Commandant Dominé : Hervé CRAS, Xavier MANGIN D'OUINCE, Philippe MASSON, Les Bâtiments de Surface des FNFL, Service Historique de la Marine nationale, 1968, pp. 135-149


[Mise à jour : 12 novembre 2024)

Sources :

  • SHD Vincennes, TTE 50, TTE 55
  • GR 16 P 129173 [non consulté]
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net