Jules, Marie, Yves, Alexandre   HUON

Date de naissance :

19 février 1920

Lieu de naissance :

La Forêt-Fouesnant (29 ) France

date de décès :

22 octobre 2003

Lieu de décès :

La Forêt-Fouesnant (29) France

Ralliement :

9 décembre 1942 - France combattante - Alexandrie 100 ( Egypte )

Matricules :

1266B37,103338FN42

Affectations :

Marine au Levant, Notre Dame d'Etel, Palmyre

Grade atteint pendant la guerre :

Matelot gabier

N° membre AFL :

37.946

28 avril 1937

Engagement : Marine nationale pour cinq ans

28 avril 1937

Matelot sans spécialité

28 avril 1937   à   15 mai 1937

2ème Dépôt (Brest)

15 mai 1937   à   1 janvier 1938

Armorique ( Navire école )

1 janvier 1938

Matelot de 2ème classe gabier

1 janvier 1938   à   26 janvier 1938

2ème Dépôt (Brest)

26 janvier 1938   à   24 février 1939

Provence ( Cuirassé )

24 février 1939   à   27 mars 1939

2ème Dépôt (Brest)

27 mars 1939   à   15 août 1939

Lamotte-Picquet ( Croiseur )

15 août 1939   à   1 septembre 1939

Savorgnan de Brazza ( Aviso colonial )

1 septembre 1939   à   12 septembre 1939

Tahure ( Aviso )

12 septembre 1939   à   10 décembre 1942

Suffren ( Croiseur )

1 janvier 1941

Quartier-maître de 2ème classe gabier

9 décembre 1942

Ralliement France combattante - Alexandrie 100 ( Egypte )

9 décembre 1942   à   1 janvier 1943

Mission Alexandrie

1 janvier 1943   à   28 janvier 1943

FNFL secteur Egypte

28 janvier 1943   à   20 septembre 1943

Marine au Levant

Notre-Dame d'Etel ( Patrouilleur auxiliaire )

Palmyre ( Harbour Defense Motor Launch (HDML) )

Engagé volontaire pour cinq ans le 28 avril 1937, Jules Huon fur d'abord affecté au navire école Armorique à Brest. Breveté gabier le 1er janvier 1938, il embarqua ensuite sur le cuirassé Provence, avant d'être envoyé en Extrême-Orient sur le Lamotte-Picquet, le Savorgnan de Brazza, le Tahure puis le Suffren. Il était toujours à bord du bâtiment, lorsque la Force X, à laquelle appartenait alors le croiseur, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940). Le 9 décembre 1942, Jules Huon ne regagnait pas son bord et rejoignait la France libre à Alexandrie. Il était porté déserteur le 10.

Le 17 décembre 1942, dans son rapport au commandant du Suffren, l'enseigne de vaisseau de 1ère classe Derlot, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Jules Huon, écrivait, après avoir recueilli les dépositions de membres de l'équipage :

« Primo : Le quartier-maître de manoeuvre Huon Jules, Marie, Yves, Alexandre, matricule 1265.B.37, ayant régulièrement quitté le bord comme permissionnaire le mercredi 9 décembre 1942 à 12 h 30 et devant rentrer le soir même à 21 h 30, n'a plus reparu à bord. Il est donc considéré comme déserteur à l'étranger à compter du 11 décembre à 0 h 00.
Secundo : Ce quartier-maître a décidé de quitter le bord dans des conditions d'esprit normales, semble-t-il. Il emportait dans une petite valise son équipement de football, des chiffons et du savon et devait occuper son après-midi au nettoyage de l'appartement qu'il occupait avec des camarades, 20, rue de l'Ecole suisse au Camp de César. Il a laissé à bord tout son sac, sa correspondance, ses photographies, les achats qu'il avait faits pour sa femme, y compris une alliance.
Cependant, avant de partir, il a déclaré avoir l'intention de s'enivrer. Effectivement, en arrivant chez lui, vers 14 heures, il nettoie son appartement et se met à boire. Dans l'après-midi, il voit, outre ses camarades colocataires, deux quartiers-maîtres du Suffren, Charles et Chollet, déserteurs ce même jour 9 décembre. Huon avait l'habitude de sortir avec Chollet, mais il n'a pas été possible d'établir la raison de la visite de ces deux hommes, s'il y a un rapport entre elle et la triple désertion du soir, et s'ils avaient ou non rendez-vous avec Huon dans cet appartement. De toute la journée il n'a pas été question de politique ou de désertion. Charles et Chollet sont repartis à seize heures. Ce n'est que le soir, vers 19 h 30, que Huon, ivre, a décidé de "s'amuser" et de découcher. Il a brusquement quitté ses camarades, qui l'ont retrouvé plus tard, vers 21 heures, sur le boulevard Sand Zaghloul, au moment où il entrait au "Brésilien Store". Ceux-ci (Lemoy, Allo, Lalès) ont essayé de l'entraîner avec eux. Huon était en conversation avec un civil, avec qui il avait probablement rendez-vous, puisque Lalès a surpris entre eux ces paroles : "demain soir, 6 heures". A ce moment, Huon était en uniforme et ses camarades n'ont pas songé à la possibilité d'une désertion mais à une "bordée" d'homme ivre.
De plus, il semble que le soir même Huon ait voulu rentrer avec Chollet ; mais, changeant d'idée tout-à-coup en arrivant à la porte 6, ils ont rejoint Charles, il n'a pas été possible de savoir où.
Tertio : Huon a été revu le lendemain 10, puis le 11 et le 13, dans différents établissements de la ville, en tenue gaulliste, et toujours en compagnie d'autres déserteurs. Il semblait regretter sa désertion, et ses anciens camarades du bord l'ont même amené à pleurer. Il ne cessait de répéter qu'il était trop tard pour rentrer ; c'était la deuxième fois qu'il commettait la même faute (il a avoué en effet à Hulin que le 2 septembre 1941, lorsqu'il était rentré à bord avec 24 heures de retard, il s'était engagé une première fois dans les forces gaullistes). Il paraissait redouter de na pas être repris à bord ; et, s'il était repris, il n'avait pas le courage d'affronter les punitions qu'il savait devoir encourir.
D'après les dépositions d'un témoin, il aurait voulu se suicider le vendredi soir 11. Cependant, le dimanche 13 il essayait d'entraîner le quartier-maître de manoeuvre Pont, sans grand enthousiasme il est vrai, dans sa désertion.
Quarto : Il n'a pas été possible d'établir dans quelles circonstances exactes Huon s'est engagé dans les forces gaullistes, s'il l'a fait étant ivre et entraîné par des camarades, et en particulier Charles et Chollet le mercredi soir 9 décembre ou s'il l'a fait le jeudi matin 10, à jeûn, poussé par des camarades et sous l'empire de la crainte des punitions qu'aurait entraînées son retard déjà considérable.
Quinto : De toutes les dépositions des témoins, il ressort qu'aucun indice ne permet de supposer que Huon ait prémédité sa désertion. Bien au contraire, il faisait des projets d'avenir : proches pour les fêtes de Noël, lointains pour son retour en France ; et il n'a rien emporté.
Cependant il est à noter la visite inexpliquée de Charles et Chollet le mercredi 9 après-midi et la coïncidence de leur désertion à tous trois le soir même ; et le rendez-vous inexpliqué de Huon et du civil le mercredi soir au "Brésilien Store".
Sixièmement : Huon avait en caisse d'épargne, au jour de sa désertion, la somme de vingt-six francs, trente centimes. »


Après son ralliement à la France combattante, Jules Huon servit essentiellement au Levant.


Recherches complémentaires :

  • Dates des embarquements FNFL après septembre 1943.


Informations complémentaires :

  • Sur le Notre-Dame d'Etel : RAMINE, L'odyssée de Notre-Dame-d'Etel, une goélette France-Libre, Edité par Ramine, janvier 2021


[Mise à jour : 2 mars 2023]

Sources :

  • SHD Vincennes, TTE 55
  • Archives FdFL (AFL 37.946)
  • GR 16 P 299390 [non consulté]
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net