Date de naissance :
24 février 1920
Lieu de naissance :
Preignac (33 ) France
date de décès :
12 mai 1977
Lieu de décès :
Gradignan (33) France
Engagement dans les FNFL :
5 décembre 1942 - Alexandrie 100 ( Egypte )
Matricules :
242R37, 10329FN42
Affectations :
Commandant Dominé
Grade atteint pendant la guerre :
Second maître fourrier
Engagement : Marine nationale pour cinq ans
sans spécialité
Matelot de 2ème classe fourrier
Quartier-maître de 2ème classe fourrier
Quartier-maître de 1ère classe fourrier
Rengagement Marine nationale pour trois ans
Engagement : FNFL - Alexandrie 100 ( Egypte ) (date rétroactive)
Engagé volontaire le 29 avril 1937, le matelot de 2ème classe sans spécialité Pierre Sac suivit une formation à l'Ecole des fourriers du 22 mai au 31 décembre 1937. Il fut ensuite affecté au centre de la 5ème Escadrille de sous-marins, puis, à partir du 9 juin 1939, au croiseur Suffren. Le bâtiment, qui appartenait alors à l'escadre de la Méditerranée, fut peu après détaché au sein des Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO), où il prit part au début de la Deuxième Guerre mondiale. En mai 1940, le Suffren rallia l'Egypte. Pierre Sac était toujours à bord du bâtiment, lorsque la Force X, à laquelle appartenait désormais le croiseur, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940). Le 23 mars 1943 - il était alors quartier-maître de 1ère classe fourrier - Pierre Sac quittait son bâtiment comme permissionnaire et ne rentrait pas par l'embarcation de 21 h 30. Il était porté officiellement déserteur à l'étranger en temps de guerre à dater du 11 décembre à 0 h. Mais ce n'était pas sa première tentative.
Le 28 mars 1943, dans son rapport au commandant du Suffren, le lieutenant de vaisseau de Narbonne, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Pierre Sac, écrivait :
« Le mardi 23 mars, Sac, qui venait d'être déconsigné, est descendu à terre et, après avoir bu une consommation dans un café en compagnie des seconds maîtres Feira, Fily et Suzzoni, dont il refusa l'invitation à dîner pour le soir, et du quartier-maître fourrier Le Guillou, avec lequel il alla ensuite passer un moment dans une famille amie où il louait une chambre, Sac, toujours accompagné de Le Guillou, s'en fut au Foyer Pétain, place Sainte-Catherine ; au bout d'un certain temps, Le Guillou le laissa pour rentrer à bord et Sac, à son tour, quitta le Foyer Pétain. Le soir, Sac ne rentrait pas à bord et, par la suite, fut porté déserteur.
L'inventaire de son caisson, en faisant apparaître la disparition de presque tout son courrier et de ses papiers personnels, établit la préméditation de cette désertion, que ma fonction d'officier fusilier du bord et de capitaine de compagnie de Sac me faisait craindre.
En effet, une première fois, le 12 octobre 1940, Sac, gagné momentanément par la propagande gaulliste, faillit déserter, mais, après une absence de 48 heures, il revint à bord grâce à l'influence qu'avait sur lui Monsieur Latière, un ami de sa famille, qui était alors économe du lycée français d'Alexandrie et qu'un de ses camarades avait pu prévenir à temps. A la suite de cette désertion manquée, Sac avait semblé être définitivement revenu à de bons sentiments, mais, par la suite, certains renseignements qui me parvinrent commencèrent à ébranler ma confiance en ce quartier-maître. Puis ces soupçons prirent consistance, lorsque, le 8 décembre 1942, je fus informé par une voie détournée que Sac venait de signer son engagement chez les gaullistes et qu'il voulait déserter le lendemain. Je vous en rendis compte aussitôt et, comme je le pensais, Sac, que vous interrogeâtes, reconnut les faits dont je le soupçonnais, vous avouant même qu'il voulait déserter nullement par envie de se battre, mais par besoin de changement et dans l'espoir de se faire une situation meilleure.
A la suite de cette tentative de récidive, Sac fut puni de prison et consigné jusqu'au 21 janvier. Quand il fut de nouveau déconsigné, il alla une fois à terre, mais j'avais chargé un de mes quartiers-maîtres de veiller sur lui, et Sac rentra à bord le soir.
De nouveau consigné en application d'un ordre de l'Amiral, Sac tenta de se faire oublier, mais, hypocrite et dissimulateur, craignant de plus des représailles de la part des gaullistes, chez qui il avait signé, Sac a fini par déserter en profitant d'une mesure d'indulgence dont il n'était pas digne.
Tout récemment, Sac, rencontrant en ville des marins du Tourville, leur a déclaré qu'il n'avait pas déserté plus tôt, pour pouvoir communiquer à l'officine de désertion gaulliste, dirigée par le sieur Ladune, les comptes de Caisse d'épargne de l'équipage du Suffren.
Son livret de Caisse d'épargne présente actuellement un solde créditeur de 1963 fr. 50. »
Bien que Pierre Sac n'ait réussi à rejoindre les rangs de la France combattante que le 23 mars 1943, il fut considéré comme membre des FNFL à compter du 5 décembre 1942, date de la signature de son engagement, qui n'avait pu se concrétiser en raison de son emprisonnement le 9 décembre après la découverte de son projet de désertion..
Le nom de Pierre Sac apparaît dans un autre cas de désertion. Le 2 septembre 1941, il avait été amené à déposer au sujet de la désertion, le 30 août, du second maître fusilier Gustave Penlaë. Dans l'embarcation des permissionnaires, ce dernier lui avait révélé sa décision :
« Je pars chez de Gaulle, me dit-il. Depuis un mois je suis en pourparlers avec Alby [1] et maintenant, ayant mûrement réfléchi, j'ai pris la décision de partir. »
Pierre Sac aurait alors « tenté de retenir Penlaë en lui rappelant ses devoirs de bon Français, de [illisible], ses devoirs envers sa famille, sa mère, mais ce fut en vain. »
Le commissaire Queruel et Pierre Sac, auraient vu le lendemain Penlaë et tenté à nouveau, sans plus de succès, de le faire revenir à bord.
Cet épisode étant intervenu un an après la première tentative de désertion de Pierre Sac le 12 octobre 1940, qui avait révélé ses sympathies gaullistes, on ne peut exclure que la version qu'il a donnée de son attitude envers à Penlaë ait été dictée par la prudence.
Après son engagement dans les FNFL, Pierre Sac fut affecté à l'aviso dragueur Commandant Dominé.
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[1] Responsable du recrutement pour la France libre à Alexandrie.
[Mise à jour : 23 mars 2024]
Sources :
Documents :