Fernand   LE SAUX

Date de naissance :

22 juin 1903

Lieu de naissance :

Plounez (Paimpol) (22 ) France

Engagement dans les FNFL :

16 juillet 1940 - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

Paimpol 51564

Affectations :

Celte, PLM 22, Dorine, Névada, Touareg, Châteauroux, Pessac

Grade atteint pendant la guerre :

Capitaine marine marchande

N° membre AFL :

3.567

octobre 1938   à   31 octobre 1940

Celte ( Chalutier )

16 juillet 1940

Engagement : FNFL - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

31 octobre 1940   à   14 février 1941

Celte ( Chalutier )

19 février 1941   à   27 juin 1941

PLM 22 ( Cargo )

11 septembre 1941   à   21 mars 1942

Dorine ( Cargo )

26 juin 1942   à   27 septembre 1942

Névada II ( Cargo )

15 octobre 1942   à   12 juin 1944

Touareg ( Paquebot )

15 juin 1944   à   4 août 1944

Châteauroux ( Cargo )

25 décembre 1944   à   6 avril 1945

Pessac ( Caboteur )

Selon les indications fournies dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre, le capitaine de la marine marchande Fernand Le Saux devait être à bord du Celte depuis 1938, lorsque ce chalutier, qui servait au transport vers la métropole du poisson pêché dans les parages de Terre-Neuve, fut arraisonné le 31 octobre 1940 par une unité de la Royal Navy et dirigé sur Greenock, où il arriva le 5 novembre. Saisi par les autorités britanniques, il navigua ensuite pour le Ministry of War Transport, en gérance à l'armement Ellerman Wilson Line.

Selon ce même document, Fernand Le Saux aurait rejoint les FNFL le 16 juillet 1940, ce qui semble difficilement compatible avec la chronologie précédente et demanderait donc à être vérifié et expliqué.

Après avoir débarqué du Celte en février 1941, Fernand Le Saux embarqua sur le PLM 22 le 19 février 1941. Il était 2ème capitaine à bord de ce cargo, lorsqu'il fut torpillé le 27 juin 1941 au sud-ouest-ouest des Canaries, et a rédigé le 5 juillet 1941 un rapport sur la perte du bâtiment :

« Je soussigné Le Saux Fernand, deuxième capitaine du vapeur P.L.M. 22,
[...]
Déclare avoir quitté la rade de Freetown le 19 juin, ayant à bord un complet chargement de minerai de fer, soit 2.650 tonnes chargées à Papel, destination Angleterre.-
Le navire est appareillé en convoi à 14 h. 00, toutes dispositions prises pour une traversée moyenne de 20 à 25 jours : cales bien condamnées, engins de sauvetage en parfait état, le tout dans de très bonnes conditions de navigabilité.-
Du 19 au 25 juin, aucun événement particulier à signaler, navigation normale en convoi.-
Le 26 juin, position approchée vers 23 h. 00 26N 22W. Je suis couché, lorsque je me trouve projeté hors de ma couchette par une violente explosion, qui m'a paru être à la cale N° 2, partie arrière et du côté tribord. Le navire venait de recevoir une torpille. Immédiatement je sors sur le bridge, le temps est clair ; j'aperçois le pont avant déjà recouvert d'eau, le panneau II s'est défoncé, le coffre avant est rempli d'eau, le navire pique du nez, la cloison de la cale I a dû céder, l'eau a inondé toute la partie avant, le gaillard disparaît à son tour.-
Devant ceci, je cours rapidement sur l'arrière et réussis péniblement à monter l'échelle de dunette. A mon passage à la cale III, ce panneau se défonce à son tour par la pression intérieure de l'eau, la cloison du II au III ayant dû céder à son tour. Le pont arrière est à son tour submergé, le navire, autant que je puis m'en rendre compte, prend de seconde en seconde un apiquage de plus en plus fort.-
Durant ce trajet et ce temps, je suis devancé par le Maître d'hôtel Treguer, qui logeait également au milieu et a pu s'échapper. Je lui ordonnai, voyant que le navire allait bientôt disparaître sous les flots, de se jeter à la mer, il m'obéit et, à mon tour, me trouvant à proximité d'un radeau, je larguai celui-ci, avant de m'y précipiter. Ayant plongé et nagé environ dix mètres, lorsque je me suis ressaisi, le navire avait complètement disparu sous les flots.-
Autant que je puis m'en souvenir, tout ceci s'est passé en moins de 20 secondes.-
Par la suite, j'ai regagné le radeau et ai aussitôt fait appel pour reconnaître les survivants et leur indiquer la présence de celui-ci. Je me suis dirigé tant bien que mal vers ceux qui me paraissaient les plus affaiblis : j'ai recueilli les matelots Gallini[1], Hilary, Bigot [2].-
Vers minuit, la corvette Armeria faisant partie de l'escorte du convoi est venue nous recueillir, nous nous sommes retrouvés 12 rescapés à son bord.-
Le matelot Hardouin, un des survivants, est décédé à bord de ce navire par suite de graves blessures reçues en se sauvant. Il a été immergé le 28 à midi.-
Le 30 juin, nous sommes transbordés sur la corvette Asphodel et arrivons à Freetown le 4 juillet.- »


Fernand Le Saux était également second à bord du Névada II au moment de son naufrage le 19 juillet 1942 : alors que le cargo, qui n'avait pas de radar, longeait les côtes occidentales de l'Ecosse, il fut surpris par une brume épaisse et s'échoua près de l'île de Coll (île des Hébrides). Yves Le Person, second officier mécanicien de quart à la machine au moment du naufrage, raconte la suite :


« Le commandant et le second [Fernand Le Saux] organisent les manoeuvres nécessaires à la survie de l'équipage. Un va-et-vient, enfin, est installé entre la falaise et le bord, ce qui mettra hors service les embarcations de sauvetage qui se fracasseront sur le granit des îles Hébrides (nous sommes précisément sur l'île de Coll). Tout le côté tribord reçoit le vent d'ouest et du nord. Le pont est balayé par les vagues. Le navire accuse une très forte gîte (seul le côté bâbord est accessible). La température est glaciale.
Des matelots acrobates partent inspecter les alentours à la recherche d'une maison, d'une ferme, sur cette terre sans arbres, inhospitalière, balayée par les vents d'ouest. Enfin une petite ferme est en vue. Quelques moutons, quelques vaches gardées par des chiens Colley. Les fermiers se demandent d'où arrivent ces hommes. »

Contre de la bière, du whisky et des cigarettes récupérés dans la cambuse et autre chose encore, les marins obtinrent du fermier du lait et de l'eau. Les échanges se faisaient par va-et-vient. Les naufragés capturaient des lapins sur l'île. Ils vivaient à bord du Névada II dans des conditions très difficiles. Affamés, ils abandonnèrent le navire au bout d'une semaine et, dans le froid et le vent, avec des bagages à main, gagnèrent à travers champs et par les sentiers la côte abritée, où les attendait une vedette desservant les îles et venue spécialement récupérer les naufragés pour les conduire à Oban.

Par décret du 2 octobre 1946 du Président du Gouvernement provisoire de la République, sur le rapport du ministre des travaux publics et des transports, Fernand Le Saux a été nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime, avec la citation suivante :

« Le Saux (Fernand) (Paimpol 51564), capitaine de la marine marchande : après avoir été second capitaine sur des caboteurs le long des côtes anglaises, a commandé une drague en Afrique occidentale française. »
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[1] En fait Louis Gallène

[2] En fait Jean Louis Bégot


Informations complémentaires :

  • Sur la perte du PLM 22 :
    • Mequin Adrien Henri Auguste
    • Capitaine de vaisseau (h) Pierre SANTARELLI, Historique des Forces navales françaises libres, t. 4, pp. 155-156

Décorations, distinctions :

  • Chevalier de l'Ordre du Mérite maritime

Sources :

  • AM Saint-Malo, 138 S 1, Fonds AVAFL : rapport de Fernand Le Saux
  • Archives FdFL (AFL 3.567)
  • Marc SAIBÈNE, Jean-Yves BROUARD, Guy MERCIER, La Marine marchande française 1940-1942, Marines Edition, décembre 1998, pp. 194-195 : témoignage d'Yves Le Person
  • Journal officiel de la République française, 4 octobre 1946
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net