Paul, Ange, Marie   LE GALLIC

Date de naissance :

11 juillet 1920

Lieu de naissance :

Auray (56 ) France

date de décès :

30 août 2005

Lieu de décès :

Colpo (56) France

Ralliement :

23 septembre 1941 - France libre - Alexandrie 100 ( Egpte )

Matricules :

467L38, 10014FN41

Affectations :

Base Suez, Titan, 1er BFM, Tunisien

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître fusilier

N° membre AFL :

8.203

11 avril 1938

Engagement : Marine nationale

11 avril 1938

Matelot de 2ème classe sans spécialité

11 avril 1938   à   6 mai 1938

3ème Dépôt (Lorient)

6 mai 1938   à   1 avril 1939

Ecole des fusiliers

1 janvier 1939

Matelot de 2ème classe fusilier

1 avril 1939   à   5 juin 1939

5ème Dépôt (Toulon)

5 juin 1939

Suffren ( Croiseur auxiliaire )

23 septembre 1941

Ralliement France libre - Alexandrie 100 ( Egpte )

28 septembre 1941   à   15 octobre 1942

Marine Suez

17 octobre 1942   à   17 août 1943

1er BFM (1er Bataillon de fusiliers marins)

20 novembre 1943   à   février 1944

Escorteur X

février 1944   à   15 avril 1944

Tunisien ( Destroyer d'escorte )

Engagé dans la Marine nationale le 11 avril 1938, Paul Le Gallic suivit la formation de l'Ecole des fusiliers du 6 mai 1938 au 1er avril 1939. Le 5 juin 1939 il embarquait sur le croiseur Suffren. Le bâtiment, qui appartenait alors à l'escadre de la Méditerranée, fut détaché peu après au sein des Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO), où il prit part au début de la Deuxième Guerre mondiale. En mai 1940, le Suffren rallia l'Egypte. Paul Le Gallic était toujours à bord du bâtiment, lorsque la Force X, à laquelle appartenait désormais le croiseur, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940). Le 23 septembre 1941 il quittait le bord comme permissionnaire et ne rentrait pas le soir, car il avait décidé de rallier les FNFL. Il était porté officiellement déserteur le 25 septembre.

Le 6 octobre 1941, dans son rapport au commandant du Suffren, le lieutenant de vaisseau de Narbonne, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Paul Le Gallic et de deux autres marins, écrivait, après avoir recueilli les dépositions de membres de l'équipage :

« Le mardi 23 septembre les matelots fusiliers Le Gallic et Laventure et le matelot sans spécialité Le Calvez Eugène, permissionnaires de la journée, ne sont pas rentrés à bord et, par la suite, ont été portés déserteurs.
Les dépositions que j'ai recueillies au cours de mon enquête semblent prouver d'une façon nette que ces trois matelots se sont engagés dans les "Forces Françaises Libres".
Sur les circonstances mêmes de cette désertion, je n'ai pu avoir aucun détail intéressant.
Sur les motifs de la désertion , ma qualité de chef de service et de capitaine de compagnie de ces trois hommes me permet d'affirmer les points suivants :
Les matelots fusiliers Le Gallic et Laventure avaient de grosses sympathies pour le mouvement gaulliste car, tous deux Bretons ayant leurs familles en zone occupée, leurs sentiments germanophobes devaient être amplifiés par les nouvelles tendancieuses qu'ils lisaient dans les journaux égyptiens de langue française et peut-être aussi par celles qu'ils recevaient de chez eux.
A plusieurs reprises depuis près d'un an ils avaient été sur le point de déserter et n'étaient restés à bord que grâce aux paternelles remontrances que vous leur aviez faites quand je vous avais signalé leur état d'esprit et peut-être aussi pour tenir la parole d'honneur qu'ils avaient alors donnée, ainsi qu'à moi, de ne pas déserter.
Je soupçonnais Le Gallic de fréquenter parfois les centres gaullistes en ville et peut-être de faire la liaison entre eux et le bord. Il est possible que, se sentant soupçonné, Le Gallic se soit alors décidé à déserter.
Par ailleurs, ces deux matelots, étant de très mauvaise conduite, n'avaient aucun avenir dans la Marine et il est possible que l'espoir du grade supérieur chez les gaullistes ait grandement pesé dans leur décision.
[...]
Le Gallic doit 5 livres égyptiennes empruntées à différents camarades. »

La déclaration de témoin du quartier-maître timonier Germain Léon apportent quelques précisions sur la désertion des trois marins :

« Je pense qu'ils se sont engagés dans les Forces françaises libres car, au cours de la soirée du 23 septembre, je les ai aperçus dans un bar rue Zad Zagloul : "L'Anglo-American Bar" en face d'Orcès. Ils paraissaient tous les trois pris de boisson et j'ai entendu Laventure crier : "Vive de Gaulle". Sur le moment j'ai mis cette parole sur le compte de la boisson car, connaissant mal ces matelots, j'étais loin de supposer qu'ils allaient déserter. »

Le second témoin, le quartier-maître fusilier Rochecongar, déclara pour sa part :

« Le 28 septembre j'ai rencontré dans le courant de l'après-midi, boulevard Zad Zagloul, un déserteur du Duguay-Trouin que j'ai bien connu durant un séjour à la maison de repos de Zizinia. Il s'agit de l'ex-quartier-maître infirmier Kugener, lequel m'ayant arrêté pour me dire bonjour, me dit entre autre chose qu'il était actuellement en mission à Alexandrie et que mes ex-camarades Laventure, Le Gallic et Le Calvez, dont je m'étais enquis, s'étaient engagés dans les Forces françaises libres, où ils avaient été nommés tous les trois caporaux [?] et se trouvaient actuellement au Caire. »

Après son ralliement à la France libre, Paul Le Gallic fut affecté à Marine Suez puis au 1er BFM (1er Bataillon de fusiliers marins).

En novembre 1943 il fit partie du détachement Escorteur X qui fut envoyé aux Etats-Unis pour participer à l'armement du destroyer d'escorte qui était en construction à Wilmington pour la Marine française sous le nom provisoire de USS Crosley (DE-108). Le 11 février 1944, le bâtiment, renommé Tunisien, fut remis à la Marine française à Norfolk.

Le 18 mars 1944, le capitaine de corvette Burin des Roziers, commandant le Tunisien, écrivait au vice-amiral, chef de la Mission navale française aux Etats-Unis pour demander une récompense pour Paul Le Gallic :

« 1.- J'ai l'honneur de vous rendre compte que dans la soirée du 23 février, vers 20 H 30, le navire se trouvant amarré à quai à Philadelphie, deux hommes du Tunisien sont tombés à l'eau accidentellement entre le quai et le bâtiment à hauteur de la place 2.
2.- Malgré le froid glacial et l'obscurité, deux fusiliers qui se trouvaient sur le pont : Q/Mtre de 1ère cl. Le Gallic Paul, matricule 10014FN41, et Q/mtre de 2ème cl. Cariou Pierre, matricule 10895FN40 n'hésitèrent pas à se jeter à l'eau immédiatement et réussirent à sauver leurs deux camarades, dont l'un était sur le point de couler.
Ce plongeon représentait un réel danger du fait de la présence de poteaux-défenses flottant entre le navire et le quai.

3.- Si un tel geste est une réaction à laquelle on s'attend de la part de nos hommes, il n'en reste pas moins qu'il dénote un esprit de décision, de courage, de dévouement, que je vous demande de bien vouloir sanctionner par un témoignage officiel de satisfaction. »


Recherches complémentaires :

  • Embarquements entre août 1943 et novembre 1943.


Informations complémentaires :


[Mise à jour : 17 avril 2023]

Décorations, distinctions :

  • Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze
  • Croix de guerre théâtres d'opérations extérieures (TOE) avec étoile d'argent
  • Médaille militaire avec palme

Sources :

  • SHD Vincennes, TTE 50, TTE 55, TTY 741
  • Archives FdFL (AFL 8.203)
  • GR 16 P 354976 [non consulté]
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net