Date de naissance :
1 mai 1920
Lieu de naissance :
Plougoumelen (56 ) France
date de décès :
6 juillet 1985
Lieu de décès :
Hailsham (Sussex) (400) Grande-Bretagne
Ralliement :
23 septembre 1941 - France libre - Alexandrie 100 ( Egpte )
Matricules :
528L38, 10539FN41
Affectations :
Commandant Dominé, Commandos, Maison santé Beaconsfield
Grade atteint pendant la guerre :
Second maître fusilier
N° badge commando Kieffer :
139
N° membre AFL :
1.451
Engagement : Marine nationale pour cinq ans
Matelot de 2ème classe sans spécialité
Matelot de 2ème classe breveté élémentaire fusilier
Quartier-maître de 2ème classe fusilier
Ralliement France libre - Alexandrie 100 ( Egpte )
Second maître de 2ème classe fusilier
Renvoyé dans ses foyers avec une permission de 87 jours
Rayé des contrôles de l'activité
Engagé dans la Marine nationale le 4 mai 1938, Mathurin Laventure suivit la formation de l'Ecole des fusiliers du 20 mai 1938 au 1er janvier 1939. Le 31 mai 1939 il embarquait sur le croiseur Suffren. Le bâtiment, qui appartenait alors à l'escadre de la Méditerranée, fut détaché peu après au sein des Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO), où il prit part au début de la Deuxième Guerre mondiale. En mai 1940, le Suffren rallia l'Egypte. Mathurin Laventure était toujours à bord du bâtiment, lorsque la Force X, à laquelle appartenait désormais le croiseur, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940). Le 23 septembre 1941 il quittait le bord comme permissionnaire et ne rentrait pas le soir, car il avait décidé de rallier les FNFL. Il était porté officiellement déserteur le 25 septembre. [1]
Le 6 octobre 1941, dans son rapport au commandant du Suffren, le lieutenant de vaisseau de Narbonne, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Mathurin Laventure et de deux autres marins, écrivait, après avoir recueilli les dépositions de membres de l'équipage :
« Le mardi 23 septembre les matelots fusiliers Le Gallic et Laventure [2] et le matelot sans spécialité Le Calvez Eugène, permissionnaires de la journée, ne sont pas rentrés à bord et, par la suite, ont été portés déserteurs.
Les dépositions que j'ai recueillies au cours de mon enquête semblent prouver d'une façon nette que ces trois matelots se sont engagés dans les "Forces Françaises Libres".
Sur les circonstances mêmes de cette désertion, je n'ai pu avoir aucun détail intéressant.
Sur les motifs de la désertion , ma qualité de chef de service et de capitaine de compagnie de ces trois hommes me permet d'affirmer les points suivants :
Les matelots fusiliers Le Gallic et Laventure avaient de grosses sympathies pour le mouvement gaulliste car, tous deux Bretons ayant leurs familles en zone occupée, leurs sentiments germanophobes devaient être amplifiés par les nouvelles tendancieuses qu'ils lisaient dans les journaux égyptiens de langue française et peut-être aussi par celles qu'ils recevaient de chez eux.
A plusieurs reprises depuis près d'un an ils avaient été sur le point de déserter et n'étaient restés à bord que grâce aux paternelles remontrances que vous leur aviez faites quand je vous avais signalé leur état d'esprit et peut-être aussi pour tenir la parole d'honneur qu'ils avaient alors donnée, ainsi qu'à moi, de ne pas déserter.
Je soupçonnais Le Gallic de fréquenter parfois les centres gaullistes en ville et peut-être de faire la liaison entre eux et le bord. Il est possible que, se sentant soupçonné, Le Gallic se soit alors décidé à déserter.
Par ailleurs, ces deux matelots, étant de très mauvaise conduite, n'avaient aucun avenir dans la Marine et il est possible que l'espoir du grade supérieur chez les gaullistes ait grandement pesé dans leur décision.
[...]
Je dois ajouter que Laventure a déserté en devant 2 livres égyptiennes empruntées à différents camarades. »
La déclaration de témoin du quartier-maître timonier Germain Léon apportent quelques précisions sur la désertion des trois marins :
« Je pense qu'ils se sont engagés dans les Forces françaises libres car, au cours de la soirée du 23 septembre, je les ai aperçus dans un bar rue Zad Zagloul : "L'Anglo-American Bar" en face d'Orcès. Ils paraissaient tous les trois pris de boisson et j'ai entendu Laventure crier : "Vive de Gaulle". Sur le moment j'ai mis cette parole sur le compte de la boisson car, connaissant mal ces matelots, j'étais loin de supposer qu'ils allaient déserter. »
Le second témoin, le quartier-maître fusilier Rochecongar, déclara pour sa part :
« Le 28 septembre j'ai rencontré dans le courant de l'après-midi, boulevard Zad Zagloul, un déserteur du Duguay-Trouin que j'ai bien connu durant un séjour à la maison de repos de Zizinia. Il s'agit de l'ex-quartier-maître infirmier Kugener, lequel m'ayant arrêté pour me dire bonjour, me dit entre autre chose qu'il était actuellement en mission à Alexandrie et que mes ex-camarades Laventure, Le Gallic et Le Calvez, dont je m'étais enquis, s'étaient engagés dans les Forces françaises libres, où ils avaient été nommés tous les trois caporaux [?] et se trouvaient actuellement au Caire. »
Après son ralliement à la France libre, Mathurin Laventure connut plusieurs affectations, avant de rejoindre le 1er BFMC (1er Bataillon de fusiliers marins commandos) le 1er janvier 1944. Le 6 juin 1944, il participa au débarquement sur la plage de Colleville-sur-Orne. Blessé aux jambes et au bras gauche, il fut évacué dans la journée sur le centre médical de Londres, où il resta jusqu'au 31 juillet. Il fut ensuite envoyé à la maison de santé de Beaconsfield jusqu'au 16 septembre 1944, au Botley's War Hospital du 16 septembre 1944 au 26 mars 1945, puis à nouveau au centre médical de Beaconsfield jusqu'au 30 mars 1945. [2]
Son action du 6 juin lui valut la citation suivante :
« A montré un élan magnifique au moment de l'attaque du 6 juin 1944 et a fortement aidé à la réussite de la mission qui avait été confiée à sa section. Bel exemple de courage. »
__________
[1] L'état signalétique et des services de Mathurin Laventure donne des informations contradictoires sur la date de son ralliement à la France libre : 23 août 1941 dans le tableau de ses embarquements, mais 23 septembre dans des annotations portées sur le même document. La date du 23 septembre semble la plus plausible au vu du dossier de déserteur conservé au SHD de Vincennes. C'est d'ailleurs la date indiquée par Mathurin Laventure lui-même dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre et par son compagnon d'évasion Paul Le Gallic. Le Mémorial, quant à lui, date le ralliement de Mathurin Laventure du 1er juin 1941. Il s'agit vraisemblablement d'une erreur ou d'une date rétroactive.
[2] Selon son état signalétique et des services, Mathurin Laventure n'était plus matelot mais quartier maître de 2ème classe depuis le 1er juillet 1941.
[3] Ce parcours, détaillé dans une annotation de l'état signalétique et des services de Mahurin Laventure, est moins précis dans le tableau des embarquements fourni par ce même document, qui recense les affectations d'un point de vue administratif.
Décorations, distinctions :
Sources :
Documents :