Joseph, Jean   GUERLAVAIS

Date de naissance :

10 octobre 1921

Lieu de naissance :

Pleurtuit (35 ) France

date de décès :

5 janvier 2019

Lieu de décès :

Saint-Malo (35) France

Engagement dans les FNFL :

17 avril 1941 - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

5363FN41, 263CAS41

Affectations :

Aconit

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître radio

N° membre AFL :

3.718

Photo de profil de GUERLAVAIS
> avril 1940   à   mars 1941

Les Gémeaux ( Terre-neuvier )

17 avril 1941

Engagement : FNFL - Londres 400 ( Grande-Bretagne ) (autre date d'engagement possible : 15 avril 1941)

mai 1941   à   avril 1942

HMS Royal Arthur (Skegness)

17 avril 1942   à   1946

Aconit ( Corvette )

Joseph Guerlavais a raconté les circonstances dans lesquelles il a rallié la France libre, alors qu'il était à bord du terre-neuvier malouin Les Gémeaux (SM 53) :

« Début avril 1940 [1] le trois-mâts à moteur Les Gémeaux, armement Fromal, de Saint-Malo, appareille de Bordeaux pour se rendre sur les bancs de Terre-Neuve. L'équipage comprend 42 hommes, tous de Saint-Malo ou des communes environnantes. Le capitaine est de Notre-Dame-du-Guildo, le chef mécanicien Devarieux Roger de Saint-Malo. Le second mécanicien Castel Henri de Cancale, Lessard [2] Jean-Baptiste du Guildo, Le Chevalier Alfred père et fils de Saint-Guinoux, Guerlavais Joseph de Pleurtuit, etc. Arrivés sur les bancs, nous pêchons quelques quintaux de morue, puis le capitaine décide de se rendre au Canada, plus exactement à Sydney-Nord, pour y prendre quelques barils de harengs, pour aller ensuite pêcher au Groënland.
Arrivés à Sydney le 16 juin 1940, les nouvelles sont mauvaises. La France capitule quelques jours après. Nous sommes retenus par les autorités canadiennes, comme bien d'autres navires français se trouvant dans ce port. Nous y restons jusqu'en décembre 1940.
A cette date, nous appareillons à destination de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ayant touché l'avant-port de Saint-Pierre, nous recevons un pli cacheté et reprenons la mer aussitôt. 48 heures après, l'équipage est regroupé sur la plage arrière du navire. Le commandant ouvre le pli et nous annonce que les ordres sont de se rendre à Casablanca. Aussitôt nous faisons route sur ce port.
Une huitaine de jours après, nous sommes arraisonnés par un croiseur auxiliaire anglais, qui nous donne l'ordre de nous rendre à Gibraltar (non sans avoir envoyé une équipe de prise à bord) [3]. Quelque huit jours après, nous arrivons dans ce port anglais. Les volontaires (19) pour "de Gaulle" sont munis d'un laisser-passer et peuvent se rendre en ville. Quant aux autres camarades, ils doivent rester à bord.
Cela ne dure qu'une dizaine de jours, car un paquebot français venant de Casablanca et portant plusieurs croix rouges en différents endroits du navire accoste à quai et prend tous ceux qui préfèrent rentrer en France et les conduit à Marseille. Quant à nous, les volontaires pour continuer la guerre, nous sommes répartis sur les bateaux saisis, afin d'en assurer le gardiennage. Et cela dure jusqu'en mars 1941. A cette date, nous sommes débarqués et regroupés à terre avec les volontaires de l'armée de Terre.
Quelque temps après, nous embarquons sur un paquebot anglais à destination de l'Angleterre, puis nous quittons ce navire à Liverpool début avril 1941.
Le 15 avril nous sommes à Londres, où nous signons (pour la troisième fois), et cette fois ce sera la bonne, notre engagement dans les Forces navales françaises libres. C'est à partir de cette date que nous sommes séparés des plus anciens, tel Le Chevalier Alfred (père) et autres camarades, lesquels sont dirigés vers la marine marchande. Quant à Lessard Jean-Baptiste, Le Chevalier Alfred (fils) et moi-même, nous nous rendons à Skegness (Lincolnshire), sud de l'Angleterre, dans un camp d'entraînement pour y effectuer deux mois de préparation militaire.
A la fin de ces deux mois, vers le 20 juin 1941, nous devons choisir une spécialité. Lessard Jean-Baptiste et Le Chevalier Alfred quittent Skegness et vont faire un stage de trois mois pour être brevetés matelots chauffeurs. C'est à partir de cette date que nous sommes séparés. En ce qui me concerne, je reste à Skegness pour six mois de plus, ayant choisi la spécialité de télégraphiste.
Le 8 février 1942 j'apprends le torpillage de la corvette Alysse et la mort de mes deux jeunes et valeureux camarades. Quant à moi, j'embarque sur la corvette Aconit le 15 avril 1942 à Greenock (Ecosse) et à partir de ce moment participe aux escortes de convois en Atlantique Nord jusqu'en mai 1944, puis au débarquement en Normandie, toujours sur l'Aconit, le 6 juin 1944 et je quitterai ce bâtiment définitivement à Brest en juillet 1946.
Quant à mon camarade Devarieux Roger, je le retrouve sur la corvette Mimosa en avril 1942, où il sert comme chef mécanicien. Avec l'Aconit nous participons à la même escorte de convoi que la Mimosa, lorsque cette dernière est torpillée en plein  Atlantique. Malheureusement il n'y aura que quatre rescapés : deux officiers, un matelot radio et le matelot gabier Guégan Jean, lequel réside actuellement près la gare de Saint-Malo. Devarieux Roger fait partie des malheureux camarades disparus à jamais.
Le père Le Chevalier Alfred servira sur les bateaux de la marine marchande française libre jusqu'en 1944, année où il tombera malade, sera hospitalisé à Londres, puis décédera et sera inhumé au cimetière de Brookwood (Angleterre), où il repose pour toujours. »

Le 11 mars 1943, Joseph Guerlavais était à bord de la corvette Aconit, lorsqu'elle réalisa un fait d'armes exceptionnel. Alors que le navire assurait en Atlantique Nord la protection du convoi HX 228 composé de 61 navires, celui-ci était attaqué par une meute d'U-Boote allemands. L'Aconit attaqua l'U-444 en surface et le coula au canon. Douze heures plus tard, il atteignit au canon un second sous-marin allemand, l'U-432, et le coula en l'éperonnant avec son étrave. La corvette fut le premier bâtiment français à faire des prisonniers (vingt-cinq sous-mariniers des U-Boote).

__________
[1] Selon la matricule d'Eugène Arribard, patron dorissier à bord du bateau, ce serait plutôt le 30 avril qu'il serait parti pour les bancs de Terre-Neuve.
[2] En fait Lessart.
[3] Le Journal des débats politiques et littéraires du 9 décembre 1940 écrit : « On annonce aujourd'hui que le terre-neuvier Les Gémeaux, appartenant [...] à l'armement de Saint-Malo, a été capturé dans les parages de La Rochelle avec sa cargaison par la marine anglaise. »

L'Ouest Eclair du 25 décembre 1940 écrit : « Un cordier à moteur de Saint-Malo, Les Gémeaux, venu faire son mazout à Sydney, après trois ou quatre semaines de pêche avait été retenu et, le 29 novembre dernier, on  le signalait au cap Spartel [Maroc] faisant route sur Gibraltar, dûment escorté. »


Recherches complémentaires :

  • Préciser la chronologie des mouvements du Les Gémeaux (petites incohérences entre le récit de Joseph Guerlavais et la matricule d'Eugène Arribard).


[Mise à jour : 9 mars 2023]

Décorations, distinctions :

  • Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d'argent

Sources :

  • Archives FdFL (AFL 3718)
  • AM Saint-Malo, Fonds AVAFL, 138 S 5
  • GR 16 P 275240 [non consulté]
  • Joseph GUERLAVAIS, Un Ancien de la France libre, pas d'indication d'éditeur, s.d.
  • Bulletin des FNFL, N°16, mai 1943
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net