Pierre, Marie   DRUEL

Date de naissance :

22 septembre 1922

Lieu de naissance :

Plouézec (22 ) France

date de décès :

9 juin 1942 - Mort Pour La France

Lieu de décès :

Atlantique Nord à bord du Mimosa

Cause du décès :

Perte du bâtiment (torpillage)

Ralliement :

mai 1941 - France libre - Freetown 100 ( Sierra Leone )

Engagement dans les FNFL :

8 juillet 1941 - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

Paimpol 25597, 5425FN41, 515CAS41

Affectations :

Mimosa

Grade atteint pendant la guerre :

Matelot radio

N° membre AFL :

21.998

24 mai 1941

Bourbonnais ( Cargo )

mai 1941

Ralliement France libre - Freetown 100 ( Sierra Leone )

> 8 juillet 1941

CPL (Compagnie de passage des FNFL à Londres)

8 juillet 1941

Engagement : FNFL - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

1941   à   9 juin 1942

Mimosa ( Corvette )

16 avril 1942

Matelot de 2ème classe radio

Le 12 mai 1941, Pierre Druel était matelot léger à bord du Bourbonnais, lorsque le cargo de Worms et Cie quitta Dakar à destination de Tamatave (Madagascar). Le lendemain, le bateau fut arraisonné par le croiseur auxiliaire Bulolo (paquebot australien réquisitionné par l'amirauté britannique). Le 14, le croiseur de la Royal Navy HMS Dragon prit le relais du Bulolo et contraignit le Boulonnais à faire route vers Freetown (Sierra Leone), où il arriva le 16 mai.

Ce fut l'occasion pour 16 marins du cargo français, dont Pierre Druel, de déserter et, pour certains, de rejoindre la France libre. Le capitaine F. Thomas, commandant du bâtiment, a relaté, dans un rapport daté du 13 juin 1941, la manière dont les choses se sont déroulées :

« Dès l'arrivée du navire à Freetown, j'ai mis mon équipage en garde contre une propagande probable des Gaullistes. Profitant de l'heure du repas, je me suis rendu moi-même sur le gaillard pour m'entretenir avec les matelots.
Tant que mes officiers et moi-même nous trouvions à bord, aucune propagande n'a été faite. Les quelques Gaullistes qui sont venus à bord sont restés près de l'échelle de coupée et n'ont eu d'entretien qu'avec les marins et soldats anglais qui occupaient le navire.
Le 24 mai à 7 h 30 les Anglais me préviennent que j'ai à quitter le bord avec tous mes officiers à 8 h 30. Ils me refusent de me dire pour quelles raisons on nous fait débarquer. L'ordre est de quitter le bord sans emporter ni vêtements ni vivres. Nous passons toute la journée du 24 à bord de l'Edinburgh Castle, navire servant de dépôt à la Marine britannique. A notre retour à bord du Bourbonnais vers 18 h 30, j'apprends que 16 marins de mon équipage ont déserté, amenés [emmenés] par les Gaullistes. Ces derniers avaient jugé bon, en accord avec les Britanniques, de me faire débarquer pour pouvoir tout à leur aise développer leurs arguments.
A ma connaissance, tous les efforts des Gaullistes ont porté sur la question des salaires. Ils n'ignorent pas, en effet, que la prime de risque n'est pas allouée aux équipages pour la traversée pendant laquelle a été effectuée la prise du navire. Ils se sont offert de payer intégralement la prime qui aurait été due si la traversée Dakar/Tamatave s'était effectuée normalement. Ils ont, bien entendu, promis à l'équipage de lui payer tous les salaires acquis depuis l'armement du navire.
[...]
Les Gaullistes se sont ainsi [aussi ?] attachés à faire comprendre qu'en naviguant avec eux, ils continuaient à faire la guerre à l'Allemagne, sans toutefois les avertir qu'à partir du moment où ils débarquaient du Bourbonnais ils passaient sous le pavillon britannique.
Mais, à mon avis, ce qui a le plus contribué à la défection d'une partie de mon équipage, c'est que les Gaullistes leur ont annoncé qu'une partie importante des équipages du Banfora et du Criton étaient passés dans leur camp. Cette dernière version, mensongère, est confirmée par le fait que quand 100 tirailleurs malgaches ont quitté le Bourbonnais pour être conduits dans un camp, à terre, le chaland qui les portait a fait le tour de la rade, et le lendemain les Anglais annonçaient que tous les tirailleurs malgaches du Bourbonnais allaient, sur leur demande, rejoindre l'armée gaulliste.
La désertion à Freetown de 16 membres de mon équipage n'a pu être possible que parce que mes officiers et moi-même avaient quitté le bord, sur ordre des autorités britanniques. Je suis persuadé que la seule présence de l'un de nous aurait suffi à les empêcher de débarquer. J'insiste sur le fait qu'à part les Sénégalais et les Arabes (huit en tout), il s'agissait d'hommes très jeunes, donc facilement influençables ; sur les huit Européens déserteurs, deux seulement avaient accompli leur service militaire (Didou 32 ans - Caron 22 ans [1]), quatre d'entre eux dont le novice n'avaient pas 20 ans. »

Comme les 15 autres « déserteurs », Pierre Druel fut emmené à bord du Criton. Ce cargo, qui avait quitté Dakar à destination de Madagascar le 7 mai, avait été intercepté le 9 au matin par le croiseur auxiliaire britannique HMS Cilicia et contraint de se dérouter sur Freetown, où 13 hommes décidèrent de rallier la France libre.


Après son engagement dans les FNFL le 8 juillet 1941, Pierre Druel fut soumis, en même temps qu'un autre membre d'équipage du Bourbonnais, Paul Richard, à un interrogatoire du SR (Service de renseignement des Forces françaises libres), qui donna lieu à un compte-rendu daté du 17 juillet 1941 :

« Ces deux volontaires étaient à bord du Bourbonnais, arraisonné le 5 avril 1941 [en fait le 13 mai] par les Anglais.
Le Commandant du bateau a essayé d'opposer de la résistance aux Anglais. Ceux-ci se sont emparés de tous les postes de contrôle très rapidement et on fait cesser la résistance du Commandant en lui faisant croire que, toutes les trois minutes, ils exécutaient un de ses hommes. Pour cela, ils faisaient descendre un homme, tiraient un coup de revolver. L'homme était enfermé en bas et ne reparaissait pas. En conclusion, personne n'a été molesté. »

Les simulacres d'exécution sont confirmés par les rapports du commandant Thomas.

En revanche, le témoignage de Pierre Druel et Paul Richard contredit le récit du commandant, puisqu'ils affirment que « les ralliements ont été faibles en raison du chantage des officiers ».

Le matelot radio RDF disparut dans la nuit du 8 au 9 juin 1942 avec son bâtiment, la corvette Mimosa, torpillée par le sous-marin allemand U-124 au cours de l'escorte d'un convoi dans l'Atlantique Nord.

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[1] Il s'agit vraisemblablement de Pierre Marie Caron.


Recherches complémentaires :

  • Conditions du transfert de Freetown vers la Grande-Bretagne (date, bâtiment).


Information complémentaires :

  • Sur la corvette Mimosa :
    • Michel BERTRAND, Les escorteurs de la France libre, Presses de la Cité, 1984, pp. 82-87
    • Capitaine de Frégate Luc-Marie BAYLE, Les Corvettes FNFL de leur armement au 2 août 1943, Service Historique de la Marine nationale, 1966, pp.76-88


[Mises à jour : 29 juillet 2021, 25 mars 2024]

Décorations, distinctions :

  • Médaille militaire à titre posthume

Sources :