Jean   DIDOU

Date de naissance :

27 avril 1909

Lieu de naissance :

Roscoff (29 ) France

date de décès :

21 novembre 1976

Lieu de décès :

Santec (29) France

Engagement dans les FNFL :

8 juillet 1941 - 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

Tréguier 22027, 360FN41

Affectations :

Egée, PLM17, Forbin, Anadyr, Cap Saint-Jacques, Octane

Grade atteint pendant la guerre :

Marin marine marchande

N° membre AFL :

10.289

24 mai 1940

Bourbonnais ( Cargo )

8 juillet 1941

Engagement : FNFL - 400 ( Grande-Bretagne )

11 juillet 1941   à   30 septembre 1941

Egée ( Cargo )

12 novembre 1941   à   21 août 1942

PLM 17 ( Cargo )

26 novembre 1942   à   30 avril 1943

Forbin ( Cargo )

20 mai 1943   à   21 juillet 1943

Anadyr ( Cargo )

26 août 1943   à   16 février 1944

Cap Saint-Jacques ( Paquebot )

17 mai 1944   à   28 octobre 1944

Octane ( Pétrolier )

Le 12 mai 1941, Jean Didou était matelot à bord du Bourbonnais, lorsque le cargo de Worms et Cie quitta Dakar à destination de Tamatave (Madagascar). Le lendemain, le bateau était arraisonné par le croiseur auxiliaire Bulolo (paquebot australien réquisitionné par l'amirauté britannique). Le 14, le croiseur de la Royal Navy HMS Dragon prit le relais du Bulolo et contraignit le Boulonnais à faire route vers Freetown (Sierra Leone), où il arriva le 16 mai.

Ce fut l'occasion pour 16 marins du cargo français, dont Jean Didou, de déserter et, pour certains, de rejoindre la France libre. Le capitaine F. Thomas, commandant du bâtiment, a relaté, dans un rapport daté du 13 juin 1941, la manière dont les choses se sont déroulées :

« Dès l'arrivée du navire à Freetown, j'ai mis mon équipage en garde contre une propagande probable des Gaullistes. Profitant de l'heure du repas, je me suis rendu moi-même sur le gaillard pour m'entretenir avec les matelots.
Tant que mes officiers et moi-même nous trouvions à bord, aucune propagande n'a été faite. Les quelques Gaullistes qui sont venus à bord sont restés près de l'échelle de coupée et n'ont eu d'entretien qu'avec les marins et soldats anglais qui occupaient le navire.
Le 24 mai à 7 h 30 les Anglais me préviennent que j'ai à quitter le bord avec tous mes officiers à 8 h 30. Ils me refusent de me dire pour quelles raisons on nous fait débarquer. L'ordre est de quitter le bord sans emporter ni vêtements ni vivres. Nous passons toute la journée du 24 à bord de l'Edinburgh Castle, navire servant de dépôt à la Marine britannique. A notre retour à bord du Bourbonnais vers 18 h 30, j'apprends que 16 marins de mon équipage ont déserté, amenés [emmenés] par les Gaullistes. Ces derniers avaient jugé bon, en accord avec les Britanniques, de me faire débarquer pour pouvoir tout à leur aise développer leurs arguments.
A ma connaissance, tous les efforts des Gaullistes ont porté sur la question des salaires. Ils n'ignorent pas, en effet, que la prime de risque n'est pas allouée aux équipages pour la traversée pendant laquelle a été effectuée la prise du navire. Ils se sont offert de payer intégralement la prime qui aurait été due si la traversée Dakar/Tamatave s'était effectuée normalement. Ils ont, bien entendu, promis à l'équipage de lui payer tous les salaires acquis depuis l'armement du navire.
[...]
Les Gaullistes se sont ainsi [aussi ?] attachés à faire comprendre qu'en naviguant avec eux, ils continuaient à faire la guerre à l'Allemagne, sans toutefois les avertir qu'à partir du moment où ils débarquaient du Bourbonnais ils passaient sous le pavillon britannique.
Mais, à mon avis, ce qui a le plus contribué à la défection d'une partie de mon équipage, c'est que les Gaullistes leur ont annoncé qu'une partie importante des équipages du Banfora et du Criton étaient passés dans leur camp. Cette dernière version, mensongère, est confirmée par le fait que quand 100 tirailleurs malgaches ont quitté le Bourbonnais pour être conduits dans un camp, à terre, le chaland qui les portait a fait le tour de la rade, et le lendemain les Anglais annonçaient que tous les tirailleurs malgaches du Bourbonnais allaient, sur leur demande, rejoindre l'armée gaulliste.
La désertion à Freetown de 16 membres de mon équipage n'a pu être possible que parce que mes officiers et moi-même avaient quitté le bord, sur ordre des autorités britanniques. Je suis persuadé que la seule présence de l'un de nous aurait suffi à les empêcher de débarquer. J'insiste sur le fait qu'à part les Sénégalais et les Arabes (huit en tout), il s'agissait d'hommes très jeunes, donc facilement influençables ; sur les huit Européens déserteurs, deux seulement avaient accompli leur service militaire (Didou 32 ans - Caron 22 ans [1]), quatre d'entre eux dont le novice n'avaient pas 20 ans. »

Comme les 15 autres « déserteurs », Jean Didou fut emmené à bord du Criton. Ce cargo, qui avait quitté Dakar à destination de Madagascar le 7 mai, avait été intercepté le 9 au matin par le croiseur auxiliaire britannique HMS Cilicia et contraint de se dérouter sur Freetown, où 13 hommes décidèrent de rallier la France libre.


Le 8 juillet 1941, Jean Didou s'engageait dans les FNFL à Londres. Il navigua ensuite sur plusieurs bateaux de commerce de la France libre.

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[1] Il s'agit vraisemblablement de Pierre Marie Caron.


[Mise à jour : 25 mars 2024]

Sources :

  • SHD Vincennes, TTY 793
  • Archives FdFL (AFL 10.289)
  • GR 16 P 184861 [non consulté]
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net