Louis, Alexis   LE CALVEZ

Date de naissance :

2 octobre 1922

Lieu de naissance :

Plouézec (22 ) France

date de décès :

20 octobre 1979

Lieu de décès :

Paimpol (22) France

Ralliement :

21 mai 1941 - France libre - Freetown 100 ( Sierra Leone )

Engagement dans les FNFL :

8 juillet 1941 - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

5428FN41, 289CAS41

Affectations :

Marine Portsmouth, Marine Greenock, Président Houduce

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître de 2ème classe fourrier

18 juin 1940   à   21 mai 1941

Bourbonnais ( Cargo )

21 mai 1941

Ralliement France libre - Freetown 100 ( Sierra Leone )

21 mai 1941   à   1 juin 1941

Criton ( Cargo )

1 juin 1941   à   7 juillet 1941

Banfora ( Cargo )

8 juillet 1941

Engagement : FNFL - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

8 juillet 1941

Matelot sans spécialité

8 juillet 1941   à   12 juillet 1941

CPL (Compagnie de passage des FNFL à Londres)

12 juillet 1941   à   26 juillet 1941

Ouragan (Dépôt des équipages à Portsmouth)

26 juillet 1941   à   13 septembre 1941

HMS Royal Arthur (Skegness)

13 septembre 1941   à   8 août 1942

Arras ( Bâtiment base )

15 novembre 1941

Matelot fourrier

8 août 1942   à   14 janvier 1943

Courbet (Dépôt de matériel)

14 janvier 1943   à   15 mars 1944

Président Houduce ( Patrouilleur auxiliaire )

1 octobre 1943

Quartier-maître de 2ème classe fourrier

15 mars 1944   à   25 avril 1946

Marine Pointe-Noire

Le 12 mai 1941, Louis Le Calvez était matelot léger [1] à bord du Bourbonnais depuis le 18 juin 1940, lorsque le cargo de Worms et Cie quitta Dakar à destination de Tamatave (Madagascar). Le lendemain, le bateau était arraisonné par le croiseur auxiliaire Bulolo (paquebot australien réquisitionné par l'amirauté britannique). Le 14, le croiseur de la Royal Navy HMS Dragon prit le relais du Bulolo et contraignit le Boulonnais à faire route vers Freetown (Sierra Leone), où il arriva le 16 mai.

Ce fut l'occasion pour 16 marins du cargo français, dont Louis Le Calvez, de déserter et, pour certains, de rejoindre la France libre. Le capitaine F. Thomas, commandant du bâtiment, a relaté, dans un rapport daté du 13 juin 1941, la manière dont les choses se sont déroulées :

« Dès l'arrivée du navire à Freetown, j'ai mis mon équipage en garde contre une propagande probable des Gaullistes. Profitant de l'heure du repas, je me suis rendu moi-même sur le gaillard pour m'entretenir avec les matelots.
Tant que mes officiers et moi-même nous trouvions à bord, aucune propagande n'a été faite. Les quelques Gaullistes qui sont venus à bord sont restés près de l'échelle de coupée et n'ont eu d'entretien qu'avec les marins et soldats anglais qui occupaient le navire.
Le 24 mai à 7 h 30 les Anglais me préviennent que j'ai à quitter le bord avec tous mes officiers à 8 h 30. Ils me refusent de me dire pour quelles raisons on nous fait débarquer. L'ordre est de quitter le bord sans emporter ni vêtements ni vivres. Nous passons toute la journée du 24 à bord de l'Edinburgh Castle, navire servant de dépôt à la Marine britannique. A notre retour à bord du Bourbonnais vers 18 h 30, j'apprends que 16 marins de mon équipage ont déserté, amenés [emmenés] par les Gaullistes. Ces derniers avaient jugé bon, en accord avec les Britanniques, de me faire débarquer pour pouvoir tout à leur aise développer leurs arguments.
A ma connaissance, tous les efforts des Gaullistes ont porté sur la question des salaires. Ils n'ignorent pas, en effet, que la prime de risque n'est pas allouée aux équipages pour la traversée pendant laquelle a été effectuée la prise du navire. Ils se sont offert de payer intégralement la prime qui aurait été due si la traversée Dakar/Tamatave s'était effectuée normalement. Ils ont, bien entendu, promis à l'équipage de lui payer tous les salaires acquis depuis l'armement du navire.
[...]
Les Gaullistes se sont ainsi [aussi ?] attachés à faire comprendre qu'en naviguant avec eux, ils continuaient à faire la guerre à l'Allemagne, sans toutefois les avertir qu'à partir du moment où ils débarquaient du Bourbonnais ils passaient sous le pavillon britannique.
Mais, à mon avis, ce qui a le plus contribué à la défection d'une partie de mon équipage, c'est que les Gaullistes leur ont annoncé qu'une partie importante des équipages du Banfora et du Criton étaient passés dans leur camp. Cette dernière version, mensongère, est confirmée par le fait que quand 100 tirailleurs malgaches ont quitté le Bourbonnais pour être conduits dans un camp, à terre, le chaland qui les portait a fait le tour de la rade, et le lendemain les Anglais annonçaient que tous les tirailleurs malgaches du Bourbonnais allaient, sur leur demande, rejoindre l'armée gaulliste.
La désertion à Freetown de 16 membres de mon équipage n'a pu être possible que parce que mes officiers et moi-même avaient quitté le bord, sur ordre des autorités britanniques. Je suis persuadé que la seule présence de l'un de nous aurait suffi à les empêcher de débarquer. J'insiste sur le fait qu'à part les Sénégalais et les Arabes (huit en tout), il s'agissait d'hommes très jeunes, donc facilement influençables ; sur les huit Européens déserteurs, deux seulement avaient accompli leur service militaire (Didou 32 ans - Caron 22 ans [2]), quatre d'entre eux dont le novice n'avaient pas 20 ans. »

Comme les 15 autres « déserteurs », Louis Le Calvez fut emmené à bord du Criton. Ce cargo, qui avait quitté Dakar à destination de Madagascar le 7 mai, avait été intercepté le 9 au matin par le croiseur auxiliaire britannique HMS Cilicia et contraint de se dérouter sur Freetown, où il fut officiellement saisi le 20 mai. Selon son état signalétique et des services, Louis Le Calvez aurait embarqué le lendemain, 21 mai, sur le Criton. [3]


Selon ce même document Louis Le Calvez aurait quitté le Criton le 1er juin 1941 pour embarquer sur le Banfora. Ce cargo avait appareillé de Dakar le 10 avril pour Casablanca. Le 12, il avait été arraisonné par le croiseur auxiliaire britannique HMS Donnetar Castle et conduit à Freetown, où il était arrivé sur rade le 17. C'est vraisemblablement par le Banfora  que Louis Le Calvez fut transféré en Grande--Bretagne. Le 8 juillet, il s'engageait dans les FNFL à Londres.


Après la guerre, l'engagement de Louis Le Calvez fut transformé en engagement de deux ans pour compter du 8 juillet 1945. Louis Calvez se rengagea pour trois ans le 8 juillet 1947, puis pour un an pour compter du 8 juillet 1950.


Cadre de maistrance du 28 mai 1951, second maître de 1ère classe fourrier du 1er juillet 1951, il fut admis à la retraite proportionnelle et rayé des contrôles de l'activité le 1er décembre 1961.

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[1] C'est le grade indiqué dans la liste des « déserteurs » établie par le capitaine du Bourbonnais. Mais dans son état signalétique et des services, Louis Le Calvez est considéré comme « passager ».

[2] Il s'agit vraisemblablement de Pierre Marie Caron.

[3] Mais dans son rapport du 13 juin 1941, le capitaine F. Thomas affirme n'avoir appris le départ de 16 hommes de son équipage que le 24 mai.


[Mise à jour : 27 avril 2023]

Décorations, distinctions :

  • Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
  • Médaille militaire

Sources :

  • SHD Brest, 13 A 23
  • GR 16 P 348572 [non consulté]
  • Etat signalétique et des services
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net