Marcel, Edouard, Benjamin   GEORGES

Capitaine au long-cours depuis le 10 décembre 1929, Marcel Georges appartenait à la Compagnie des Chargeurs Réunis lorsqu'éclata la guerre. Il naviguait en qualité de 2ème capitaine depuis le 25 juillet 1938.

Au début de la guerre, il fut maintenu sur le cargo Dahomey, qui effectuait des voyages sur la côte occidentale d'Afrique pour le compte des Transports maritimes. Selon une source, il aurait débarqué à Marseille en février 1941 et serait resté 18 mois à Dinard avec sa femme de nationalité anglaise et ses cinq enfants. Il aurait ensuite été amené au Maroc en novembre 1942. Ce parcours semble confirmé par par les services figurant dans la matricule de la marine marchande du quartier de Saint-Malo, mais avec un léger décalage de dates. Marcel Georges aurait débarqué du Dahomey le 14 mars 1941 et aurait embarqué sur le transport de troupes Asie du 17 au 30 septembre 1942. Le 1er octobre 1942 il embarquait à nouveau sur le Dahomey comme 2ème capitaine. Le 8 novembre, comme il quittait Oran à destination de Casablanca, le navire se retrouva en même temps que le Strasbourgeois dans la nuit au milieu de la force de débarquement alliée de l'opération Torch. Refusant d'obéir aux Américains qui leur ordonnaient de se rendre à Port Lyautey les deux bâtiments s'échouèrent volontairement à Bouznika, à l'ouest de Rabat puis se sabordèrent par le feu. La perte du Dahomey n'était donc pas due à un accident, comme l'affirma plus tard Marcel Georges dans sa lettre du 21 mai 1943, où il demandait au lieutenant de vaisseau commandant la base de Greenock son incorporation dans la marine de la France combattante:

« Ce navire a fait naufrage le 8 novembre 1942 après avoir heurté un obstacle sous-marin non identifié à Bouznika (Maroc). »

C'est également le 8 novembre 1942 que le Méonia, navire danois saisi à Marseille le 19 avril 1940 par la France, fut capturé intact dans le port d'Arzew. Du 11 novembre 1942 au 2 avril 1943, il fut exploité par la Direction des Transports Maritimes à Alger. Le 3 avril 1943, il fut remis pour affrètement au Shipping Comity du Ministry of War Transport (MOWT) britannique. Son commandant, Albert Litzelmann, et l'équipage décidèrent unanimement de rallier la France combattante. Marcel Georges, qui était 2ème capitaine du navire à partir du 3 avril 1943 aurait joué un rôle important dans les initiatives qui auraient conduit à ce ralliement.

Le 21 mai 1943, il écrivit au lieutenant de vaisseau Langlais, commandant de la base FNFL de la Clyde à Greenock (Ecosse), pour lui demander son incorporation dans la Marine de la France combattante au titre de la réserve. Il précisait :

« Je ne suis titulaire d'aucune décoration, ayant refusé d'être proposé pour la croix de guerre à Casablanca le 8 novembre 1942.
[...]
Je n'ai jamais fait aucune démarche pour obtenir de l'avancement dans la Réserve de la Marine du Gouvernement de Vichy depuis l'Armistice de Juin 1940, estimant que l'avancement ne peut être obtenu qu'en servant la France et non en collaborant avec nos ennemis pour combattre nos alliés. »

Marcel Georges commanda le Méonia du 1er juin 1943 au 11 février 1945.

Par décret du 16 février 1946 du Président du Gouvernement provisoire de la République, sur le rapport du ministre des travaux publics et des transports, Marcel Georges a été nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime, avec la citation suivante :

« M. Georges (Marcel), capitaine au long cours (Saint-Malo 14435) : capitaine au long cours, rallié à la France combattante, a toujours donné aux équipages placés sous ses ordres l'exemple de la loyauté et du dévouement à la cause française. »

[Mise à jour : 28 janvier 2023]