Jean, Jacques   ERRE

Date de naissance :

28 mars 1921

Lieu de naissance :

Saint-Féliu-d'Avall (66 ) France

date de décès :

15 mars 2000

Lieu de décès :

Thuir (66) France

Ralliement :

6 avril 1943 - France combattante - New York 600 ( Etats-Unis d'Amérique )

Engagement dans les FNFL :

17 avril 1943

Matricules :

3657T38

Affectations :

Cap des Palmes

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître torpilleur

N° membre AFL :

8.125

septembre 1939   à   6 avril 1943

Le Fantasque ( Contre-torpilleur )

6 avril 1943

Ralliement France combattante - New York 600 ( Etats-Unis d'Amérique )

17 avril 1943

Engagement : FNFL

17 avril 1943   à   30 août 1945

Cap des Palmes ( Croiseur auxiliaire )

Avant son ralliement à la France combattante, le quartier-maître torpilleur Jean Erre, était embarqué depuis septembre 1939 sur le contre-torpilleur Le Fantasque. Après le ralliement des forces armées d'Afrique du Nord et d'AOF aux alliés, consécutif au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (opération Torch, 8 novembre 1942), le bâtiment « giraudiste » fut envoyé aux Etats-Unis pour y être réparé et modernisé. Parti de Dakar le 24 janvier 1943, il arriva à New York le 13 février. Le 20 février, il appareilla pour Boston, où devait avoir lieu la refonte du bâtiment. Il y arriva le lendemain. Le 6 avril, Jean Erre désertait du Fantasque. Le 7 il remettait une lettre de ralliement à la délégation de la France combattante dans le port américain :


« Général,

j'ai embarqué à bord de l'Epervier en septembre 1939 et j'ai fait la campagne de Norvège, puis le sud de l'Angleterre. Je me trouvais à Dakar au mois de juillet 1940 lors du torpillage du Richelieu [1]. Il y avait là l'Epervier, le Richelieu, le Fleuret et quelques croiseurs auxiliaires. Les états-majors de ces bâtiments avaient reçu l'ordre d'attaquer les Anglais, mais les équipages ont refusé d'appareiller [2]. Nous avons alors été envoyés à Casablanca, et c'est la 4ème Escadre qui a pris notre place à Dakar, et c'est cette dernière qui a défendu le Sénégal le 23 septembre 1940 [3].

J'ai ensuite demandé à partir en campagne d'A.O.F. et j'ai été embarqué sur le Fantasque en septembre 41. J'ai fait 1 an à Dakar avec le ferme espoir de pouvoir passer en Gambie anglaise pour rejoindre les forces françaises libres, mais hélas tout était surveillé, il était à peu près impossible de ne pas se faire prendre [4].

Si j'ai attendu jusqu'à aujourd'hui, c'est vraiment que j'y étais obligé. J'ai souffert pendant 30 mois.

Les états-majors, qui se cachent à la tête des bateaux français et qui ne sont rien d'autre que des Hitlériens, blasphèment votre pavillon. Ils disent tous que le pavillon français n'a jamais comporté que 3 couleurs, qu'il n'a pas besoin d'insigne, que votre insigne, la croix de Lorraine, symbolise la lâcheté et la traîtrise.

C'est après avoir vécu pendant plus de 2 ans 1/2 avec des gens de cette espèce, qui m'ont écoeuré tous les jours davantage, que j'ai enfin le bonheur d'être sous vos ordres, car je sais que vous n'avez qu'un but, sauver la France. »


 La plupart des marins de la marine giraudiste qui ralliaient la France combattante à New York étaient envoyés à Halifax (Canada), d'où ils étaient acheminés par voie de mer sur la Grande-Bretagne, où ils signaient leur engagement dans les FNFL. Ce ne semble pas avoir été le cas de Jean Erre, qui embarqua le 17 avril 1943 sur le Cap des Palmes. Cet ancien cargo fruitier avait été converti en croiseur auxiliaire à San Francisco dans l'arsenal de Mare Island. Les travaux, effectués de novembre 1942 jusqu'à la fin de février 1943, avaient dû être prolongés jusqu'au 21 mars à la suite d'essais jugés non satisfaisants. Le 22 mars, le Cap des Palmes avait enfin pu appareiller pour San Diégo, où il resta basé pendant un mois et demi pour entraînement. C'est donc probablement à San Diégo que Jean Erre monta à bord du croiseur auxiliaire le 17 avril, date à laquelle il signa son engagement dans les FNFL.

Deux semaines plus tard, 1er mai 1943, il appareillait de San Francisco pour se rendre sur le théâtre d'opérations du Pacifique. Jean Erre servit jusqu'en août 1945 à bord du Cap des Palmes.

__________

[1] Le 18 juin 1940, lors de l'évacuation du port de Brest, le cuirassé Richelieu s'était réfugié à Dakar (Sénégal), où il avait été torpillé par des avions anglais le 8 juillet 1940.

[2] Dès le 8 juillet 1940, apprenant l'attaque contre le Richelieu à Dakar, l'amiral Darlan avait proposé la préparation d'une riposte locale sur le port de Freetown (colonie britannique de Sierra Leone). L'opération devait avoir lieu deux semaines plus tard. Mais le 11 juillet l'Amirauté donna l'ordre d'y surseoir devant le risque de mutinerie parmi les équipages. Dès le 7 juillet, l'amiral Ollive avait signalé qu'un tiers des équipages du torpilleur Fleuret, du contre-torpilleur Epervier et du croiseur auxiliaire El-Djezaïr avaient abandonné leur bâtiment, rendant tout appareillage impossible. [Hervé COUTAU-BÉGARIE, Claude HUAN, Darlan, Librairie Arthème Fayard, 1989, pp. 290 et 299]

[3] Du 23 au 25  septembre 1940 (opération Menace), une force navale anglo-gaulliste avait tenté vainement de rallier Dakar à la France libre.

[4] Pierre Ernault et Albert Archieri, qui, comme Jean Erre, rallièrent la France combattante à New York en 1943, avaient aussi songé à rejoindre les Forces françaises libres en passant d'abord par la Gambie, colonie anglaise enclavée dans le Sénégal français. Mais, selon Ernault, ils avaient finalement considéré que le projet était trop risqué : « Franchir la frontière gambienne sans un guide de confiance s'avère périlleux. Des patrouilles françaises aidées par des indigènes surveillent les routes et les postes-frontières. Des militaires tentés par la dissidence gaulliste croupissent dans les geôles du gouverneur général Boisson. »


Informations complémentaires :

  • Sur le Cap des Palmes : Hervé CRAS, Xavier MANGIN D'OUINCE, Philippe MASSON, Les Bâtiments de Surface des FNFL, Service Historique de la Marine nationale, 1968, pp.39-57


[Dernière mise à jour : 24 novembre 2022]

Sources :

  • Archives FdFL (AFL 8.125)
  • Archives du Comité d'Histoire de la Deuxième Guerre mondiale (lettre de ralliement du 7 avril 1943)
  • GR 16 P 210464 [non consulté]
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibbres.net