Date de naissance :
25 juin 1921
Lieu de naissance :
Jouy-lès-Reims (51 ) France
date de décès :
23 novembre 2007
Lieu de décès :
Paris 5e France
Ralliement :
2 mars 1943 - France combattante - New York ( Etats-Unis d'Amérique )
Matricules :
1410T41, 536FN43
Affectations :
1er BFMC
Grade atteint pendant la guerre :
Quartier-maître de 2ème classe fusilier
N° badge commando Kieffer :
77
N° membre AFL :
8.178
Engagement : Marine nationale - Toulon 83 (pour trois ans)
Matelot de 2ème classe
Matelot de 2ème classe breveté élémentaire canonnier
Ralliement France combattante - New York ( Etats-Unis d'Amérique )
Quartier-maître de 2ème classe fusilier
Renvoyé dans ses foyers
Démobilisé, rayé des contrôles de l'activité
Après son engagement dans la Marine nationale le 12 mars 1941, Albert Archieri, coiffeur dans la vie civile, suivit l'école de canonnage du 24 mars au 1er mai 1941. Il fut ensuite envoyé au groupe des écoles à Casablanca (Maroc) jusqu'au 1er septembre, date de son affectation comme canonnier sur le Richelieu, qui se trouvait à Dakar (Sénégal) depuis juin 1940. Du 1er au 5 septembre 1941, il rejoignit donc Dakar par voie de mer. Il y fit la connaissance de Pierre Ernault, qui embarqua sur le cuirassé le 1er janvier 1942. Ce dernier se souvient :
« Je sympathise avec le canonnier Albert Archieri, gaulliste de coeur rêvant de gagner Londres et de poursuivre le combat. Nous sommes inséparables. Avec mon copain Archieri, nous profitons de nos moments de détente pour nous livrer à d'intenses activités physiques : exercices de musculation dans le hangar à hydravions transformé provisoirement en salle de gymnastique. La marche, la course à pied et la natation sont notre quotidien. » [1]
Pierre Ernault et Albert Archieri rêvaient de rejoindre les Forces françaises libres en passant d'abord par la Gambie, colonie anglaise enclavée dans le Sénégal français. Mais le projet s'avéra trop risqué :
« Franchir la frontière gambienne sans un guide de confiance s'avère périlleux. Des patrouilles françaises aidées par des indigènes surveillent les routes et les postes-frontières. Des militaires tentés par la dissidence gaulliste croupissent dans les geôles du gouverneur général Boisson.
Avec Archieri, nous enrageons de piétiner, tandis qu'ailleurs des Français libres combattent sur terre, sur mer et dans les airs. Soupçonnés de gaullisme, nous sommes avec d'autres membres d'équipage dans une atmosphère délétère, surveillés, épiés... La prudence s'impose. » [2]
Au moment de l'opération Torch (débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942), Albert Archieri fut révolté par les déclarations anti-alliés du commandant du Richelieu, le capitaine de vaisseau Deramond, et par les sanctions infligées aux marins qui avaient manifesté leur joie à la suite du débarquement allié au Maroc et en Algérie.
Après le ralliement des forces armées d'Afrique du Nord et d'AOF aux alliés, le Richelieu fut envoyé à New York pour y être réparé et modernisé. Parti de Dakar le 30 janvier 1943, il entra au bassin de Brooklyn le 18 février. Le 2 mars 1943, Albert Archieri en profita pour quitter le bâtiment giraudiste. Dans la demande écrite qu'il remit le lendemain au lieutenant-colonel Brunschwig, chef du service des volontaires de la délégation de la France combattante à New York, il écrivait :
« Je soussigné Archieri Albert, matelot canonnier à bord du Richelieu, déclare avoir quitté mon bord par ma propre volonté sans avoir été obligé de personne. Ce qui m'a fait faire cet acte, c'est d'avoir vu des camarades partir aux sections de Podor [sections spéciales disciplinaires] pour des choses vraiment passagères (avoir manifesté en faveur des Américains lors de leur débarquement en Afrique du Nord). Nous ne devons pas accepter chose pareille. En plus de cela nous avions beaucoup d'officiers qui étaient d'idée germanophile, alors que les Allemands sont nos plus grands ennemis. »
Après son ralliement à New York, Albert Archieri fut envoyé à Halifax (Canada) dans l'attente d'un transfert vers la Grande-Bretagne. Il y était encore le 17 mai 1943.
Après son arrivée en Grande-Bretagne et son passage par la caserne Surcouf à Londres, il suivit, à partir du 29 mai, le stage des commandos britanniques à Achnacarry, en Ecosse. Vers la fin juillet 1943, il fut affecté au 1er BFMC (1er Bataillon de fusiliers marins commandos), titulaire du mortier au N° 10 Commando interallié. Jusqu'au mois d'avril 1944, il subit un entraînement intensif à Peacehaven.
Il participa au débarquement en Normandie :
« Le 6 juin, je débarque sur la plage de Colleville-sur-Orne, après avoir traversé un champ de mines, les ruines de la colonie de vacances. Avant d'atteindre cet endroit, la mitraille et les obus de tous types fauchent tout ce qui bouge. Un instant, je me suis abrité contre un char amphibie qui brûlait. Un homme dont la tête émergeait de la tourelle avait besoin d'aide et j'aurais aimé lui porter secours. Je n'ai pas pu le faire, ayant une charge de mortier sur le dos. J'ai réalisé immédiatement le danger encouru. Je ne pouvais obéir qu'aux ordres reçus dès le départ : rallier le plus rapidement possible l'endroit fixé lors du briefing en Angleterre.
Ayant réussi à nous regrouper sous un déluge de feu venant de terre comme de mer, nous remontons le boulevard Maréchal Joffre, quand, à un certain moment, alors que nous sommes en colonne et que je me trouve juste derrière le commando Massin, porteur du lance-flammes, une rafale balayant la rue nous oblige à nous allonger sur le sol. Je me suis retrouvé avec la tête contre les cuisses de Massin. Pendant quelques instants, son arme, qui ne devait pas être très étanche, m'a dégouliné dessus : cela aurait pu devenir dramatique.
Le commandant Lofi, qui était à côté de moi, me demande de me replier et nous progressons vers le casino, plus exactement la position fortifiée qui est neutralisée en partie par un char sous les ordres de Kieffer.
Il est environ midi quand nous recevons l'ordre de nous mettre en route en direction de Colleville, puis Saint-Aubin d'Arquenay et le village de Bénouville, où un sniper était en position dans le clocher de l'église. Il est tué ! Nous n'étions plus très loin du pont de Bénouville pris par les paras de la 6th Airborne Division et les hommes du major Howard. Le commandant Kieffer m'a demandé de tirer des fumigènes, ce qui enfume tout l'ouvrage en un rien de temps, formant un écran de sécurité et permettant à l'ensemble de ce qui restait de notre groupe de traverser pour prendre la direction d'Amfreville et Bavent. » [3]
Après trois mois de combat en première ligne (entre le 6 juin et le 4 septembre 1944), les 23 ou 24 rescapés du groupe d'assaut des 177 Français de Kieffer embarquèrent le 7 septembre 1944 depuis le port artificiel d'Arromanches en direction de Petworth.
D'août 1944 à mai 1945, Albert Archieri fut « Batman » (homme de confiance et garde du corps) du commandant Kieffer.
Le 1er novembre 1944, Albert Archieri débarqua à Flessingue, sur l'île néerlandaise de Walcheren (opération Infatuate). Il participa ensuite à des raids sur l'île de Schouven, tenue par les Allemands.
Il passa Noël dans la petite ville hollandaise de Colijnsplaat.
Son commando avança ensuite en Allemagne jusqu'à Recklinghausen, dans la Ruhr, en juin 1945. Un mois plus tard, il regagna la caserne Bir-Hakeim, dépôt des équipages de la flotte à Portsmouth (Emsworth), et fut démobilisé le 23 octobre 1945.
Le 19 septembre 1944, le quartier-maître Archieri a été cité à l'ordre du corps d'armée pour le motif suivant :
« Volontaire pour les Commandos a donné dès le débarquement du 6 juin 1944 les preuves de son courage et de sa valeur.
Le 20 août 1944, dans le secteur de l'Epine, alors que sa section s'était emparée de mortiers allemands, a retourné l'un d'eux contre les nouvelles positions ennemies et a déclanché contre elles un tir violent d'une précision parfaite.
Par cette initiative, a largement contribué à la mise hors de combat d'éléments ennemis et à la capture de nombreux prisonniers.
Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec étoile de vermeil. »
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[1] Souvenirs de Pierre Ernault sur www.wiki-brest.net (cf. lien dans la liste des sources). Pierre Boisson était le gouverneur général vichyste de l'Afrique occidentale française (AOF).
[2] Ibid.
[3] Cité dans l'article d'Eric Le Penven (cf. liste des sources)
Recherches complémentaires :
Décorations, distinctions :
Sources :
Documents :