Eugène   COZIEN

Date de naissance :

5 mars 1907

Lieu de naissance :

Le Conquet (29 ) France

date de décès :

19 septembre 1962

Ralliement :

3 février 1941 - France libre - Durban 100 ( Afrique du Sud )

Matricules :

Marseille 22003

Affectations :

Sontay, Charles L.D., Désirade, Bangkok

Grade atteint pendant la guerre :

boulanger marine marchande

N° membre AFL :

3.522

3 février 1941

Sontay ( Transport de troupes auxiliaire )

3 février 1941

Ralliement France libre - Durban 100 ( Afrique du Sud )

1941

Sontay ( Transport de troupes auxiliaire )

Charles L.D. ( Cargo )

Désirade ( Paquebot mixte )

Bangkok ( Cargo )

Le boulanger Eugène Cozien faisait partie du personnel de l'ex-paquebot Sontay, lorsque ce transport de troupes auxiliaire fut arraisonné le 26 janvier 1941 à environ 600 milles dans le sud de Madagascar par le croiseur britannique HMS Enterprise, qui l'obligea à se dérouter sur Durban (Afrique du Sud), où il arriva le 29 janvier. Parti de Saïgon le 2 décembre 1940, le bâtiment devait notamment ramener en France un détachement de marins réservistes de la Marine en Indochine. Après un séjour de plus d'un mois à Madagascar, le navire avait quitté Tamatave le 23 janvier 1941 à destination de Dakar.

Dans son rapport du 3 avril 1941 au capitaine de vaisseau commandant le 5ème Dépôt des équipages de la Flotte à Toulon, l'officier des équipages de 2ème classe Durbec, chef du détachement des marins réservistes de l'Indochine, relate la manière dont certains marins, dont Eugène Cozien, auraient été recrutés par les Anglais et les gaullistes après l'arrivée du Sontay à Durban :

« Nous arrivâmes le 29 janvier dans ce port. Le bâtiment fut aussitôt mis au secret et confié aux autorités du port.
[...] A partir de ce moment le Sontay fut gardé militairement et toutes communications avec l'extérieur interdites. En même temps une propagande aussi active qu'insidieuse fut organisée à bord afin de recruter des volontaires pour l'armée de Gaulle.
La présence sur rade de Durban du Savorgnan de Brazza et du Forbin des Chargeurs réunis, ce dernier placé juste sur l'avant du Sontay, facilitèrent cette propagande. Pour éluder la question de pressions extérieures, les hommes étaient invités à sauter à la mer par-dessus bord. Ils étaient aussitôt recueillis par des vedettes de la Police qui croisaient continuellement autour du Sontay à cet effet. Les volontaires étaient ensuite dirigés sur un camp militaire en ville.
[...]
Nos marins résistèrent à cette propagande, ouvertement encouragée et dirigée par les hommes qui composaient la garde anglaise placée à bord sous les ordres d'un lieutenant écossais, qui tous ou presque parlaient d'ailleurs notre langue.
Certes cette propagande s'exerça dans un milieu tout préparé à écouter des propositions séduisantes, qui n'ont d'ailleurs peut-être pas été tenues, car la longueur du voyage, les fausses nouvelles abondamment répandues, le rationnement strict imposé à bord avaient influé sur le moral des hommes, et tout particulièrement sur celui des jeunes gens qui n'ont jamais subi jusqu'ici les privations de 1914-1918, que beaucoup de leurs aînés, dont la plupart de nos marins réservistes, ont connues.
Chaque jour, je prêchais le calme, la résignation, la patience et surtout le devoir des Français dans ces circonstances pénibles : on n'abandonne pas son pays aux heures douloureuses, c'est à ce moment qu'on compte les vrais patriotes. En outre j'avais affiché un avis détaillant les sanctions auxquelles s'exposaient les déserteurs : déchéance de la nationalité française, condamnation par un tribunal maritime pouvant aller jusqu'à la peine de mort, confiscation des biens, suppression des secours aux familles, etc... Cette affiche fut déchirée et remise au lieutenant de vaisseau Dreau [1], second du Brazza, descendu dans la cale  où étaient nos marins pour faire sa propagande pour de Gaulle. Mon appel fut entendu, sauf par deux marins, qui ont agi sans grand discernement et plutôt par esprit de lucre que par pur idéal. »

Pour recruter des volontaires, les Anglais avaient remis un « avis important » aux membres de l'équipage du Sontay :

« Le service de l'immigration autorise les hommes qui désirent s'enrôler dans les Forces Françaises Libres à aller à terre rejoindre leurs camarades actuellement logés au "Transit Dépôt", Durban.
Les volontaires devront donner leur nom au commandant de la garde à bord. Ils auront par la suite à signer une demande d'engagement dans les Forces Françaises Libres luttant avec le général de Gaulle. »

L'officier des équipages Durbec ne mentionne pas Eugène Cozien parmi les marins ayant décidé de rallier les FNFL, mais un « relevé nominatif des dissidences » à bord du Sontay indique qu'il aurait « débarqué volontairement » le 3 février 1941 à Durban « avant la saisie du navire », intervenue le 17 février. D'autre part, une note du lieutenant de vaisseau Despréaux, officier en second du Savorgnan de Brazza, datée du 13 février 1941, le cite dans la liste du « personnel  nouvellement embarqué » à la date du 3 février 1941. Il semblerait toutefois qu'Eugène Cozien ne soit pas resté longtemps à bord de l'aviso FNFL, mais qu'il ait d'abord navigué à nouveau sur le Sontay, après sa saisie  et son réarmement par les Britanniques, qui en confièrent la gérance à l'Union Castle Line pour le compte du Ministry of War Transport. Dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres, signée après le guerre, le 22 octobre 1945, Eugène Cozien ne mentionne pas le Savorgnan de Brazza, mais indique le 2 février 1941 comme date de début de sa navigation sur le Sontay pour les FNFL, date à caractère purement administratif au vu des informations fournies par les archives citées plus haut.
__________

[1] Il s'agit en fait du lieutenant de vaisseau Paul Lucien Despréaux, né le 26 juillet 1909 à Paris 11ème. Officier de la marine marchande, puis capitaine au long cours, il était entré au pilotage de la Seine en 1938. Rallié à la France libre le 1er juillet 1940, promu lieutenant de vaisseau le 15 août, il avait été affecté à l'aviso colonial Savorgnan de Brazza comme officier en second.


Recherches complémentaires :

  • Dates des embarquements FNFL.


Informations complémentaires :

  • Sur la saisie du Sontay : Marc SAIBÈNE, Jean-Yves BROUARD, Guy MERCIER, La Marine marchande française 1940-1942, Marines Edition, décembre 1998, p. 116


[Mise à jour : 8 juin 2024]

Sources :

  • SHD Vincennes, TTY 834, TTY 647
  • Archives FdFL (AFL 3.522)
  • GR 16 P 149621 [non consulté]
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net