Joseph   CORREA

Date de naissance :

1898

Lieu de naissance :

(100 ) Sénégal

date de décès :

22 septembre 1942 - Mort Pour La France

Lieu de décès :

Atlantique Nord à bord du Roumanie

Cause du décès :

Perte du bâtiment (torpillage)

Ralliement :

mai 1941 - France libre -

Matricules :

Dakar 2965

Affectations :

Roumanie

Grade atteint pendant la guerre :

chauffeur marine marchande

24 mai 1941

Bourbonnais ( Cargo )

mai 1941

Ralliement France libre

22 septembre 1942

Roumanie ( Cargo )

Le 12 mai 1941, Joseph Correa était chauffeur à bord du Bourbonnais, lorsque le cargo de Worms et Cie quitta Dakar à destination de Tamatave (Madagascar). Le lendemain, le bateau fut arraisonné par le croiseur auxiliaire Bulolo (paquebot australien réquisitionné par l'amirauté britannique). Le 14, le croiseur de la Royal Navy HMS Dragon prit le relais du Bulolo et contraignit le Boulonnais à faire route vers Freetown (Sierra Leone), où il arriva le 16 mai.

Ce fut l'occasion pour 16 marins du cargo français, dont Joseph Correa, de déserter et, pour certains, de rejoindre la France libre. Le capitaine F. Thomas, commandant du bâtiment, a relaté, dans un rapport daté du 13 juin 1941, la manière dont les choses se sont déroulées :

« Dès l'arrivée du navire à Freetown, j'ai mis mon équipage en garde contre une propagande probable des Gaullistes. Profitant de l'heure du repas, je me suis rendu moi-même sur le gaillard pour m'entretenir avec les matelots.
Tant que mes officiers et moi-même nous trouvions à bord, aucune propagande n'a été faite. Les quelques Gaullistes qui sont venus à bord sont restés près de l'échelle de coupée et n'ont eu d'entretien qu'avec les marins et soldats anglais qui occupaient le navire.
Le 24 mai à 7 h 30 les Anglais me préviennent que j'ai à quitter le bord avec tous mes officiers à 8 h 30. Ils me refusent de me dire pour quelles raisons on nous fait débarquer. L'ordre est de quitter le bord sans emporter ni vêtements ni vivres. Nous passons toute la journée du 24 à bord de l'Edinburgh Castle, navire servant de dépôt à la Marine britannique. A notre retour à bord du Bourbonnais vers 18 h 30, j'apprends que 16 marins de mon équipage ont déserté, amenés [emmenés] par les Gaullistes. Ces derniers avaient jugé bon, en accord avec les Britanniques, de me faire débarquer pour pouvoir tout à leur aise développer leurs arguments.
A ma connaissance, tous les efforts des Gaullistes ont porté sur la question des salaires. Ils n'ignorent pas, en effet, que la prime de risque n'est pas allouée aux équipages pour la traversée pendant laquelle a été effectuée la prise du navire. Ils se sont offert de payer intégralement la prime qui aurait été due si la traversée Dakar/Tamatave s'était effectuée normalement. Ils ont, bien entendu, promis à l'équipage de lui payer tous les salaires acquis depuis l'armement du navire.
[...]
Les Gaullistes se sont ainsi [aussi ?] attachés à faire comprendre qu'en naviguant avec eux, ils continuaient à faire la guerre à l'Allemagne, sans toutefois les avertir qu'à partir du moment où ils débarquaient du Bourbonnais ils passaient sous le pavillon britannique.
Mais, à mon avis, ce qui a le plus contribué à la défection d'une partie de mon équipage, c'est que les Gaullistes leur ont annoncé qu'une partie importante des équipages du Banfora et du Criton étaient passés dans leur camp. Cette dernière version, mensongère, est confirmée par le fait que quand 100 tirailleurs malgaches ont quitté le Bourbonnais pour être conduits dans un camp, à terre, le chaland qui les portait a fait le tour de la rade, et le lendemain les Anglais annonçaient que tous les tirailleurs malgaches du Bourbonnais allaient, sur leur demande, rejoindre l'armée gaulliste.
La désertion à Freetown de 16 membres de mon équipage n'a pu être possible que parce que mes officiers et moi-même avaient quitté le bord, sur ordre des autorités britanniques. Je suis persuadé que la seule présence de l'un de nous aurait suffi à les empêcher de débarquer. J'insiste sur le fait qu'à part les Sénégalais et les Arabes (huit en tout), il s'agissait d'hommes très jeunes, donc facilement influençables ; sur les huit Européens déserteurs, deux seulement avaient accompli leur service militaire (Didou 32 ans - Caron 22 ans [1]), quatre d'entre eux dont le novice n'avaient pas 20 ans. »

Comme les 15 autres « déserteurs », Joseph Correa fut emmené à bord du Criton. Ce cargo, qui avait quitté Dakar à destination de Madagascar le 7 mai, avait été intercepté le 9 au matin par le croiseur auxiliaire britannique HMS Cilicia et contraint de se dérouter sur Freetown, où 13 hommes décidèrent de rallier la France libre.

Joseph Correa disparut le 22 septembre 1942 avec quatre autres marins coloniaux FNFL à bord du cargo belge Roumanie, torpillé peu avant l'aube par un sous-marin allemand au milieu de l'Atlantique Nord, alors qu'il tentait de rattraper le convoi dont il s'était écarté au début de la nuit.

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[1] Il s'agit vraisemblablement de Pierre Marie Caron.


Recherches complémentaires :

  • Conditions du transfert de Freetown vers la Grande-Bretagne (date, bâtiment).


[Mise à jour : 29 juillet 2021]

Sources :

  • SHD Vincennes, TTY 793
  • GR 16 P 143524 ? [non consulté]
  • Archives nationales (France), Disparitions en mer, accidents, conditions sanitaires , Pierrefitte-sur-Seine, 2014, (inventaire)
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net