Date de naissance :
5 janvier 1921
Lieu de naissance :
Harly (02 ) France
date de décès :
11 novembre 1999
Lieu de décès :
Saint-Brieuc (22) France
Ralliement :
5 mars 1943 - France combattante - 601 ( Trinidad )
Matricules :
1157C38
Affectations :
FNFL New-York (Etats-unis)
Engagement : Marine nationale
Ralliement France combattante - 601 ( Trinidad )
Engagement : France combattante - Londres 400 ( Grande-Bretagne )
Engagement dans les FAFL (Forces aériennes françaises libres)
Le matelot mécanicien René Bourit a raconté dans sa lettre au général de Gaulle remise le 30 avril 1943 à la délégation de la France combattante à New York les circonstances dans lesquelles il est devenu Français libre :
« Mon général, je tiens tout d'abord à vous faire savoir que j'ai fait tout mon possible pour rejoindre vos forces libres bien avant ce jour. A la signature du pacte odieux [1] je me trouvais à Dakar, embarqué sur le Victor Schoelcher [2] depuis le début des hostilités ; je demandai donc audience au consul anglais, afin qu'il puisse me donner quelques indications et conseils qui m'auraient permis de gagner la Gambie ; malheureusement le consul ne put rien pour moi ; étant lui-même surveillé par la police, il attendait son renvoi du Sénégal.
Ce n'est que le 28 mars 1941 que je décidai avec un camarade de partir pour la colonie anglaise la plus proche. La chance tourna contre nous ; le 1er avril nous retombions aux mains des autorités françaises après avoir parcouru 150 km. Le tribunal militaire nous condamna à 60 jours de prison, ce qui valut une longue suite d'enquêtes. Quelques mois plus tard, je refusai de prêter serment de fidélité à la soi-disant personne du chef de l'Etat. Menacé de représailles très sévères, j'ai persisté à ne pas vouloir signer.
Ma campagne au Sénégal tirait à sa fin. Je retournai en France avec l'espoir de tenter ma chance une seconde fois. C'était me faire beaucoup d'illusions, car il était très difficile pour un militaire de vous rejoindre par ce côté. Il ne me restait donc qu'une seule solution : celle de repartir en campagne. C'est ce que je fis. Quelques jours plus tard, je fus désigné pour la Martinique. Mes plus chers désirs étaient donc exaucés.
J'arrivai à Fort-de-France le 18 avril 1942. L'Emile Bertin [3] me compta parmi son équipage. Je voulais sans tarder gagner l'île de Sainte-Lucie, mais les officiers du Bertin, ayant regardé mon livret, me faisaient surveiller. Il me fallait attendre, prendre confiance. Cette surveillance ne pouvait durer. C'était mon seul espoir. C'est donc 1 an plus tard que je pus sans trop de risques mettre la cap sur l'île anglaise à l'aide d'un petit bateau à voile. Trois camarades du Bertin m'accompagnaient [4]. La traversée fut relativement facile. La mer étant un peu agitée servit nos desseins. Voilà, mon général, les faits concernant mon évasion. »
L'un des camarades d'évasion de René Bourit, Georges Tenoux, donne dans sa lettre de ralliement à la délégation de la France combattante de New York (27 avril 1943) des précisions sur les conditions de leur départ et les étapes qui les menèrent à New York :
« Ayant acheté un bateau [5], à quatre, le dimanche 21 février 1943 nous quittions la Martinique. Nous avions posé une permission d'excursion qui nous permettait toute liberté de manoeuvre pour la journée [6]. [De] nombreuses fuites avaient eu lieu déjà et les côtes étaient surveillées. Des vedettes patrouillaient au large. En plein midi nous quittions Les Anses d'Arlet, dernier poste avancé de la Martinique. Ayant subi un vent terrible, nous arrivions définitivement à bon port. Plus tard, nous avons appris que des vedettes rapides s'étaient lancées à notre poursuite, mais, vu le mauvais temps, elles avaient dû rejoindre la côte.
De Sainte-Lucie, nous joignions [sic] Trinidad puis New York, Londres bientôt, je l'espère. »
Après avoir été interrogés par le représentant de la France combattante, René Bourit et ses camarades embarquèrent le 27 février à destination de Trinidad (île des Antilles anglaises). Le 5 mars, ils signèrent leur engagement dans la France combattante. On les installa dans de petites chambres à la caserne St. James' Barracks. Le 7 avril, ils embarquèrent sur le destroyer canadien HMCS Algonquin à destination de la Nouvelle Orléans, où ils arrivèrent le 20 avril. Le soir même, ils prirent le train pour Trenton et furent conduits au camp de Fort-Dix, avant d'être dirigés sur New York.
Après un court séjour dans le port américain, la délégation de la France combattante les envoya par le train à Halifax (Canada). Il furent ensuite transférés en Grande-Bretagne à bord du Loch Monar. Parti du Canada le 27 juin 1943, ils débarquèrent à Liverpool le 7 juillet 1943.
Dans sa lettre du 30 avril, René Bourit évoque aussi les raisons qui l'ont amené à rallier la France combattante :
« En vrai gars du Nord je hais les Boches, je hais tout ce qui touche ou approche de près cette race maudite. Je suis donc venu me ranger sous votre symbole de la liberté pour faire mon devoir de Français : me battre contre les brutes qui sont les Allemands et aussi pour venger les martyrs qui sont tombés durant la guerre de 39-40, ensuite ceux qui sont morts par la faute des traîtres de Vichy. Cela se paiera avec la même monnaie. La France vit toujours plus que jamais. Les Français serrent les coudes, au grand désappointement des Boches et des vendus. S'ils ne connaissent pas le peuple français, ils le connaîtra sous un jour qui sera leur dernier sur cette terre. Donc, Vive la France, Vive vous, mon général, qui avez fait que nous pouvons maintenant espérer revoir nos familles dans la joie, le bonheur et surtout donc la liberté. En échange, la France vous aime, vous admire et vous attend.
C'est avec les mêmes sentiments que je crie Vive le général de Gaulle. »
René Bourit ne resta pas dans la marine [7] mais rejoignit les FAFL (Forces aériennes françaises libres) le 16 juillet 1943. Il obtint son brevet de parachutiste [8] le 27 août au centre d'entraînement britannique de Ringway.
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[1] Allusion à l'armistice signé le 22 juin 1940.
[2] Le bananier Victor Schoelcher avait été réquisitionné au Havre le 28 septembre 1939 et converti en croiseur auxiliaire sous le numéro X7. Le 18 juin 1940, il embarqua à Lorient de l'or de la banque de Belgique, qui, en raison de l'avance allemande, devait être mis en sécurité outre-mer. Mais il n'arriva à Dakar que le 28 juin, donc quelques jours après la signature de l'armistice.
[3] Le croiseur Emile Bertin était immobilisé à Fort-de-France (Martinique) depuis la signature de l'armistice. Les Antilles françaises restèrent sous le contrôle de Vichy jusqu'au 14 juillet 1943.
[4] Les trois compagnons d'évasion de René Bourit étaient Georges Tenoux, André Le Bouc et Pierre Baud. Georges Tenoux ne semble pas être passé par les FNFL avant de s'engager dans les FAFL.
[5] Voir photo n° 1 en document joint (Collection David Poirier)
[6] Sur ce point, le récit de Georges Tenoux diffère des informations fournies par David Portier dans son ouvrage sur Les parachutistes SAS de la France libre : « Bien qu'ils soient consignés à bord, René Bourit, Georges Tenoux, André Le Bouc et Pierre Baud parviennent à franchir le poste de garde du port et à rejoindre l'anse dans laquelle ils ont caché le petit bateau. »
[7] Selon le Mémorial, René Bourit se serait engagé dans les FNFL en mai 1943.
[8] Voir photo n° 2 en document joint (Collection David Portier)
[Dernière mise à jour : 11 mai 2022]
Décorations, distinctions :
Sources :