Van Tien   N'GUYEN dit VAN TIEN

Van Tien N'Guyen embarqua sur la corvette Roselys  en tant que quartier-maître de 2ème classe cuisinier début mai 1942, à Greenock (Ecosse)

                                                               
Entre les deux convois arctiques PQ 16 en mai et retour, QP 13, en juin 1942, le séjour à Mourmansk  fut long de plus de trois semaines. Proche du front germano-soviétique, la région était régulièrement bombardée et deux des cargos du convoi furent détruits alors qu'ils étaient à l'ancre.

L'approvisionnement en vivres y était difficile et réduit, ils recevaient des pommes de terre, faisaient leur pain ; aussi le poisson était-il  pêché par l'équipage, dont au moins une fois après grenadage. Les derniers jours, ils purent enfin acquérir de la viande de renne, et Van Tien prépara, avec les moyens du bord, des plats dont le souvenir restera impérissable pour deux jeunes aspirants affamés.

« Nous avions l'appoint du cuisinier Van Tien qui sut accommoder le renne, reçu parcimonieusement, à la sauce grand veneur et autres recettes, qui le rendaient mangeable, sinon délicieux » écrira l'amiral Flohic.

« Van Tien, cuisinier émérite à l'humeur charmante, à l'ingéniosité débordante,  te souviens-tu d'un certain gâteau que tu nous fis un jour à Mourmansk où nous recevions trois officiers d'un torpilleur russe ancré non loin de nous ? Je n'oublierai jamais, certes, leur ébahissement devant ton oeuvre, que tu avais signée à ta façon en l'ornant d'une Croix de Lorraine, d'une faucille et d'un marteau ! Le tout en crème, bien entendu, c'était parfait, Van Tien. » (L.V. Giret)

En 1994, à l'occasion de la remise de la Médaille du 40ème anniversaire de la Grande Guerre Nationale 1941-1945  par l'Ambassadeur de Russie au VAE Chaline, Président de l'Association des FNFL et ancien de la Roselys, et aux 13 officiers et marins de la Roselys ayant participé à ces convois et encore en vie, (Van Tien n'en est pas),  l'amiral Giret rappellera l'anecdote. (film  L. Giret)

Le retour du QP 13 fut endeuillé par la perte de 5 navires, dont celui du chef d'escorte, le HMS Niger, et de 5 cargos, dans un champ de mines au nord-ouest de l'Islande. La corvette  porta assistance à 179 rescapés grelottants et couverts de mazout. Il fallut les réchauffer, les rhabiller proprement et, comme beaucoup de ses camarades, Van Tien les dépanna avec ses propres vêtements.

Le commandant Bergeret et le commissaire Deguen rédigèrent dès le 7 juillet 1942, pour la base de Greenock et la Direction du Personnel à Portsmouth, un  PV de perte d'effets réglementaires :

 « Le 5 et 6 juillet 1942, pendant les opérations de sauvetage des rescapés d'un convoi, les effets dont la liste suit ont été rendus inutilisables par le mazout, ou distribués aux survivants. Etant donné le grand nombre de ces derniers, le stock de vêtement embarqué à leur usage s'est avéré insuffisant. »

Suivent les  listes nominatives des effets manquants afin de pouvoir reconstituer les contenus de sac des marins à leur retour :

« Van Tien

1 vareuse en drap

2 pantalons bleu [sic] de drap

4 paires de chaussettes

4 mouchoirs

1 brosse à habits

1 brosse à souliers

1 bonnet (57)

2 tricots rayés

2 serviettes »

En avril 1943, au moment des notations, Van Tien fut proposé au grade de quartier-maître de 1ère classe.

En octobre 1943, PM2  demanda  au commandant la liste de tous les hommes  du bord qui étaient inscrits maritimes définitifs. Le capitaine de corvette  Bergeret dressa une liste de 20 noms - un seul avait plus de 30 ans - et il conclut :

« Il n'y a pas de personnel en possession de brevet de la Marine Marchande et non Inscrit Maritime »

On peut en conclure que Van Tien, qui n'y figure pas,  n'était pas en possession d'un tel brevet.

Van Tien N'Guyen était toujours présent à bord, comme quartier-maître de  2ème classe,  sur la dernière liste d'équipage consultée  (1er et 3 décembre 1943).

En 1944, il suivit le commandant Bergeret quand celui-ci prit le commandement de la frégate Croix de Lorraine.

Sa fiche de démobilisation, mal renseignée, ne donne ni la date ni le port de démobilisation, uniquement le nom du navire Roselys, et compte seulement 8 mois d'ancienneté au grade de quartier-maître de 2ème classe, qui aurait été attribué le 1er juillet 1941.

Recherches complémentaires :

• Circonstances de l'engagement dans les FNFL
  
• Embarquements avant 1942
• Embarquements après 1943