Albert, Max   ROULIN

Date de naissance :

31 juillet 1919

Lieu de naissance :

Paris 6e (75 ) France

date de décès :

19 avril 2011

Lieu de décès :

Pléchâtel (35) France

Ralliement :

3 février 1941 - France libre - Durban 100 ( Afrique du Sud )

Matricules :

1591C35, 1159FN41

Affectations :

Savorgnan de Brazza, Président Théodore Tissier, Bouclier, Caserne Bir-Hakeim, Chasseur 10 Bayonne

Grade atteint pendant la guerre :

Second maître secrétaire

N° membre AFL :

27.485

Photo de profil de ROULIN
2 avril 1935   à   1 avril 1936

Ecole des apprentis marins (Brest)

2 avril 1935   à   1 avril 1936

Armorique ( Navire école ) (navire école de l'Ecole des apprentis marins)

1 avril 1936   à   1 octobre 1936

Paris ( Cuirassé )

1 octobre 1936

Engagement : Marine nationale

1 octobre 1936

Matelot breveté élémentaire timonier

1 octobre 1936   à   16 novembre 1936

5ème Dépôt (Toulon)

16 novembre 1936   à   3 août 1938

Dupleix ( Croiseur )

3 août 1938   à   15 septembre 1938

5ème Dépôt (Toulon)

15 septembre 1938   à   16 septembre 1938

Centre passage Marseille

16 septembre 1938   à   13 octobre 1938

Passage paquebot

13 octobre 1938   à   16 novembre 1938

Argus ( Canonnière de rivière )

16 novembre 1938   à   24 juin 1940

Amiral Charner ( Aviso colonial )

1 octobre 1939

Quartier-maître de 2ème classe timonier

24 juin 1940   à   3 décembre 1940

Unité Marine Saïgon

3 décembre 1940   à   2 février 1941

Sontay ( Paquebot ) (passager)

3 février 1941

Ralliement France libre - Durban 100 ( Afrique du Sud )

3 février 1941   à   19 mai 1942

Savorgnan de Brazza ( Aviso colonial )

1 octobre 1941

Quartier-maître de 1ère classe timonier

1 avril 1942

Second maître de 2ème classe timonier

19 mai 1942   à   7 août 1942

Président Théodore Tissier ( Bâtiment base )

1 août 1942

Breveté chef de quart Asdic

7 août 1942   à   4 octobre 1942

Caserne Bir-Hakeim (Portsmouth)

4 octobre 1942   à   30 novembre 1942

Bouclier ( Torpilleur ) (à quai à Hartlepool comme école Asdic)

30 novembre 1942   à   12 décembre 1942

Caserne Bir-Hakeim (Portsmouth)

12 décembre 1942   à   5 août 1943

Chasseur 10 Bayonne ( Chasseur de sous-marins )

5 août 1943   à   1 novembre 1944

Chasseur 14 Diélette ( Chasseur de sous-marins )

1 novembre 1944   à   26 juin 1945

Chasseur 11 Boulogne ( Chasseur de sous-marins )

26 juin 1945   à   1 avril 1946

Unité Marine Londres

Albert Roulin entra à l'Ecole des apprentis marins de Brest le 2 avril 1935. Il acquit sa formation d'abord sur le navire école Armorique, puis sur le cuirassé Paris. Lorsqu'il quitta ce bâtiment le 1er octobre 1936, comme matelot breveté élémentaire timonier, l'engagement qu'il avait signé par anticipation pour compter de sa sortie de l'école entra en vigueur.

Après un premier embarquement sur le croiseur Dupleix, il prit passage en septembre-octobre 1938 sur un paquebot pour rejoindre sa nouvelle affectation en Extrême Orient. Il participa à la campagne de Chine sur la canonnière de rivière Argus mouillée à Canton.

Il était toujours en Extrême Orient, à bord de l'aviso colonial Amiral Charner, lorsqu'éclata la Seconde Guerre mondiale et au moment de l'armistice. Puis, de juin à décembre 1940, il fut affecté à l'Unité Marine Saïgon.


Le 2 décembre 1940, il embarqua à Saïgon comme rapatrié sanitaire sur l'ex-paquebot Sontay, transformé en transport de troupes auxiliaire. Le bâtiment devait notamment ramener en France un détachement de marins réservistes de la Marine en Indochine. Mais, après un séjour de plus d'un mois à Madagascar, le bâtiment fut arraisonné le 26 janvier 1941 à environ 600 milles dans le sud de Madagascar par le croiseur britannique HMS Enterprise, qui l'obligea à se dérouter sur Durban (Afrique du Sud).

Dans son rapport du 3 avril 1941 au capitaine de vaisseau commandant le 5ème Dépôt des équipages de la Flotte à Toulon, l'officier des équipages de 2ème classe Durbec, chef du détachement des marins réservistes de l'Indochine, relate la manière dont certains marins, dont Albert Roulin, auraient été recrutés par les Anglais et les gaullistes après l'arrivée du Sontay à Durban :

« Nous arrivâmes le 29 janvier dans ce port. Le bâtiment fut aussitôt mis au secret et confié aux autorités du port.
[...] A partir de ce moment le Sontay fut gardé militairement et toutes communications avec l'extérieur interdites. En même temps une propagande aussi active qu'insidieuse fut organisée à bord afin de recruter des volontaires pour l'armée de Gaulle.
La présence sur rade de Durban du Savorgnan de Brazza et du Forbin des Chargeurs réunis, ce dernier placé juste sur l'avant du Sontay, facilitèrent cette propagande. Pour éluder la question de pressions extérieures, les hommes étaient invités à sauter à la mer par-dessus bord. Ils étaient aussitôt recueillis par des vedettes de la Police qui croisaient continuellement autour du Sontay à cet effet. Les volontaires étaient ensuite dirigés sur un camp militaire en ville.
[...]
Nos marins résistèrent à cette propagande, ouvertement encouragée et dirigée par les hommes qui composaient la garde anglaise placée à bord sous les ordres d'un lieutenant écossais, qui tous ou presque parlaient d'ailleurs notre langue.
Certes cette propagande s'exerça dans un milieu tout préparé à écouter des propositions séduisantes, qui n'ont d'ailleurs peut-être pas été tenues, car la longueur du voyage, les fausses nouvelles abondamment répandues, le rationnement strict imposé à bord avaient influé sur le moral des hommes, et tout particulièrement sur celui des jeunes gens qui n'ont jamais subi jusqu'ici les privations de 1914-1918, que beaucoup de leurs aînés, dont la plupart de nos marins réservistes, ont connues.
Chaque jour, je prêchais le calme, la résignation, la patience et surtout le devoir des Français dans ces circonstances pénibles : on n'abandonne pas son pays aux heures douloureuses, c'est à ce moment qu'on compte les vrais patriotes. En outre j'avais affiché un avis détaillant les sanctions auxquelles s'exposaient les déserteurs : déchéance de la nationalité française, condamnation par un tribunal maritime pouvant aller jusqu'à la peine de mort, confiscation des biens, suppression des secours aux familles, etc... Cette affiche fut déchirée et remise au lieutenant de vaisseau Dreau [1], second du Brazza, descendu dans la cale  où étaient nos marins pour faire sa propagande pour de Gaulle. Mon appel fut entendu, sauf par deux marins, qui ont agi sans grand discernement et plutôt par esprit de lucre que par pur idéal.
Ce sont les deux marins rapatriés sanitaires :
- le quartier-maître Roullin [sic] A. matricule 1591-C-35, amené sous la protection de la garde anglaise par le lieutenant de vaisseau Le Dréau (ex-pilote du Havre), second du Savorgnan de Brazza, venu armé d'un revolver à bord du Sontay. Les sentinelles écossaises m'empêchèrent de me rendre dans la cale où étaient nos marins pour contrebalancer la propagande gaulliste faite par le second du Brazza, qui se servit des bruits les plus invraisemblables et des mensonges les plus grossiers pour troubler l'esprit de nos hommes, savoir : invasion de la France non occupée par les Allemands, impossibilité de rentrer en France, où sévirait une disette de vivres très dure, etc. ».

Pour recruter des volontaires, les Anglais avaient remis un « avis important » aux membres de l'équipage du Sontay :

« Le service de l'immigration autorise les hommes qui désirent s'enrôler dans les Forces Françaises Libres à aller à terre rejoindre leurs camarades actuellement logés au "Transit Dépôt", Durban.
Les volontaires devront donner leur nom au commandant de la garde à bord. Ils auront par la suite à signer une demande d'engagement dans les Forces Françaises Libres luttant avec le général de Gaulle. »

C'est le 3 février qu'Albert Roulin rallia la France libre à Durban et embarqua immédiatement sur l'aviso FNFL Savorgnan de Brazza, qui venait de subir un grand carénage dans le port sud-africain.

Après un peu plus d'un an passé sur le Savorgnan de Brazza, Albert Roulin fut affecté quelques mois en 1942 au Président Théodore Tissier.

Le 23 septembre 1942, il sollicita son admission dans le personnel volant de l'aéronautique navale en qualité de pilote. Il fut déclaré apte à l'aéronavale par le service de santé. Mais, le 9 octobre 1942, il lui fut répondu que sa demande ne pouvait être prise en considération. Albert Roulin resta donc à bord de bâtiments de guerre jusqu'à la Libération.

Du 12 octobre au 7 novembre 1942, le second-maître timonier Roulin participa au 11ème cours ASDIC (1ère partie) à bord du torpilleur Bouclier, qui servait d'école ASDIC à Plymouth depuis mai 1941. Il en sortit 6ème sur 12 avec une note de 15 1/2 points et l'appréciation suivante :

« Intelligent mais un peu brouillon. Bon opérateur. Apte au cours supérieur. »


Après la guerre, Albert Roulin - reclassé maître secrétaire militaire le 1er juin 1946 - poursuivit sa carrière dans la Marine nationale, qu'il quitta le 1er mai 1957, étant admis à la retraite proportionnelle.


NB : la demande d'admission d'Albert Roulin dans l'Association des Français libres après la guerre (document joint) comporte quelques erreurs de dates, dues en partie à une confusion entre les années 1942 et 1943.

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[1] Il s'agit en fait du lieutenant de vaisseau Paul Lucien Despréaux, né le 26 juillet 1909 à Paris 11e. Officier de la marine marchande, puis capitaine au long cours, il était entré au pilotage de la Seine en 1938. Rallié à la France libre le 1er juillet 1940, promu lieutenant de vaisseau le 15 août, il avait été affecté à l'aviso colonial Savorgnan de Brazza comme officier en second.


Informations complémentaires :

  • Sur la saisie du Sontay : Marc SAIBÈNE, Jean-Yves BROUARD, Guy MERCIER, La Marine marchande française 1940-1942, Marines Edition, décembre 1998, p. 116


[Mise à jour : 10 mars 2024]

Décorations, distinctions :

  • Croix de guerre 1939-1945
  • Médaille militaire
  • Médaille coloniale

Sources :

  • SHD Vincennes, TTC 18, TTC 72, TTY 834, TTY 647
  • Archives FdFL (AFL 27.485)
  • GR 16 P 522987
  • Etat signalétique et des services
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net