Marie, Joseph, Gabriel, Charles   LUCAS

Date de naissance :

15 septembre 1913

Lieu de naissance :

Raon-aux-Bois (88 ) France

date de décès :

14 octobre 1975

Lieu de décès :

Aubenas (07) France

Ralliement :

13 juillet 1940 - France libre - Alexandrie 100 ( Egypte )

Engagement dans les FNFL :

29 septembre 1940 - 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

958T34, 5727FN40

Affectations :

Surcouf, Marine Saint-Pierre, Chasseurs, Minerve, 23ème Flottille MTB

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître électricien

9 janvier 1934

Engagement : Marine nationale - Epinal - pour trois ans

9 janvier 1934

Matelot de 2ème classe

1 août 1934   à   23 octobre 1934

1er Dépôt (Cherbourg)

9 janvier 1934   à   29 janvier 1934

5ème Dépôt (Toulon)

29 janvier 1934   à   1 août 1934

Paris ( Cuirassé )

1 octobre 1934

Matelot de 2ème classe électricien

23 octobre 1940   à   20 décembre 1934

Défense littorale Cherbourg

20 décembre 1934   à   1 octobre 1935

?

1 octobre 1935   à   15 octobre 1935

Centre de sous-marins Brest

15 octobre 1935   à   17 septembre 1937

Lamotte-Picquet ( Croiseur )

17 septembre 1937   à   21 octobre 1937

5ème Dépôt (Toulon)

21 octobre 1937   à   12 février 1938

?

12 février 1938   à   2 mai 1938

Atelier Brest

2 mai 1938   à   17 mai 1938

2ème Dépôt (Brest)

17 mai 1938   à   8 décembre 1938

Strasbourg ( Cuirassé )

8 décembre 1938   à   avril 1939

2ème Dépôt (Brest)

avril 1939   à   13 juillet 1940

Lorraine ( Cuirassé )

13 juillet 1940

Ralliement France libre - Alexandrie 100 ( Egypte )

14 juillet 1940   à   27 septembre 1940

Premier groupe marin

29 septembre 1940

Engagement : FNFL - 400 ( Grande-Bretagne )

1 octobre 1941   à   9 janvier 1942

Surcouf ( Sous-marin )

13 février 1942   à   22 octobre 1942

Marine Saint-Pierre

1 juin 1942

Quartier-maître de 1ère classe

22 octobre 1942   à   1 novembre 1942

Groupe des chasseurs

1 novembre 1942   à   15 mars 1943

Angleterre

15 mars 1943   à   1 juin 1943

Base Dundee

1 juin 1943   à   11 avril 1945

Minerve ( Sous-marin )

11 avril 1945   à   1 mai 1945

Doris ( Sous-marin )

1 mai 1945   à   16 juillet 1945

2ème Dépôt (Brest)

16 juillet 1945   à   27 juin 1946

Centre de dragage

27 juin 1946   à   12 août 1946

Flottille de la 2ème région maritime

12 août 1946

Rayé des contrôles de l'activité et démobilisé

Le quartier-maître électricien Marie Lucas était à bord de la Lorraine depuis le mois d'avril 1939, lorsque la Force X, à laquelle appartenait le cuirassé, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940). Le 14 juillet 1940 à 0 h 00, il était porté déserteur, après avoir quitté son bâtiment pour rallier les FNFL.

C'est vraisemblablement après avoir pris contact avec des partisans de la France libre à Alexandrie - notamment le lieutenant Alby - qu'il fut envoyé à Ismaïlia, où il arriva le 14 juillet avec d'autres déserteurs de la Force X (un du croiseur Suffren, un du cuirassé Lorraine, et un du croiseur Tourville) pour rejoindre le Premier Groupe marin créé quelques jours auparavant par le lieutenant de vaisseau d'Estienne d'Orves.


Le 18 juillet, conformément à son objectif initial, le groupe apprenait qu'il quittait Ismaïlia le lendemain, à la demande du général Legentilhomme, pour aller renforcer la défense de Djibouti. Sur la cinquantaine de marins qui le composaient, 30, parmi lesquels Marie Lucas, acceptèrent de participer à cette mission. Ils quittèrent Ismaïlia par le train à destination de Suez, où ils appareillèrent pour Aden à bord du croiseur auxiliaire britannique Antenor.

Ils arrivèrent à destination le 23 juillet. Mais la veille, le général Legentilhomme, qui avait choisi de continuer la guerre aux côtés de l'Empire britannique, avait été démis de ses fonctions de commandant supérieur des troupes françaises en Côte des Somalis par le gouvernement de Vichy. Le groupe dut donc rester dans un camp militaire britannique près d'Aden du 25 juillet au 2 août.

Le 31 juillet, le commandant d'Estienne d'Orves décida « après mûre réflexion » de suivre l'avis de la majorité du groupe et de gagner l'Angleterre « pour armer les bâtiments français qui s'y trouvent et qui manquent d'équipage, ou bien servir dans l'armée de De Gaulle ».

Le 2 août commença alors un long périple qui amena le groupe - sauf cinq hommes désireux de continuer le combat au Soudan - d'Aden à Greenock, où il arriva le 27 septembre via Berbera (Somaliland britannique), Mombasa (Kenya), Durban et Cape Town (Afrique du Sud), les îles britannique Saint-Hélène et Ascension.


Le 29 septembre 1940, Marie Lucas s'engageait dans les FNFL. Il fut d'abord affecté au croiseur sous-marin Surcouf, apparemment dès le mois d'octobre [1]. Il participa au ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon le 24 décembre 1941.  Le 9 janvier 1942, il fit partie des 13 marins du navire débarqués à Saint-Pierre.


Le 27 octobre 1942, le n° 39 de La Liberté de Saint-Pierre-et-Miquelon publiait dans sa rubrique « Nos combattants nous écrivent » une lettre d'un « Quartier-maître électricien L... au Capitaine de Corvette commandant la Marine à Saint-Pierre ». D'entrée de jeu le marin y expliquait l'objet de sa requête :


« Commandant,
Permettez-moi de faire appel à votre bienveillance et à votre générosité pour mettre fin à une situation qui me ronge depuis un très long moment et me remplit le coeur d'amertume. Je ne peux plus rester à Saint-Pierre alors que tant de mes camarades ont la possibilité et la satisfaction de servir utilement et faire payer à l'ennemi, un peu tous les jours, tout le mal qu'ils ont fait et feront encore.
Je ne veux pas passer un hiver encore ici alors que j'y suis depuis neuf mois, alors que la plupart de mes camarades combattent sans répit et sans repos depuis des années. »


Il faisait appel à la « qualité d'Officier de Marine et de Français Libre » du commandant pour qu'il comprenne les sentiments qui l'animaient :

« Comment pourrais-je espérer rentrer en France un jour la tête haute et fier de moi, une fois la victoire acquise, venant de Saint-Pierre et Miquelon sans pouvoir seulement cracher ma haine et mon désir de vengeance à la tête de cette race maudite d'Allemands ; moi qui ai tant souffert déjà durant la première guerre, étant Alsacien-Lorrain, avec notre pays dévasté à deux reprises en vingt ans d'intervalle, ayant perdu ma mère et ma jeune soeur dans des conditions tragiques alors que nos parents endurent tous les affronts et subissent la haine et la vengeance des Allemands ; alors que ma province est rattachée à l'Allemagne et que, si j'étais chez moi, on me contraindrait à servir contre mon pays dans les forces allemandes. »


Sa volonté de partir au combat s'expliquait aussi par le souvenir de ses « 140 camarades du Surcouf » disparus avec leur bâtiment le 18 février 1942. Il faisait partie de l'équipage du croiseur sous-marin « depuis sa reprise par la France Libre » et c'est « avec le plus profond découragement » qu'il avait « dû les quitter » pour rester à Saint-Pierre.


Il rappelait qu'au moment de l'armistice il était à bord du cuirassé Lorraine, qu'il avait quitté « dégoûté par l'attitude de [ses] camarades et de beaucoup d'officiers anglophobes », qu'il avait suivi le commandant d'Estienne d'Orves, qui « n'est même pas vengé » [2], et son Premier Groupe marin.


Le texte se concluait par un appel poignant :


« Je vous en supplie de toutes mes forces, Commandant, faites-moi partir le plus rapidement qu'il vous sera possible, ne me laissez pas ici. »


Le souhait ardent de Marie Lucas fut exaucé. Il fut affecté aux chasseurs puis sur le sous-marin Minerve.

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[1] La question de la date d'embarquement à bord du Surcouf se pose : l'état signalétique et des services le situe le 1er octobre 1941 alors que des renseignements fournis par Marie Lucas dans La Liberté de Saint-Pierre-et-Miquelon du 27 octobre 1942 sembleraient plaider pour octobre 1940.

[2] Devenu chef du SR (Service de Renseignement) de la France libre en décembre 1940, le capitaine de corvette d'Estienne d'Orves avait été arrêté par les Allemands lors d'une mission en France et fusillé le 29 août 1941.


Informations complémentaires :

  • Sur le Premier Groupe marin :
    • Rose et Philippe HONORÉ D'ESTIENNE D'ORVES, Honoré d'Estienne d'Orves - Pionnier de la Résistance, Editions France-Empire, 1985, pp. 68-119
    • Fondation de la France libre, Délégation au souvenir des marins, Hommage aux membres du Premier Groupe Marin, 29 août 2021

[Mises à jour : juin 2021, 10 septembre 2023]

Sources :

Documents :