Yves, Jean, Marie   LE VERN

Avant son ralliement à la France libre en Grande-Bretagne en juin 1940, Yves Le Vern travaillait à l'arsenal de Brest. Né en octobre 1923, il n'avait pas encore 17 ans. Trop jeune pour être admis dans une unité militaire, il fut alors mis à la disposition de la Légion des jeunes volontaires français nouvellement créée, en attendant d'avoir l'âge requis. Il fut probablement envoyé au camp de Brynbach, une sorte de camp scout au Pays de Galles.

Le camp ferma en septembre, mais une partie des volontaires put s'engager dans la Marine, qui acceptait les jeunes dès 17 ans. Le 15 septembre 1940, Yves Le Vern fut alors envoyé sur le Courbet, qui servait de dépôt à Portsmouth. Son état signalétique et des services le considère comme affecté à la CPL - Compagnie de passage des FNFL à Londres, qui s'occupait de l'incorporation des volontaires - du 30 juin au 13 novembre 1940, mais il s'agit probablement d'une affectation à caractère purement administratif.  Il signa son engagement aux FNFL à Portsmouth le 8 novembre avec effet rétroactif au 30 juin.

Le 13 novembre 1940 selon son état signalétique et des services - le 1er selon sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre -, il fut affecté au contre-torpilleur Léopard. Il le quitta en juin 1941 pour embarquer sur la corvette Alysse jusqu'en décembre 1942.

Après un passage par Marine Saint-Pierre (Saint-Pierre et Miquelon) puis le bâtiment-base Arras à Portsmouth, il retrouva le Léopard de mai 1942 à juin 1943. Il  était donc probablement à bord du contre-torpilleur au moment de son naufrage.

Le 24 mai 1943, le navire avait quitté Malte pour participer à l'escorte d'un convoi de deux pétroliers et de deux cargos à destination d'Alexandrie (Egypte). Dans la nuit du 26 au 27 mai, le convoi qui suivait une route parallèle à la côte africaine à 20 milles dans le Nord dut manoeuvrer plusieurs fois au cours de la nuit pour éviter des attaques d'avions et de sous-marins. Il en résulta pour l'ensemble du convoi une forte erreur en latitude, qui eut pour conséquence l'échouage du Léopard, situé le plus au sud du dispositif d'escorte. Le contre-torpilleur se trouva ainsi immobilisé en bordure de la lagune de Driana, à une trentaine de milles au Nord-Nord-Est de Benghazi, à une cinquantaine de mètres seulement de la côte.

Une partie de l'équipage fut hébergée à Benghazi, tandis que le reste demeurait à bord avec le commandant Richard pour tenter de renflouer le bâtiment. L'opération eut lieu le 30 mai, à l'aide d'un remorqueur venu de Benghazi. Sans succès. Une nouvelle tentative aurait été possible à partir du 16 juin après colmatage des brèches et asséchement du contre-torpilleur. Elle ne put avoir lieu, faute de remorqueur disponible. Trois jours plus tard, le 19 juin, le bâtiment se brisait en deux sous l'effet de la houle.

Après le naufrage, Yves Le Vern fut affecté à Marine au Levant de juin à octobre 1943, avec, selon sa demande d'admission dans l'Association des Français libre, un embarquement sur l'aviso dragueur La Moqueuse d'août à octobre 1943.

En novembre 1943 il fut envoyé aux Etats-Unis comme membre du détachement Escorteur X - pour participer à l'armement du destroyer d'escorte en construction à Wilmington pour la Marine française sous le nom provisoire de USS Crosley (DE-108). Le bâtiment, renommé Tunisien, fut remis à la Marine française à Norfolk le 11 février 1944. Après des essais aux Bermudes, le Tunisien, dont la quasi totalité de l'équipage et de l'état-major était composée d'ex-FNFL, gagna la Méditerranée et participa au débarquement de Provence au mois d'août. Yves Le Vern en débarqua le 14 mars 1945.

Recherches complémentaires :

• Circonstances du ralliement à la France libre (évacué de Brest le 18 juin 1940 ?)
• Enoyé au camp de Brynbach ?
  

[Mise à jour : 20 août 2023]