Jean, Louis, Joseph   LEGAGNEUX

Depuis le 28 avril 1940, l'aide mécanicien Jean Legagneux [1] était en activité de service dans l'équipe AMBC (Armement militaire des bâtiments de commerce) embarquée à bord du Compiègne, lorsque le paquebot des Messageries maritimes se trouva bloqué à Lisbonne en raison de l'armistice. Le 4 juillet, Jean Legagneux quitta le navire pour rallier la France libre. Le lieutenant de vaisseau auxiliaire Daunes, commandant le Compiègne, a relaté, dans un rapport adressé le 9 juillet 1940 à l'attaché naval de la Légation de France à Lisbonne, les circonstances de cette « désertion » :

« Ce marin, dont la conduite habituelle était satisfaisante depuis son embarquement à Brest le 28 avril, m'a fait part le 27 juin de son désir de ne pas rentrer en France où, disait-il, son activité politique révolutionnaire d'avant-guerre lui vaudrait des ennuis. Il est revenu me voir le 1er juillet au soir, en compagnie de deux matelots requis civils, qui devaient abandonner le navire en même temps que lui, m'exposer son intention de rejoindre la partie de la Flotte qui continuait la guerre aux côtés d'une puissance étrangère. Il faisait état d'informations de presse lui laissant croire qu'il pourrait le faire sans difficulté.

J'ai répondu à ses allégations qu'il lui était impossible de quitter le navire. J'ai attiré son attention sur la gravité de son cas, s'il désertait.

Legagneux est descendu à terre en permission régulière à diverses reprises. Il m'a déclaré qu'à la Chancellerie du Consulat de France on lui avait confirmé ce que je lui avais appris, et j'ai pensé qu'il avait renoncé à son projet.

J'ai constaté le 4 juillet qu'il n'était pas rentré à bord, ainsi que trois hommes d'équipage requis civils. J'ai informé par lettre du 5 juillet Monsieur le Consul de France de ces absences irrégulières, pour exercer contre les délinquants les poursuites de droit. »

Jean Legagneux a dû ensuite gagner la Grande-Bretagne. Il s'est engagé aux FNFL le 18 juillet 1940 et a servi au 1er BFM puis au 1er RFM. Il est mort au combat, pendant la guerre d'Indochine, à Tan Uyen - province de Bien Hoa (ex Cochinchine) - le 25 janvier 1946.

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[1] Le Mémorial attribue comme premier prénom à ce marin « Yves ». Il pourrait s'agir d'une lecture fautive de la demande d'admission de sa veuve dans l'Association des Français libres.

Recherches complémentaires :

• Activité politique révolutionnaire avant la guerre.
• Passage de Lisbonne en Grande-Bretagne.

[Mise à jour : 6 février 2024]