Armand, Joseph   LECRUBIER

Date de naissance :

25 novembre 1919

Lieu de naissance :

Saint-Briac-sur-Mer (35 ) France

date de décès :

23 mai 1995

Lieu de décès :

Saint-Briac-sur-Mer (35) France

Ralliement :

1 septembre 1940 - France libre - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

Engagement dans les FNFL :

20 septembre 1940 - 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

4139B39, 5755FN40

Affectations :

Daphné, Egée, Lobélia, Muté chasseurs parachutistes

Grade atteint pendant la guerre :

Second maître canonnier

N° membre AFL :

21.760

29 novembre 1939

2ème Dépôt (Brest)

décembre 1939   à   3 juillet 1940

Paris ( Cuirassé )

1 juin 1940

Breveté canonnier

1 septembre 1940

Ralliement France libre - Londres 400 ( Grande-Bretagne )

1 septembre 1940   à   17 mars 1941

Daphné II ( Cargo ) (AMBC)

20 septembre 1940

Engagement : FNFL - 400 ( Grande-Bretagne )

3 juin 1941

Egée ( Cargo )

1 septembre 1942

Lobélia ( Corvette )

Engagement : FAFL

8 mars 1943

Affecté à l'Infanterie de l'air

9 septembre 1945

Démobilisé à Angers

Armand Lecrubier embarqua apparemment sur le Paris le 9 décembre1939 [1]. Le cuirassé appartenait avec le Courbet à la Division d'instruction (école de canonnage). Le 21 mai 1940, l'amirauté française donna l'ordre de réarmer les deux bâtiments à effectif de guerre pour former la 3ème Division de ligne, qui appareilla le 27 pour Cherbourg, emmenant avec elle les ouvriers de l'arsenal, qui achevaient de renforcer la DCA du port. Le 6 juin, le Paris fut envoyé au Havre, où il prit une part active à la défense anti-aérienne. Le 11 juin, il fut sévèrement ébranlé par une attaque allemande. Il fut renvoyé le soir même à Cherbourg et de là à Brest, où il arriva le 14 juin pour passer au bassin. Il put en sortir à temps pour l'évacuation de Brest le 18 juin et se rendit à 7 noeuds à Plymouth, emmenant 2600 hommes, dont 1600 mousses de l'Armorique. Le navire fut saisi par les Britanniques le 3 juillet dans le cadre de l'opération Catapult [2]. Entretemps Armand Lecrubier avait été breveté canonnier.


Après la saisie du Paris, il fut interné dans un camp anglais. Dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre, il date du 20 septembre 1940 son engagement dans les FNFL. Mais le document porte un ajout manuscrit : « FNFL 1-9-1940 ». Il pourrait s'agir de sa date de ralliement à la France libre, régularisée le 20 septembre par la signature d'un acte d'engagement en bonne et due forme.


Armand Lecrubier a raconté à Henri Bellamy la suite de son parcours [3] :


« Le soir même de mon engagement, je fus embarqué comme canonnier à bord du Daphné II, bâtiment de commerce français. On était bombardé dur, en ce temps-là, par les avions allemands. Notre trajet régulier était Newcastle-Londres ; nous ravitaillions en charbon les usines de la région. Au bout de 7 mois, le Daphné fut torpillé, coupé en deux. Avec le second [4] et un autre camarade nous ramenâmes, à nous trois, la partie flottante, prise en remorque par un chalutier. »


Pierre Santarelli a détaillé dans le t. 4 de l'Historique des Forces navales françaises libres les circonstances de l'attaque intervenue le 18 mars 1941 :


« Le 17 mars 1941, le cargo appareillait sur lest de Londres, à destination de la Tyne. Il était intégré au convoi TG-32. Ces convois côtiers étaient sous la menace souvent conjuguée de l'aviation ennemie, des mines et des vedettes rapides (Schnellboote). Pour se prémunir contre les attaques aériennes et si les conditions météo le permettaient, plusieurs navires remorquaient une saucisse (balloon barrage).

Le 18 mars 1941, la nuit est claire, la lune à son premier quartier permettait d'apercevoir le convoi s'étirant sur deux files, le Daphné était dans la deuxième, celle du large. C'était l'heure d'un changement de route, on arrivait à la bouée Dudgeon marquant le chenal dragué de la Humber River. [...]

Derrière la bouée, guettant la marche du convoi, se tenait la vedette allemande S-102 (OL Töniges) qui lance une torpille. La torpille destinée à un gros cargo de la fille la plus à terre manque son but et continuant sa course vient frapper à 1 h 20 le Daphné à bâbord sur l'avant de la cale 3 qui se remplit immédiatement ainsi que les compartiments de la machine et de la chaufferie. Par bonheur la chaudière n'explose pas. Le Louarn [5] décide d'abandonner le navire et de sauver l'équipage, il ordonne l'évacuation en laissant à bord trois volontaires.[6] »


Selon Pierre Santarelli, 26 marins étaient recueillis par le cargo Corfits, le HMS Kingsdown Olivine, tandis qu'une équipe du destroyer Versatile accostait le Daphné II à bâbord et réussissait à dégager le premier chauffeur blessé et coincé dans sa cabine. Les trois volontaires restés à bord du Daphné II participèrent à une difficile opération de remorquage, rapportée par Pierre Santarelli :


« Le chalutier passait une remorque, mais elle cassait à deux reprises au cours du remorquage jusqu'à ce qu'un remorqueur du service de sauvetage en établisse une autre et après 14 heures de touage parvienne à échouer le Daphné menaçant de couler par l'arrière. Vers 20 h 10, le navire était mouillé au sud de l'entrée de la Humber.

L'équipage revint à bord pour tenter de sauver le plus de matériel possible et fut hébergé à Grimsby, puis envoyé à Londres et de là à Liverpool pour être mis en subsistance sur le Volontaire. »


Le capitaine Le Louarn et son équipage furent ensuite mutés en juin sur l'Egée, cargo jusque là armé par un équipage britannique. [7]


Armand Lecrubier a raconté la suite à Henri Bellamy [8] :


« Je fus alors nommé second maître. Sans tarder, tout l'équipage fut embarqué à bord de l'Egée. Même trafic pendant un an et demi. Les avions ne nous lâchaient guère, mais la D.C.A. du bord en abattit deux et probablement trois. Je passai alors sur une corvette qui accompagnait les convois dans l'Atlantique Nord du Canada en Angleterre. Puis un jour, en mars 43, on demanda, à la marine, des volontaires parachutistes ; je posai ma candidature, fus accepté et mis à l'entraînement.

Le camp d'entraînement était en Ecosse. Là, nous étions initiés au maniement des armes modernes, les anglaises comme les étrangères : on apprenait à se servir des engins de sabotage : bombes, grenades, mines, etc... La culture physique occupait une grande partie de notre temps. »


C'est à la corvette Lobélia qu'Armand Lecrubier fait allusion dans son témoignage. Dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres, il indique y avoir été affecté en juillet 1943. Il s'agit vraisemblablement d'une erreur. Selon le site fflsas.org, c'est le 1er septembre 1942 qu'il a été affecté à ce bâtiment. Le 8 mars 1943, après avoir quitté les FNFL pour les FAFL (Forces aériennes françaises libres), il était affecté à l'Infanterie de l'air. En juin-juillet 1943 il effectuait un stage commando, après avoir obtenu son brevet de parachutiste le 4 mai à Ringway.


Il fut ensuite affecté successivement aux 1er BIA (1er Bataillon d'infanterie de l'air), 3ème BIA et 3ème SAS.


Le 17 août 1944, il fut parachuté dans la région de Lyon et son groupe participa à des actions avec la Résistance, notamment contre des convois. Les parachutistes furent ensuite dirigés sur Belfort et mis à la disposition de l'armée américaine pour patrouiller et ramener des prisonniers.


Recherches complémentaires :

  • Embarquement sur le Courbet ?
  • Dates d'embarquement sur la corvette Lobélia.


Informations complémentaires :

  • Sur le Daphné : Capitaine de vaisseau (h) Pierre SANTARELLI, Historique des Forces navales françaises libres, t. 4, pp. 92-93.


[Mise à jour : 13 juillet 2023]

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[1] Information fournie par Armand Lecrubier dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre.

[2] Henri BELLAMY, La Résistance dans mon village - Saint-Briac-sur-Mer, chez M. Poirot, Libraire, St-Briac-sur-Mer (I.-et-V.), édité par l'auteur, 1946. Henri Bellamy, qui a recueilli le témoignage direct d'Armand Lecrubier, indique qu'il était embarqué sur le Paris en juin 1940 et au moment de l'opération Catapult le 3 juillet (p. 141). Cependant, selon le site fflsas.org, il aurait été affecté au Courbet le 1er janvier 1940 et serait arrivé en Grande-Bretagne le 28 juin 1940. Information à vérifier, d'autant plus que le Courbet n'a pas rejoint la Grande-Bretagne le 28 mais le 20 juin.

[3] Henri BELLAMY, op. cit., p. 141

[4] Ferdinand Vincent Marie Perennes, second capitaine du Daphné de juin 1940 à mars 1941.

[5] Guillaume Marie Le Louarn, commandant du Daphné.

[6] Armand Lecrubier faisait vraisemblablement partie des trois volontaires, si l'on se réfère à son témoignage recueilli par Henri Bellamy.

[7] Dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre, Armand Lecrubier date son embarquement sur l'Egée du 17 mars 1941, ce qui est évidemment impossible, puisque le Daphné II a été torpillé le 18 mars et que l'équipage a été ensuite envoyé à Grimsby, puis à Londres et enfin à Liverpool, où il a été mis en subsistance sur le Volontaire. La date indiquée sur le site fflsas.org - 3 juin 1941 - est plus plausible et correspond effectivement au moment du réarmement de l'Egée sous pavillon à croix de Lorraine.

[8] Henri BELLAMY, op. cit., p. 141

Décorations, distinctions :

  • Croix de guerre 1939-1945

Sources :