Germain, Marie, René   AVELINE

Date de naissance :

11 février 1917

Lieu de naissance :

Pontgouin (28 ) France

date de décès :

11 juillet 1985

Lieu de décès :

Poissy (78) France

Engagement dans les FNFL :

24 janvier 1942 - East London ( Afrique du Sud )

Matricules :

3158B34, 184FN42

Affectations :

Base Greenock, Savorgnan de Brazza, Arras, Marine Madagascar

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître infirmier

N° membre AFL :

35.506

5 novembre 1934

Engagé volontaire dans la marine (Brest)

1934   à   1935

Ecole des fusiliers

17 décembre 1935

Engagé volontaire à Brest

1 juillet 1936

infirmier

1937   à   août 1940

CFI Sidi-Abdallah Bizerte (Centre de formation indigène)

août 1940   à   12 avril 1941

DCA Casablanca

1941

Cap Tourane

24 janvier 1942

Engagement : FNFL - East London ( Afrique du Sud )

6 mai 1942   à   20 août 1942

Roselys ( Corvette )

26 août 1942   à   10 février 1943

Caserne Bir-Hakeim (Portsmouth)

10 février 1943   à   21 juillet 1943

Savorgnan de Brazza ( Aviso colonial )

21 juillet 1943   à   21 août 1946

Marine Diégo-Suarez

1 juillet 1946

Quartier-maître de 2ème classe infirmier

21 août 1946

Démobilisé à Diégo-Suarez

- A bord du Cap Tourane


Germain Aveline faisait partie de l'équipage du paquebot Cap Tourane qui quitta Saïgon le 6 septembre 1941 en convoi avec des passagers et une importante cargaison. Après une escale à Diego Suarez (Madagascar) le 25 septembre, le convoi fut arraisonné le 2 novembre 1941 à 260 milles au sud de Durban par une importante flotte britannique dans le cadre de l'opération « Bellringer » et les bateaux saisis dirigés vers des ports d'Afrique du Sud, Port-Elizabeth pour le Cap Tourane, East London pour d'autres. Les Anglais enregistrèrent à bord du Cap Tourane 12 officiers et 80 matelots dont Germain Aveline enregistré comme « soutier » et non « infirmier ».

Celui-ci fut détenu dans un des camps alentour et ce fut à East London (Afrique du Sud), qu'il rallia les FNFL auprès du lieutenant de vaisseau Ascornet, selon ses déclarations d'avril 1942 au lieutenant de vaisseau Langlais. Son ralliement fut daté du 24 janvier 1942. Son parcours vers le Royaume-Uni le conduisit d'abord en Nouvelle-Zélande avant de remonter vers le nord ; il arriva à Greenock le 16 mars 1942 et dit s'être engagé en Nouvelle-Zélande, mais c?est plus vraisemblablement à Greenock le 25 mars 1942.


Le 29 avril 1942, le lieutenant de vaisseau Langlais, commandant la Base de Greenock, intervint auprès du contre-amiral, commandant les FNFL :

« Le matelot infirmier Aveline Germain, destiné à la Corvette Roselys et actuellement en subsistance à la Base de Greenock, s'est adressé à moi en vue d'obtenir le paiement d'une somme de Frs 5000, qui lui était due comme salaire de la Marine marchande, lorsqu'il a rallié les FFL, à East London, en provenance du navire Cap Tourane arraisonné sur la côte sud-africaine. » 

Le Lieutenant de Vaisseau Ascornet en mission à East London, qui a reçu l'engagement de l'intéressé, lui avait, paraît-il, promis que la somme lui restant due par son bâtiment, lorsque celui-ci a été saisi, lui serait payée à Londres. Aveline me déclare que tous les papiers qu'il possédait pour justifier ses dires ont été déposés par lui au Service central de l'intendance à Londres. Il m'affirme que plusieurs de ses camarades qui ont été envoyés, soit en Syrie, soit affectés à la Marine marchande, ont déjà été réglés des salaires qui leur étaient dus et il s'inquiète de savoir quand et comment il recevra lui-même le paiement qui lui revient. Je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien me faire connaître s'il vous sera possible de donner satisfaction à l'intéressé dans un avenir prochain. » 


Dans son Etat signalétique et des services, le paiement des 5000 F pour pécule de marin, mandaté le 17 avril 1941 et de nouveau le 23 janvier 1948 ne sera réglé que le 8 décembre 1973 !



- A bord de la Roselys


Le 26 janvier 1942, Yves Bacon était à bord de la corvette Roselys lorsqu'elle éperonna un U Boot aperçu dans la nuit et qu'elle coula probablement. Le navire fut cité à l'ordre des FNFL le 5 février et la Croix de Guerre attribuée aux hommes ayant mené l'attaque. 


De mai à juillet 1942, Germain Aveline participa aux durs convois PQ 16 et QP 13 vers Mourmansk à bord de la corvette Roselys qui fut le seul bâtiment français à assurer l'escorte de convois arctiques. Lors du convoi PQ 16 du 16 au 30 mai 1942 à destination de Mourmansk qui comportait une flotte marchande de trente-cinq cargos formé en neuf colonnes, sept navires disparurent, mais trois quarts des cargaisons, livrées à temps, purent être acheminées vers les zones de combat du territoire soviétique, juste avant la bataille de Stalingrad.

 Le convoi retour QP 13 repartit de Mourmansk vers l'Islande le 27 juin 1942, il comprenait trente-cinq navires marchands naviguant sur lest pour la plupart. Le soir du 5 juillet, les navires avançaient disposés en deux colonnes à la vitesse de 8 noeuds sous un vent proche de la tempête avec une mer grosse (de NE 6 à 7), une température de 4°C et une visibilité réduite à 1 mille ; la navigation se faisait depuis 3 jours à l'estime, plus aucun radar ne fonctionnait. Par erreur, le chef du groupe les engagea dans un champ de mines magnétiques posé par les Britanniques au large NW de l'Islande. A partir de 20h40, six navires, touchés par des explosions, coulèrent rapidement. Le lieutenant de vaisseau Bergeret, commandant la Roselys décida de se maintenir dans le champ de mines et fit accroché des filets le long de la coque pour aider les naufragés à grimper, le temps ne permettant pas la mise à l'eau d'embarcations. Des hommes n'hésitèrent pas à descendre au ras de l'eau pour accrocher et haler les marins qui appelaient à l'aide, couverts de mazout, certains souffrant de brûlures et à demi asphyxiés. 

La corvette assura le sauvetage de 179 rescapés, ce qui lui valut la Croix de guerre. La Roselys et son commandant reçurent également la reconnaissance de l'Amiral Brainard, commandant la 24ème Force d'intervention de la Flotte atlantique des Etats-Unis : « Vous vous êtes acquis le respect et la reconnaissance de la Marine des Etats-Unis ». Des officiers rescapés témoignèrent de « l'habileté manoeuvrière et de l'organisation précise et efficace déployée par le personnel ».


- Rébellion du 20 août 1942 

De retour au port de Greenock, Germain Aveline fit partie des trente-trois quartier-maîtres et marins (soit plus de la moitié de l'équipage, mais aucun officier) qui manifestèrent leur désaccord au départ d'un de leur camarade pour la prison de Coatdyke (près de Glascow en Ecosse) en quittant le navire. Vingt-neuf d'entre eux furent envoyés en détention à la caserne Bir-Hakeim près de Portsmouth. Lors des jugements, furent distinguées les punitions de 1er ordre, probablement décidées peu après les faits et celles de 3ème ordre qui furent plus tardives et toutes appliquées : détention, suspension de grade ou de spécialité. Cinq, dont Aveline, eurent une peine de 60 jours pour « incitation à une manifestation contraire à la discipline ». Sanctions de 3ème ordre : les matelots Infirmier Aveline et fusilier Nicot reçurent non seulement une suspension de leur spécialité, et donc de la solde correspondante, mais ils furent rétrogradés au rang d'apprenti-marin et pour une durée même pas spécifiée... Suivaient les modifications des condamnations infligées en octobre : 

« (...) ATTENDU que la commission d'enquête à compétence extraordinaire a proposé une suspension de grade pour les quartiers maîtres Gabillard et Ruelle et que par conséquent la sanction du 3ème ordre infligée au matelot Aveline, coauteur des infractions retenues contre ces quartiers maîtres apparaît excessive, ATTENDU qu'il convient de maintenir une égalité dans la répression (...) », ils passèrent au grade de matelot sans spécialité de 1ère classe au lieu de rester apprentis-marins ; on peut s'étonner d'une suspension de spécialité prolongée à 6 mois si l'objectif était bien de rétablir une certaine équité avec les quartiers-maîtres punis de 3 mois de suspension seulement. 

Par la suite, l'Etat-major parut regretter la sévérité des sanctions et l'affaire fut étouffée. En effet, en réponse à la demande de l'Etat-major lui demandant de désigner les hommes qu'il souhaiterait voir récompensés, le commandant Bergeret proposa Petrochilo, Philippon, Abarnou, Rom, Aveline et Ruelle dans un courrier du 31 août 1942. Et Germain Aveline, toujours en détention à la caserne Bir-Hakeim, reçut un témoignage de satisfaction de l'amiral Auboyneau ; « Pour la compétence et le dévouement dont il a fait preuve le 5 juillet 1942, en soignant, par gros temps, 176 (sic) survivants de navires coulés par des mines, dont plusieurs blessés graves ».


Décorations, distinctions :

  • Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze
  • Port de la fourragère avec nom Roselys

Sources :