Date de naissance :
31 mai 1923
Lieu de naissance :
La Selle-Craonnaise (53 ) France
date de décès :
septembre 2012
Lieu de décès :
(400) Grande-Bretagne
Ralliement :
20 mars 1943 - France combattante - New York 600 ( Etats-Unis d'Amérique )
Engagement dans les FNFL :
24 mai 1943
Matricules :
10403T41, 469FN43
Affectations :
Caserne Surcouf, 1er BFMC
Grade atteint pendant la guerre :
Matelot fusilier
N° badge commando Kieffer :
78
Engagement : Marine nationale - Laval (pour cinq ans)
Matelot de 2ème classe
Matelot de 2ème classe breveté élémentaire canonnier
Ralliement France combattante - New York 600 ( Etats-Unis d'Amérique )
Engagement : FNFL
Matelot de 2ème classe fusilier
Démobilisé, rayé des contrôles de l'activité
Au moment de l'opération Torch (débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942), Eugène Guinebault était sur le Richelieu à Dakar. Il fut révolté par les déclarations anti-alliés du commandant du bâtiment, le capitaine de vaisseau Deramond.
Après le ralliement des forces armées d'Afrique du Nord et d'AOF aux alliés, le Richelieu fut envoyé à New York pour y être réparé et modernisé. Parti de Dakar le 30 janvier 1943, il entra au bassin de Brooklyn le 18 février. Le 24 mars 1943, le matelot canonnier Eugène Guinebault désertait du Richelieu à New York et remettait à la délégation de la France combattante son admission dans les FNFL. Il écrivait :
« Mon Général
Je vous écris pour vous faire part de ma décision attendue depuis très longtemps de venir combattre à vos côtés car depuis longtemps je serais venu de tout coeur continuer la bataille que vous avez entreprise, si mes moyens me l'aurai [sic] permis. Aujourd'hui l'occasion se présentant à moi, je quitte le Richelieu, dont l'esprit de nos supérieurs n'est guère l'esprit de vrais Français. Je me suis aperçu dans leurs discours et leurs agissements au moment de l'invasion anglo-américaine en novembre 1942, et qu'ils préféraient la victoire allemande que celle de l'Amérique. Alors ils ont essayé de nous faire croire à plusieurs mensonges commandités très probable par le gouvernement Laval. Mais l'équipage n'accepta pas et plusieurs manifestations à bord éclatèrent. Beaucoup de camarades furent envoyés en prison pour avoir crié "Vive l'Amérique".
A ce moment, la victoire américaine était venue. Il y eut des arrangements avec le commandant de façon à venir en réparation. Tout le monde croyait alors à une vraie entente. Mais à peine arrivés à New York, ils ne pensent qu'à nous faire paraître des affiches à bord critiquant le général de Gaulle. Et même par moment ils prennent les Américains tout-à-fait pour des imbéciles, alors que le moment est venu de s'unir. En plus, depuis que nous sommes arrivés le commandant nous le voyons plus. Il est toujours enfermé. Les autres officiers sont froids. On voit que cela leur déplaît.
Alors, mon général, je n'ai pas plus [sic] vivre dans ce genre d'atmosphère. Vraiment, ma place n'est pas à bord. Il y a longtemps que j'avais essayé de passer mais la chance ne m'avait pas érté favorable. Mais maintenant que j'ai fait mes premiers pas dans l'armée de la France libre, qui, au moins je suis sûr, combat pour une unique chose, "le relèvement de la France".
Mon général, vous m'excuserez pour l'écriture et les fautes que j'ai dû faire, mais au moins vous penserez que c'est le coeur d'un vrai Français, qui ne pense qu'à servir ses nouveaux chefs.
Veuillez agréer mon général toutes mes sincères salutations. »
Monsieur Pierre Joufflineau, qui a étudié le parcours d'Eugène Guinebault après son transfert en Grande-Bretagne, donne les précisions suivantes.
Eugène Guinebault se porta volontaire pour les commandos et participa aux stages à Achnacarry en Ecosse. Il passa avec succès les épreuves et fut intégré comme Lance Corporal au Commando n° 10 interallié le 17 juin 1943.
Membre de la Troop 8, il prit part les 25 et 26 décembre 1943 à l'opération Hardtack 28 (raid sur Jersey), qui fit deux morts et un blessé grave parmi ses camarades.
Peu avant l'opération Overlord (débarquement en Normandie), il fut transféré avec ses compatriotes au Commando n° 4, sous le commandement de Philippe Kieffer.
Le 6 juin 1944, armé d'un mortier, il débarqua du Landing craft n° 256 à Sword Beach, près de Ouistreham. Objectif : prendre le casino de la ville transformé en bunker de commandement allemand.
« Lors de cette attaque, son serveur porteur des obus s'était noyé lors du débarquement ; il utilisa alors des obus de mortier d'un soldat allemand décédé. Son commandant fut stupéfait des ravages causés par cette arme improvisée. Puis l'objectif suivant était de rejoindre le pont de Bénouville sur l'Orne alias "Pegasus Bridge" en soutien des commandos britanniques. Blessé gravement au bras gauche, Eugène Guinebault est évacué sur une civière portée par deux soldats allemands faits prisonniers qui s'enfuient après une attaque aérienne. Il est de nouveau touché : "Des éclats d'obus transpercèrent le casque de Guinebault comme un ouvre-boîte et plusieurs fragments se logèrent dans son corps" (source : Daily Telegraph du 12 novembre 2012).
Evacué sanitaire après ses blessures, il subit plusieurs opérations et sauva son bras gauche. »
Après sa convalescence, Eugène Guinebault se maria avec sa marraine de guerre à Lewes, dans le Comté du Sussex. Il devint maître d'hôtel au célèbre Savoy Hotel, puis il ouvrit un restaurant à Bexhill-on-Sea, dans le Sussex, là où étaient stationnés les commandos français pendant la guerre.
[Mise à jour : 18 février 2023]
Décorations, distinctions :
Sources :
Documents :