Date de naissance :
29 janvier 1918
Lieu de naissance :
Saint-Pierre (Saint-Pierre-et-Miquelon) (975 ) France
date de décès :
25 juin 1980
Lieu de décès :
Saint-Pierre (Saint-Pierre-et-Miquelon) (975) France
Engagement dans les FNFL :
12 novembre 1941
Matricules :
5919FN41, 182B41
Affectations :
Arras, Commandant d'Estienne d'Orves, Aconit, Marine Saint-Pierre, Croix de Lorraine
Grade atteint pendant la guerre :
Quartier-maître de 2ème classe radiotélégraphiste
N° membre AFL :
8.973
Engagement : FNFL
FNGB (Forces navales en Grande-Bretagne) Ayr
Le 2 octobre 1941, donc avant le ralliement de Saint-Pierre et Miquelon à la France libre (décembre 1941), Fernand Apestéguy débarquait à Terre-Neuve après s'être évadé de l'archipel, en doris de nuit, pour rallier la France libre. Il gagna ensuite la Grande-Bretagne où il s'engagea dans les FNFL le 12 novembre 1941.
Après un passage par la CPL (Compagnie de passage à Londres) pour les formalités d'incorporation et un stage de formation militaire dans la base anglaise HMS Royal Arthur à Skegness, il embarqua sur la corvette Commandant d'Estienne d'Orves puis à deux reprises sur la corvette Aconit. Entre ces deux derniers embarquements il fut affecté quelques mois à Marine Saint-Pierre à bord de la vedette de patrouille Revanche.
En août 1944, Fernand Apestéguy fut affecté à Ayr, où se trouvait une école britannique de radios, puis à la frégate Croix de Lorraine.
Le 23 juin 1942, dans la rubrique « Nos Combattants nous écrivent », La Liberté de Saint-Pierre-et-Miquelon publiait un bref extrait d'une lettre de Fernand Apestéguy à ses amis, datée du 26 avril :
« Je suis sorti premier du cours de radio dont je vous ai parlé dans mes lettres précédentes. Recevez de la part d'un Saint-Pierrais luttant pour la délivrance de notre chère Patrie, ses salutations empressées. »
Le 4 août 1942, le journal publiait une nouvelle lettre du marin, adressée à M. Humbert et datée du 16 mai :
« Je suis depuis quelque temps embarqué à bord d'une nouvelle corvette française libre : le Commandant d'Estienne d'Orves. J'espère et souhaite de tout coeur que cette corvette puisse avant longtemps venger la mort de l'homme dont elle porte le nom [1], et qui avait, avant de partir en France, fait le sacrifice de sa vie pour la libération de sa Patrie, la nôtre à tous, et si chère à nos coeurs St-Pierrais.
Sur ce nouveau bâtiment, et j'en suis fier, se trouve un assez grand nombre de St-Pierrais dont voici les noms : Jean Poirier, Jean Heudes, Georges Doussin, Noël-Jean Mahé, Yves Jézéquel, Eugène Champdoizeau, Adrien Lafitte, Kiki Guyomard, et moi qui suis matelot radio à bord, selon mon désir et mon but en quittant nos îles.
J'espère que nous aurons l'occasion aussi de venger nos pauvres compatriotes de l'Alysse, disparus en service de convoiement dans l'Atlantique [2]. De cette corvette disparue, il se trouve à bord de la nôtre quelques-uns des rescapés, dont une partie de l'état-major. Et vous pouvez le croire, nous attendons avec impatience l'heure de la vengeance.
Vive de Gaulle ! Vive la France Libre ! Vive les Français Libres des Iles Saint-Pierre et Miquelon ! A bas les capitulards ! Justice pour les traîtres ! »
En septembre1943, Fernand Apestéguy était radio à bord de l'Aconit lorsque la corvette fut envoyée « en transformation » à la Nouvelle-Orléans. Joseph Guerlavais, également radio sur le bâtiment, se souvient d'une soirée particulière en compagnie de son camarade Fernand Apestéguy pendant ce séjour en Louisiane [3] :
« Nous y resterons plus d'un mois, nous sommes logés dans une base américaine. Nous y sommes comme des rois, pas d'appel, rien à faire, tout juste boire, manger et se promener. Je me souviens de ma première sortie, le jour même de notre arrivée. Vers 23 h 00, je suis parti à terre en compagnie d'un autre radio, un camarade de Saint-Pierre et Miquelon, Fernand Apestéguy, lequel possédait des dollars canadiens. Nous étions les premiers Français libres dans cette ville [4]. A peine étions nous installés, à la table d'un bar, que les chopes de bière ont commencé à rappliquer, plus d'une quinzaine pour nous deux. A 00 h 00, le bar était clos par les militaires américains, mais pas pour nous !... Ces derniers nous appelaient : "French's, come on, beer for me !" Nous allions à la porte du bar prendre les commandes et, faisant mine de rien, nous les leur portions à l'extérieur, non sans prendre les dollars, et ceux-ci nous disaient "Keep money, for you !" (gardez la monnaie !) [4]. Les serveurs n'étaient pas dupes, mais fermaient les yeux. Inutile de dire dans quel état nous sommes rentrés à bord. »
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[1] ] Devenu chef du SR (Service de Renseignement) de la France libre en décembre 1940, le capitaine de corvette d'Estienne d'Orves avait été arrêté par les Allemands lors d'une mission en France et fusillé le 29 août 1941.
[2] La corvette Alysse avait été torpillée le 8 février 1942 dans l'Atlantique Nord par un sous-marin allemand. Parmi les 35 marins qui ont péri dans l'explosion ayant suivi le torpillage, cinq étaient originaires de Saint-Pierre et Miquelon. Il faut y ajouter l'officier de liaison britannique.
[3] C'est par erreur que Joseph Guerlavais situe cet événement en juillet 1943. L'Aconit est entrée en carénage à la Nouvelle-Orléans en septembre 1943.
[4] Plutôt : « Gardez l'argent ! »
Vidéo : reportage d'Adrien Develay et Flavie Bry sur Fernand Apestéguy (SPM La1ère, 6 janvier 2021)
[Dernière mise à jour : 23 septembre 2021]
Sources :
Documents :