Date de naissance :
17 mai 1917
Lieu de naissance :
(100 ) Togo
date de décès :
27 décembre 1993
Lieu de décès :
(100) Togo
Engagement dans les FNFL :
3 juillet 1940 - 400 ( Grande-Bretagne )
Matricules :
1005FN40
Affectations :
Commandant Dominé
Grade atteint pendant la guerre :
Quartier-maître canonnier
N° membre AFL :
3.446
Engagement : FNFL - 400 ( Grande-Bretagne )
Le 8 juillet 1959, répondant à une enquête conduite par le Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale avec l'appui de la Revue de la France libre, Georges Fioux a raconté comment il était devenu Français libre :
« Ayant été appelé dans la Marine nationale pour effectuer mon service militaire, le 3 septembre 1937, j'ai donc été maintenu sous les drapeaux le 3 septembre 1939. J'étais matelot cuisinier sur le sous-marin Orion et en juin 1940 nous étions en disponibilité armée à Cherbourg. Nous avions fait la drôle de guerre en Méditerranée et en Atlantique Sud, sans avoir tiré un seul coup de canon ou tiré une torpille.
Lors de l'avance allemande, nous avons été évacué sur Plymouth, remorqués par un remorqueur belge, car nous étions en cale sèche et notre sous-marin, démuni de ses moteurs, batteries et torpilles, n'était en réalité qu'une coque.- De Plymouth, nous avons été transférés au Centre des sous-marins HMS Dolphin de Portsmouth.
Vers le 18 juin, notre commandant, le lieutenant de vaisseau Vichot, nous a fait demander si nous étions volontaires pour continuer la guerre à bord des sous-marins. Réponse affirmative de l'équipage en général. Je n'ai jamais entendu l'appel du général de Gaulle, mais ai simplement su qu'un gouvernement provisoire était formé en Angleterre et qu'à sa tête se trouvait le général de Gaulle.-
Quelques jours après nous avoir demandé si nous continuons la guerre à bord des sous-marins, le commandant nous a réunis et nous a exposé la situation. Ce qui m'a le plus frappé, c'est l'éloge fait par notre commandant du nouveau gouvernement constitué après la défaite. Il nous demandait de rentrer en France avec lui, afin de pouvoir nous mettre à la disposition du maréchal Pétain, qui, ayant pris en mains les destinées de la France, ne pouvait que nous mener à bon port.
Il fallait faire un pas pour rentrer en France et marquer ainsi notre volonté de départ ou rester sur place pour indiquer notre volonté de continuer la lutte en Angleterre.
Pourquoi moi, fils et petit-fils d'officier, élevé dans le respect des gens, de l'ordre établi, ai rejeté l'idée de rentrer dans mon pays, pour exécuter les ordres de mes supérieurs et surtout ceux d'un Maréchal de France ? Voici pourquoi.
Le choix de rester sur place et de marquer ainsi ma volonté de continuer immédiatement la guerre a été dicté par les motifs suivants :
J'ai dit que j'étais fils et petit-fils d'officier. J'ai été élevé en écoutant les récits de guerre de mon père, en regardant L'Illustration de la Grande Guerre, puis, lorsque j'ai su lire, j'ai lu presque toute la collection Poilu et, plus tard, On se bat sur mer de Paul Chack. Donc, pour moi, "mourir pour la patrie est le sort le plus beau" n'était pas une phrase creuse. Mon père, rescapé du 75ème en août 14, ayant combattu au fort de la Pompelle, au bois des Zouaves, Verdun et ayant été tué en 1926 en ravitaillant la poche de Taza, m'avait légué à mon insu le sens du devoir. Dans mon esprit, pour la mémoire de mon père, je me devais de continuer la lutte. De plus, l'engagement pris par le commandant lors de la prise de commandement, qui s'engageait "à servir pour la gloire et l'honneur des armes de la France", n'avait pas été tenu, ni par lui ni par moi. Je n'ai pas osé rentrer en France et me présenter aux miens, car je craignais, à tort d'ailleurs, que l'on me reproche de ne pas avoir fait tout mon devoir, car, jusque-là, j'avais participé à la guerre mais n'y avais pris aucune part. Le commandant Vichot m'a d'abord surpris, puis dégoûté, lorsqu'il n'a pas tenu son engagement moral.
Du sous-marin Orion je suis passé sur l'aviso Commandant Dominé, où j'ai embarqué le 22 juillet 1940, à Falmouth, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Jacquelin de la Porte des Vaux. Je crois que ce commandant a très bien résumé la question, lorsqu'au cours de sa prise de commandement, il nous a demandé si nous avions vécu heureux en France avant-guerre. Sur notre réponse affirmative, il nous a demandé de continuer à nous battre en remerciement des bienfaits que nous y avions reçus et surtout pour restaurer la France dans sa grandeur, son opulence, son bien-être et sa douceur de vivre.-
Ce qui fait qu'un dimanche d'été en 1949, j'ai pu dire à ma femme, qui est anglaise, lorsque nous étions assis à la terrasse d'un café, en buvant la bonne bière fraîche, en écoutant de la musique et en grignotant des arachides : "Nos buts de guerre sont atteints." La vie était redevenue comme avant, nous étions à nouveau heureux, libres, entourés de gens joyeux, bien habillés, bien nourris.
Je suis resté en Angleterre pour d'autres raisons.
Devant un Anglais, un Français ne devait, ne pouvait pas refuser de se battre pour son pays. L'orgueil national a eu une part dans ma décision.
D'autre part, connaissant les Boches et leurs méthodes, je savais très bien qu'un gaillard de 23 ans ne serait pas laissé tranquille par eux. La peur d'être pris a également influencé mon jugement.
Enfin, qu'un Maréchal de France me convie à rentrer chez moi, lorsque les voleurs sont dans la maison, j'ai trouvé cela vraiment trop bête et naïf.. Car, si je rentrais, je serais un jour ou l'autre pris, indirectement j'aurais travaillé pour eux et, en rentrant, je me supprimais définitivement les moyens de continuer la lutte.
J'ai pensé à une souricière. Lorsqu'une souris est prise dans une cage, le meilleur moyen pour l'en sortir n'est pas pour les autres souris de rentrer dans la cage avec elle, pour essayer de la libérer, mais de rester dehors, afin de pouvoir chercher le maximum d'aide, de moyens pour la libérer. C'est pour cela que j'ai considéré comme bête et naïve l'invitation du Maréchal à rentrer, me constituer, pratiquement, prisonnier.
Pour terminer, je dirai que j'étais alors célibataire, orphelin et que cette aventure me tentait. Je ne le regrette pas, car j'ai vécu les plus beaux instants de ma vie, non pas parce que j'étais jeune, bien portant, mais parce que j'ai eu un idéal, un but, que j'ai pu faire mon devoir dans l'honneur, la joie et dans un excellent esprit de camaraderie.
J'avais un but, qui était de "vaincre" pour effacer cette tache faite à notre pavillon, pour notre défaite de 40, où peu de monde n'a eu soit le courage soit la possibilité de se battre comme nos pères se sont battus. La formule "On ne passe pas" n'a pas été appliquée, cette apathie, ce désintéressement du sort de la France m'a vraiment fait honte. J'ai voulu montrer aux Anglais qu'il y avait encore en France des gens qui aimaient suffisamment leur pays pour se battre et, au besoin, se faire tuer pour elle. »
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