Eugène, Jean   DUQUÉNOY

En juin 1940, Eugène Duquénoy [1] était matelot sur l'Anadyr, cargo des Messageries maritimes, lorsque son commandant, le capitaine au long-cours Paranthoën, apprit, en mer, la demande d'armistice. Après consultation des officiers, des principaux de l'équipage et des passagers, le commandant décida de ne pas poursuivre sa route vers le Maroc, où il devait débarquer du matériel de guerre en provenance de la base d'Hourtin. Il prit la décision de rallier Gibraltar, où il arriva le 24 juin. Le commandant fut confirmé dans sa décision par un entretien, le 27 juin, avec l'amiral Muselier qui, arrivé à Gibraltar à bord du Cydonia, visita le 28 juin les navires français présents, dont l'Anadyr, pour convaincre les officiers et hommes d'équipage de gagner l'Angleterre.

Un accord fut passé avec les autorités britanniques : le 29 juin, le bâtiment était saisi et les membres de l'équipage qui désiraient être rapatriés en France (13 %) débarquèrent de l'Anadyr. Eugène Duquénoy fit partie de ceux qui décidèrent de rester à bord et de passer sous contrôle britannique. Début juillet, l'Anadyr fut incorporé à un convoi qui remontait sur Glasgow. Dans ce port, le bâtiment fut requis par le Ministry of War Transport (MoWT) britannique avec son état-major et son équipage pour la durée de la guerre.

Eugène Duquenoy est considéré comme s'étant engagé dans les FNFL le 1er juillet 1940. Il continua d'abord à naviguer sur l'Anadyr jusqu'en juin 1941 puis embarqua sur trois autres navires de commerce de la France libre puis de la France combattante.

Il connut deux torpillages :

• En décembre 1942, le Charles L.D. se trouva intégré dans le convoi HX-217, qui fut attaqué par une meute de 22 sous-marins. Il fut torpillé le 9 décembre à 9 h 10 par le U-533 à 380 milles à l'est-sud-est du cap Farewell entre l'Islande et le Groenland. Le cargo coula en trois minutes. Il y eut vingt-huit disparus, dont cinq officiers - parmi lesquels le second capitaine - et douze rescapés.
• Le 6 avril 1945, après avoir assuré un transport de troupes entre Portsmouth et Le Havre, le Cuba fut coulé sur la route du retour au sud de l'île de Wight par le sous-marin U-1195, lui-même victime quelques instants plus tard d'une contre-attaque par le HMS Watchman. Le paquebot coula en trois heures. Les rescapés - il n'y eut qu'un disparu - furent recueillis par la frégate canadienne Nene.

Par décret du 2 octobre 1946 du Président du Gouvernement provisoire de la République française, sur le rapport du ministre des travaux publics et des transports, Eugène Duquénoy a été nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime avec la citation suivante :

« Duquenoy (Eugène) (Dunkerque 6927), matelot : a navigué intensivement pendant toute la guerre sur les bateaux marchands de la France libre ; bien qu'ayant essuyé deux torpillages ne s'est pas laissé détourner de son devoir. »

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[1] « Duquénoy » est bien le patronyme de ce marin selon son acte de naissance et les documents de la marine marchande le citant. Cependant, il a rempli sa demande d'admission dans l'Association de Français libres après la guerre au nom de « Duquesnoy ».

Informations complémentaires :

• Sur l'Anadyr : Capitaine de vaisseau (h) Pierre SANTARELLI, Historique des Forces navales françaises libres, t. 4, pp. 65-68

[Mise à jour : 30 juin 2024]