Date de naissance :
30 décembre 1901
Lieu de naissance :
Pleslin (Pleslin-Trigavou) (22 ) France
date de décès :
21 décembre 1948
Lieu de décès :
Pleslin (Pleslin-Trigavou) (22) France
Ralliement :
10 novembre 1940 - France libre - Freetown 100 ( Sierra Leone )
Matricules :
Saint-Malo 35099
Affectations :
Cap des Palmes, PLM 27, PLM 17, Joseph Duhamel, Egée
Grade atteint pendant la guerre :
Capitaine marine marchande
Capitaine Anne de Bretagne
Ralliement France libre - Freetown 100 ( Sierra Leone )
Jean-Baptiste Caharel était capitaine de l'Anne de Bretagne, quand le trois-mâts terre-neuvas de Saint-Malo, arriva à Saint-Pierre (Saint-Pierre et Miquelon) le 3 août 1940 après une campagne de pêche particulièrement fructueuse. N'ayant pas de radio de bord, il devait y prendre les ordres avant de retourner en Bretagne. Alors seulement les marins apprirent par un ancien pilote du port la signature de l'armistice. Mais à la mi-septembre ils apprirent aussi l'existence de l'appel du général de Gaulle. Le 24 octobre, le terre-neuvas quittait le port de Saint-Pierre en arborant un pavillon à croix de Lorraine, bricolé par l'équipage et cloué en tête du mât, pour narguer la Ville d'Ys, aviso de la flotte de Vichy. Une fois arrivé en haute mer, Jean-Baptiste Caharel informa l'équipage qu'il avait reçu l'ordre de rejoindre Bordeaux. Appelés à se prononcer, les hommes refusèrent à l'unanimité d'aller à Bordeaux et la décision fut prise de faire route vers Casablanca (Maroc),
Le 2 novembre à 4 heures du matin, pendant la traversée, le bateau fut abordé et coulé par le cargo anglais Berwickshire, qui avait perdu son convoi et naviguait tous feux éteints. Les trente-deux marins pêcheurs eurent le temps de mettre les doris à l'eau et furent tous sauvés par le bateau anglais qui les débarqua le 10 novembre à Freetown (Sierra Leone, colonie anglaise d'Afrique). Ils furent mis en contact avec le commandant Allégret, représentant local du général de Gaulle et décidèrent de rallier la France libre. Le 15 novembre, le général en personne, informé de la décision unanime des marins de l'Anne de Bretagne, les rencontra dans la toute nouvelle salle de cinéma de Freetown.
Après un mois passé à Freetown, Jean-Baptiste Caharel et son équipage montèrent à bord d'un paquebot, dont ils débarquèrent le 23 décembre à Douala (Cameroun), qui avait rallié la France libre le 27 août 1940. Les hommes furent dispersés et affectés, en fonction de leur âge et de leur spécialité, à diverses unités de la marine militaire ou de commerce de la France libre.
Jean-Baptiste Caharel fut d'abord affecté au Cap des Palmes. Le bananier de la flotte de Vichy avait été saisi par les Forces françaises libres à Libreville lors des opérations de ralliement du Gabon, le 9 novembre 1940, et conduit peu après à Douala pour y être désarmé. Mais le général de Gaulle donna l'ordre de le transformer en patrouilleur dans les chantiers de Durban (Afrique du Sud). Les Anglais n'étaient pas favorables à ce projet, ce qui retarda de plusieurs mois la transformation du bâtiment en croiseur auxiliaire. Finalement, l'Amirauté britannique donna son accord pour que le Cap des Palmes fût armé aux Etats-Unis. Et le 4 août 1941, le capitaine de corvette Ybert prenait le commandement du navire, transformé en transport militaire et armé provisoirement de deux pièces de 90 dans l'attente de la transformation complète aux Etats-Unis. Mais Jean-Baptiste Caharel avait probablement déjà quitté le Cap des Palmes et pris le commandement du PLM 27.
Le cargo, qui appartenait à la SNCF depuis 1938, se trouvait à Glasgow en juin 1940. Il avait été réquisitionné le 17 juillet par les Britanniques. Réarmé par les FNFL en septembre 1940 [1], il était affecté en 1942 à la ligne Sydney (Canada, Nouvelle Ecosse)-Wabana. Situé dans la baie de la Conception à Terre-Neuve, Wabana était le port d'embarquement d'une importante mine de fer.
Le 2 novembre 1942, le cargo fut torpillé par un sous-marin allemand. Ayant terminé son chargement de minerai à Wabana, il mouillait en rade de Lance Cove, zone d'attente des minéraliers. Depuis le mois d'octobre, des sous-marins allemands patrouillaient sur les côtes du Canada. L'un d'eux pénétra dans la baie de la Conception. Dans son « rapport de circonstances », rédigé le 4 novembre 1942 à Saint-jean de Terre-Neuve, Jean-Baptiste Caharel a rendu compte des circonstances de l'attaque du PLM 27 par l'U-518 et de ses conséquences dramatiques :
« Après avoir pris chargement au pier de Wabena, j'étais mouillé en rade de Lance Cove le 2 novembre à 3 heures du matin.
Service de veille et de sécurité assuré, rien d'anormal n'a été remarqué jusqu'à cette heure ; quand tout-à-coup vers 3 heures 10 une violente explosion se ressent, tout le personnel en quelques secondes est sur le pont et s'aperçoit que le Rose Castle mouillé à 3 encâblures de nous vient d'être torpillé. Aussitôt l'officier de quart lance une fusée éclairante. A cet instant un choc formidable suivi d'une explosion en plein centre du navire. Le navire casse en deux, tout le personnel a pu sauter à la mer. Une seconde explosion paraissant venir plus de l'arrière. Et le navire en quelques secondes disparaît.
Quelques épaves et tout le monde à l'eau, s'agrippant à ces épaves et à un seul radeau, qui a pu se détacher à l'immersion du navire. Tout le monde essaye de gagner la côte à la nage.
A ce moment quelques embarcations de terre arrivent au secours et recueillent quelques naufragés. D'autres gagnent la terre par leurs propres moyens, distante d'environ 600 mètres.
Toute la population de Lance Cove ameutée par les explosions est sur la côte à recueillir les naufragés.
En tout 38 sont vivants, 3 sont morts en arrivant à terre. Au jour les canots de terre retrouvent sur les lieux du naufrage six noyés, trois n'ont pu être retrouvés.
Tout a disparu avec le navire et aucun papier de bord n'a pu être sauvé.
Les hommes se sont sauvés presque nus, en arrivant à terre secourus et réconfortés par les habitants de Lance Cove, qui dans la circonstance ont été d'une bravoure extrême. Au jour, la police les a fait transporter et habiller sommairement dans divers hôtels de Wabana.
Deux sont blessés et hospitalisés à Wabana : D. B. CAMERON, troisième T.S.F. et Dia DION, soutier.
Voici les noms des neufs morts enterrés à Wabana le 4.XI.42 :
1/ Yves DESBLEDS 2/ Laurent LEONETTI 3/ Mathurin LE NEVE 4/ Phuan V. PHOUNG 5/ Jean BOURGETEL 6/ Mohamed BEDONI 7/ Ouatara NOUAYOU 8/ Etienne COUESNON 9/ Pharaon FARAH
et des 3 morts non retrouvés :
1/ R. Rogues de FURSAC 2/ LEMESLE Henri 3/ Georges NICOLLE. »
Après la perte du PLM 27, Jean-Baptiste Caharel continua à naviguer sur d'autres navires de la France combattante.
Par décret du 16 février 1946 du Président du Gouvernement provisoire de la République, sur le rapport du ministre des travaux publics et des transports, Jean-Baptiste Caharel a été promu officier dans l'ordre du Mérite maritime, avec la citation suivante [2] :
« M. Caharel (Jean-Baptiste), capitaine de pêche (Saint-Malo 35099) : capitaine de la marine marchande rallié à la France combattante dès juin 1940, a été volontaire pour tous les postes dangereux, où il a servi avec un dévouement exemplaire. »
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[1] Dans le tome 4 de l'Historique des Forces navales françaises libres consacré à la marine marchande de la France libre, Pierre Santarelli semble indiquer dans la notice consacrée au PLM 27 que Jean-Baptiste Caharel aurait pris le commandement du bâtiment au moment de son réarmement par les FNFL en septembre 1940. Cette date est incompatible avec celles du départ de l'Anne de Bretagne de Saint-Pierre le 24 octobre et de l'arrivée de Jean-Baptiste Caharel le 10 novembre à Freetown.
[2] La date de ralliement retenue est un peu précoce...
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Sources :