Henry, Joseph, Marie   BROCHEN

Date de naissance :

10 février 1922

Lieu de naissance :

Berhet (22 ) France

date de décès :

26 avril 1986

Lieu de décès :

Bonifacio (20) France

Ralliement :

24 juin 1941 - France libre - Accra ( Gold Coast )

Matricules :

902B38, 6223FN41

Affectations :

Président Houduce, Commandant Duboc, Le Triomphant

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître canonnier

N° membre AFL :

1.788

2 avril 1938

Ecole des apprentis marins (Brest)

24 juin 1941

Gazelle ( Aviso )

24 juin 1941

Ralliement France libre - Accra ( Gold Coast )

27 août 1941

Président Houduce ( Patrouilleur auxiliaire )

27 août 1941   à   18 mars 1944

Commandant Duboc ( Aviso dragueur )

18 mars 1944

Le Triomphant ( Contre-torpilleur )

Le 24 juin 1941, le matelot canonnier Henri Brochen et le quartier-maître fusilier Henri Decroix quittaient la Gazelle, aviso de la marine de Vichy, à Lomé (Togo, Afrique occidentale française), pour tenter de rallier la France libre. Le 15 juillet le Commissaire de France à Lomé a relaté les conditions de la désertion des deux marins, qui réussirent à passer la frontière entre le Togo français et la Gold Coast (Afrique occidentale anglaise), où la mission française libre d'Accra reçut leur ralliement :
« Parmi le groupe de permissionnaires descendus à terre vers 14 heures, deux matelots étaient restés sur le wharf et gagnèrent la sortie 15 à 20 minutes après leurs camarades. Ces deux marins, après une station à l'Hôtel du Golfe qui s'est terminée vraisemblablement vers 16 heures, quittèrent ce lieu public, suivis par deux gamins de 10 et 11 ans dans la rue du Maréchal Galliéni. Ils auraient été aperçus à l'Hôtel, attablés en compagnie d'un Européen qui réside à Lomé. Ils prirent la rue du Commerce et après avoir suivi la rue du Maréchal Galliéni, contourné le Petit Marché, ils gagnèrent l'Avenue des Alliés en passant devant la Compagnie Française de l'Afrique Occidentale en direction du poste de police de la rue d'Amoutivé que prolonge la route d'Atakpamé. En s'engageant ensuite à gauche dans la rue de France ordinairement peu fréquentée, les deux matelots évitèrent le poste de police et la partie de la rue d'Amoutivé où règne à l'ordinaire une circulation relativement intense. Ils traversèrent la voie ferrée en direction d'Anécho pour rejoindre la route lagunaire qui forme circuit au Nord de la ville de Lomé.
Deux gamins qui suivaient les deux Européens dans la rue du Maréchal Galliéni leur faisaient l'offre de porter les bagages dont ils étaient munis. L'un des matelots, corpulent et court, était possesseur d'une petite caissette, son compagnon, de taille assez grande, tenait une valise et portait en bandoulière un appareil photographique. Leur tenue était : pantalon blanc, chemise blanche à manche courte et casque avec ruban.
Après avoir traversé la route lagunaire, coupé la rue d'Amoutivé, traversé la lagune parmi les hautes herbes, ils gagnèrent la route d'Atakpamé non sans avoir accompli un long circuit dans la brousse pour éviter le quartier d'Amoutivé. En passant près d'une "ferme" au-delà de la barrière qui ferme la rue d'Amoutivé, le groupe fut rejoint par un troisième gamin qui les interpella en ces termes : "Voilà des blancs qui se sauvent". Le matelot corpulent lui donna cinq cigarettes pour le faire taire.
Les deux fugitifs, à partir de ce moment, hâtèrent le pas et s'arrêtèrent sous un manguier en haut de la côte qui domine la ville sur la route d'Atakpamé. Ils chassèrent à coups de cailloux leur escorte bénévole et les gamins s'empressèrent de rebrousser chemin tout en s'efforçant de ne pas perdre de vue les deux Européens dont l'attitude leur avait paru suspecte à partir de cet instant. Au bas de la côte ils continuaient à les apercevoir mais cachés en partie par la broussaille. A un certain moment, ils virent l'Européen de taille assez élevée qui montrait du doigt quelque chose dans la direction de la ligne de chemin de fer de Palimé qui passe à proximité de la route. Les deux matelots gagnèrent ensuite la route circulaire se dirigeant vers le camp d'aviation.
Selon une autre information, ils auraient été aperçus vers 18 heures sur la voie ferrée avant le village de Sanguera à une dizaine de kilomètres de Lomé.
Le lendemain matin à 6 h 30, deux partisans en patrouille à proximité de la frontière franco-britannique apercevaient un blanc au poste de douane de Kpoglo, à une cinquantaine de mètres de la ligne de démarcation. Ils entraient en pourparlers avec un sergent de garde-frontière anglais pour essayer d'obtenir la remise de l'Européen qu'ils avaient reconnu pour un marin français à son costume.
L'agent anglais refusa d'accéder à leur demande et partit avec l'Européen hissé sur sa bicyclette. D'ailleurs, ce dernier interpellé par les partisans aurait répondu en anglais qu'il ne savait pas parler le français. Selon les indications recueillies, il s'agirait du matelot de taille élevée.
Par ailleurs, dans la soirée du 24 au 25 juin, un Européen français a été aperçu vers 21 heures au poste de douane d'Aflao anglais à proximité de Lomé. L'interpellé aurait déclaré qu'il était matelot à bord de l'aviso La Gazelle. Il aurait également recommandé aux gardes-frontières anglais de faciliter le passage de plusieurs de ses camarades du bord qui avaient l'intention de gagner le territoire britannique.
Le Commandant de La Gazelle, par lettre en date du 25 juin 1941, parvenue à 9 heures du matin, avisait le Commandant d'Armes de Lomé de l'absence de deux matelots.
Dans la soirée du 26 juin, deux Français ont pris la parole à la radio d'Accra (Gold-Coast) et déclaré qu'ils étaient les deux matelots évadés de l'aviso. Ils ont indiqué qu'ils avaient pu s'enfuir en suivant la voie ferrée et que plusieurs de leurs camarades projetaient de se rallier à la dissidence. L'atmosphère du bord leur était devenue, selon eux, insupportable après s'être rendus compte que tout le ravitaillement en provenance de la côte d'Afrique passait aux mains des Allemands.
Le Commandant de l'aviso La Gazelle a indiqué qu'il a été trouvé à bord dans les effets de l'un des matelots, le nommé Brochen Henri, une lettre à son adresse dans laquelle ce marin lui fait part de son projet d'évasion. Il a également communiqué les renseignements sui­vants sur l'état civil et le signalement des deux matelots en cause :
" 1) Decroix Henri, François, Eugène, né le 6 juin 1913 à Avroult (Pas de Calais), ouvrier agricole engagé le 15 octobre 1935, rengagé le 17 août 1939 pour trois ans à compter du 15 octobre 1941, quartier-maître fusilier, N° Mle. 4423/C34 ; 1 m 75, Cheveux : châtains, Yeux : marrons.
« 2) Brochen Henri, Joseph, Marie, né le 10 février 1922 à Berhet (Côtes-du-Nord) ; entré à l'école des mousses le 2 avril 1938, lié au service jusqu'au 1er janvier 1944, matelot canonnier, N° Me. 902-B.38 ; 1 m 60, Cheveux : roux, Yeux : gris, Nez : rectiligne."
L'enquête continue en vue d'identifier l'Européen de Lomé qui aurait été aperçu en compagnie des deux matelots à l'Hôtel du Golfe le 24 juin 1941. Il y a lieu d'ajouter que ces derniers en étaient à leur troisième escale à Lomé.
En vue de prévenir le retour de pareils faits, j'ai donné des instructions au Service du Wharf pour que, jusqu'à nouvel ordre, aucun membre des équipages des bâtiments de guerre ou de commerce ne soit admis à débarquer.

Je suis disposé à accorder des dérogations à cette interdiction sur la demande des commandants de bord et sous la réserve qu'un membre de l'équipage désigné par eux prenne la responsabilité du détachement autorisé à débarquer durant son séjour à terre. »

Sources :

  • Archives FdFL (AFL 1.788)
  • GR 16 P 92023 [non consulté]
  • Rapport du Commissaire de France à Lomé, 15 juillet 1941, in Catherine AKPO-VACHÉ, L'AOF et la Seconde Guerre mondiale, (septembre 1939-octobre 1945), Editions Karthala, 1996, pp. 287-288.
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net