Date de naissance :
5 janvier 1923
Lieu de naissance :
Toulon (83 ) France
Ralliement :
23 mars 1943 - France combattante - 600 ( Etats-Unis d'Amérique )
Matricules :
3642T40, 883FN43
Affectations :
Caserne Surcouf
Grade atteint pendant la guerre :
Matelot de 2ème classe canonnier
N° membre AFL :
10.972
Engagement : Marine nationale
Ralliement France combattante - 600 ( Etats-Unis d'Amérique )
Réformé définitif n° 2
Démobilisé
Engagé volontaire dans la Marine nationale le 9 avril 1940, Jean Tabaillou fut d'abord apprenti canonnier à bord du Paris à Brest, jusqu'au moment où le cuirassé fut envoyé au combat.
Au moment de l'évacuation du port de Brest, le 18 juin 1940, Jean Tabaillou fut envoyé au Maroc, avant de revenir en France. Affecté ensuite au Richelieu, à Dakar, à partir du 7 octobre 1941, il était toujours à bord de ce bâtiment au moment de l'opération Torch (débarquement anglo-américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942). Il fut révolté par les déclarations anti-alliés du commandant du bâtiment, le capitaine de vaisseau Deramond, et par les punitions infligées à des marins qui avaient manifesté leur sympathie pour l'opération alliée. Après le ralliement des forces armées d'Afrique du Nord et d'AOF aux alliés, le Richelieu fut envoyé à New York pour y être réparé et modernisé. Parti de Dakar le 30 janvier 1943, il entra au bassin de Brooklyn le 18 février. Le 21 mars 1943, le matelot canonnier Jean Tabaillou désertait le Richelieu à New York. Le 23 il remettait au bureau de la délégation de la France combattante de cette ville une lettre de demande d'engagement dans les FNFL adressée au lieutenant-colonel Brunschwig, chef du service des volontaires de la délégation :
« Mon colonel,
j'ai quitté le Richelieu depuis dimanche matin avec l'intention de rejoindre les forces de la France libre. Je me suis engagé dans la Marine le 9 avril 1940. Je suis parti à Brest pour faire mon cours à bord du Paris, mais ce bâtiment a été appelé à partir pour le combat. Aussi tous les apprentis ont été débarqués. Je suis allé sur au Maroc à l'évacuation de Brest. Là je n'avais pas encore compris pourquoi des camarades étaient partis rejoindre les troupes du général de Gaulle, car jusqu'à l'heure actuelle j'avais toujours eu de très bons officiers. Lorsque je suis rentré en France, je suis allé sur le Verdun. Là déjà certains officiers penchaient pour les nazis. J'ai fait une demande pour partir aux colonies. On m'a envoyé à Dakar à bord du Richelieu. Jusqu'à l'heure actuelle j'ai toujours entendu parler des troupes du général de Gaulle avec beaucoup de haine, car la propagande allemande a été très puissante dans toute la France. Mais je suis sûr que bientôt nous pourrons leur faire voir que nous n'avons jamais trahi la France. Beaucoup de personnes prononcent le mot traître, mais elles ne savent pas la vraie signification de ce mot, que l'on devrait donner à un grand nombre d'officiers qui se trouvent ici en Amérique à bord du Richelieu et et encore d'autres bateaux. Je voulais déjà venir depuis mon arrivée en Amérique, mais je gardais l'espoir que nous changerions d'officiers et que l'équipage aurait une autre mentalité. Mais je crois qu'il est trop tard maintenant, car, lorsqu'on a un grand nombre d'officiers qui sont allemands, la mentalité des hommes devient mauvaise. Lorsque au mois de novembre les Américains ont débarqué en Afrique du Nord, tout le monde a repris courage, car nous savions que la France reprendrait la lutte, mais nous avons reçu un grand coup, lorsque Monsieur Deramond, qui commande le Richelieu, nous a dit :
"Ce voyou de Roosevelt, ce barbouillé de Churchill nous ont encore une fois attaqués, mais cette fois nous leur ferons voir que nous sommes encore forts."
Vous devez comprendre, mon colonel, l'impression que ces paroles ont faite sur nous. Le soir, sur la plage avant du Richelieu, nous étions tous réunis et nous avons chanté de tout notre coeur la Marseillaise. Le commandant a agi par la ruse. Quelques jours après, un certain nombre de mes camarades ont été désignés pour faire une compagnie de débarquement. On leur a donné des pelles et des pioches et, depuis, ces pauvres garçons travaillent sous la chaleur pour payer leur acte de patriotisme. C'est pourquoi je suis venu aujourd'hui m'engager dans les Forces françaises libres, car là au moins je suis certain que je me battrai avec de vrais Français pour sauver ma patrie.
Vive le général de Gaulle.
Vive la France.
Tabaillou Jean. Marin de la France libre.»
[Mise à jour : 12 avril 2024]
Sources :