Date de naissance :
31 mars 1924
Lieu de naissance :
Séné (56 ) France
date de décès :
22 avril 2012
Lieu de décès :
Vannes (56) France
Ralliement :
26 juin 1941 - France libre - ( Bermudes )
Engagement dans les FNFL :
29 avril 1942 - Londres 400 ( Grande-Bretagne )
Matricules :
6291FN41
Affectations :
Maurienne, Arras, Caserne Bir-Hakeim, Curie
Grade atteint pendant la guerre :
Quartier-maître timonier
N° membre AFL :
3.758
Ralliement France libre - ( Bermudes )
Engagement : FNFL - Londres 400 ( Grande-Bretagne ) (pour compter du 26 juin 1941, date de son ralliement)
Démobilisé La Forest (Brest)
Au début de 1939, Joseph Pierre, âgé de 14 ans embarquait comme mousse sur le charbonnier Armenier à Lorient. Le 3 septembre, à la déclaration de guerre, son bateau était réquisitionné pour être armé en mouilleur de mines. Trop jeune pour être mobilisé, Joseph Pierre était débarqué et revenait à l'île d'Arz, où son père exploitait un parc à huîtres. [1]
En janvier 1940, il embarquait comme novice sur le pétrolier Shéhérazade, qui transportait jusqu'au Havre de l'essence qu'il allait chercher à Corpus Christi (Texas) dans le golfe du Mexique. En juin 1940, ayant terminé le déchargement et devant l'arrivée imminente des Allemands, le Shéhérazade quittait Le Havre pour Brest puis Le Verdon, à l'embouchure de la Gironde. Il repartait ensuite pour Casablanca, d'où, après une escale d'une quinzaine de jours, il appareillait pour la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis).
L'armistice ayant été signé le 22 juin, les autorités américaines immobilisèrent le pétrolier. Tous les membres de l'équipage furent consignés à bord. Par la suite, pendant sept mois, ils furent autorisés à aller à terre par petits groupes.
Après le rétablissement des relations commerciales entre les Etats-Unis et le gouvernement de Vichy, le Shéhérazade fut autorisé à aller à Bâton Rouge faire un chargement d'essence pour le transporter à Casablanca. Le 10 mai 1941, le bâtiment quittait Baytown près de Houston au Texas et mouillait à Galveston en attente d'instructions. Le 12 il quittait son mouillage et faisait route sur Casablanca en passant par Key West. Le 21 mai il était arraisonné par les Britanniques par 29° 36' nord et 49° 13' ouest. Après l'arraisonnement, il était dirigé sur Hamilton (capitale des Bermudes), où il arrivait le 24 mai. Tout l'équipage français était alors débarqué et interné dans le camp de St-George Barracks. [2]
Le 17 juin 1941, à la demande des autorités britanniques, le capitaine de frégate Ortoli, commandant le sous-marin Surcouf, accompagné de l'ingénieur mécanicien de 1ère classe Dupuis, se rendit au camp pour rencontrer l'équipage. Il écrit dans son rapport mensuel du 2 juillet 1941 :
« Le Shéhérazade avait quitté la Nouvelle-Orléans parfaitement en règle avec les autorités britanniques. Cependant, intercepté à la mer par la croisière britannique, il avait été conduit aux Bermudes. Son équipage et son Etat-Major débarqués et internés (pratiquement prisonniers : logés dans un camp d'où il leur était interdit de sortir, sauf pour aller se baigner au bord de la mer, sous surveillance). Par ailleurs très bien traités. Un petit nombre d'hommes de l'équipage avait accepté de rallier les Forces françaises libres.
Le but de ma visite était de m'enquérir des besoins des internés et d'exercer la propagande possible.
L'entretien a été rendu aisé du fait que le premier lieutenant M. Denis avait été embarqué avec moi au début de la guerre sur le Duguay-Trouin. J'avais entretenu d'excellentes relations avec cet officier très sympathique. C'est pourquoi tous m'ont parlé à coeur ouvert (sans me cacher que l'annonce de ma visite, mon nom n'ayant pas été prononcé, avait été accueillie avec une réserve touchant à la méfiance). » [3]
Sur les 42 hommes d'équipage, huit, dont Joseph Pierre, acceptèrent de rallier la France libre.
Un mois après l'arraisonnement, l'équipage était rembarqué et le navire autorisé à continuer son voyage, mais vers Dakar au lieu de Casablanca. Il appareillait le 25 juin des Bermudes, mais sans Joseph Pierre.
Le 9 septembre 1941, Joseph Pierre embarquait sur le cargo frigorifique FNFL Maurienne, qui naviguait pour le service de ravitaillement interallié. Il faisait toujours partie de l'équipage, lorsque le 6 février 1942, à Halifax (Canada) un important incendie se déclara sur le navire, qui chavira sous le poids de l'eau déversée pour éteindre le feu. L'équipage fut hébergé pendant quelque temps au Seamen's Club à Halifax. Le Maurienne fut renfloué en juillet 1942 et réparé à Halifax. Mais dès le début du mois d'avril 1942 Joseph Pierre ne faisait plus partie de l'équipage. Il rejoignit Liverpool comme passager à bord d'un bananier norvégien. Dès son débarquement, à la fin du mois, il fut envoyé très brièvement à Patriotic School (centre d'interrogatoire des services du contre-espionnage britannique pour toutes les personnes qui parvenaient à gagner l'Angleterre) puis affecté à la CPL (Compagnie de passage des FNFL à Londres), où il signa son acte d'engagement dans les FNFL avec effet rétroactif à la fin juin 1941. Il étai donc affecté à la marine de guerre, compte tenu sans doute de son âge : il avait moins de trente ans.
De mai à décembre 1942, il fut envoyé à HMS Royal Arthur, base à terre de la Royal Navy, où des détachements des FNFL recevaient une formation militaire de base. Il y suivit également un cours de timonier et embarqua en janvier 1943 sur le sous-marin Curie. Il y servit jusqu'à la fin de la guerre.
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[1] Cette notice doit beaucoup au témoignage de Joseph Pierre recueilli en 2010 par Pierre Oillo, alors délégué du Morbihan de la Fondation de la France Libre, avec la complicité de Jean-Louis Gloaguen, camarade de combat de Joseph Pierre sur le Curie.
[2] Marc SAYBÈNE, Jean-Yves BROUARD, Guy MERCIER, La marine marchande française 1941/1942, Marines édition 1998, p. 140
[3] SHD Vincennes, TTY 683, rapport mensuel du capitaine de frégate Ortoli, commandant le sous-marin Surcouf, 2 juillet 1941 et Marine nationale, Etat-major, Service historique, Les opérations des sous-marins des F.N.F.L., 1967. Arrivé aux Bermudes le 14 juin 1941, le Surcouf y mouilla jusqu'au 30 juin,
[Mise à jour : 21 novembre 2022]
Photo Joseph Pierre en 1943 (à bord du sous-marin Curie) à Dundee (Ecosse) © Roland Pierre
Sources :
Documents :