Date de naissance :
8 septembre 1917
Lieu de naissance :
Lampaul-Plouarzel (29 ) France
date de décès :
8 décembre 1996
Lieu de décès :
Brest (29) France
Engagement dans les FNFL :
19 novembre 1940
Matricules :
2367B37, 10519FN41
Affectations :
Marine Libreville, Commandant d'Estienne d'Orves
Grade atteint pendant la guerre :
Quartier-maître de manoeuvre
Inscrit maritime levé pour le service militaire
Matelot de 2ème classe non breveté apprenti gabier
Matelot de 2ème classe breveté élémentaire gabier
Matelot de 1ère classe breveté élémentaire gabier
Camp de Médiouna
Démobilisé
Engagement : FNFL
Quartier-maître de 2ème classe
Quartier-maître de 1ère classe
Renvoyé dans ses foyers
René Petton était matelot de 2ème classe breveté élémentaire gabier à la base d'aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic lorsqu'éclata la Deuxième Guerre mondiale. Le 18 juin 1940, l'arrivée imminente des troupes allemandes obligea à évacuer le port de Brest. De nombreux bateaux se replièrent en Angleterre. Il est possible que René Petton ait fait la traversée à bord du PLM 13 ou du PLM 17, qui évacuèrent le personnel de la base de Lanvéoc-Poulmic. Son état signalétique et des services le considère comme « replié en Angleterre » du 18 juin au 2 juillet 1940 et indique qu'il était au camp d'Aintree à partir du 22 juin. Puis, du 2 juillet au 11 juillet, il aurait embarqué à bord du Balfe, un navire de commerce anglais, qui l'aurait apparemment conduit à Casablanca. Il semblerait donc que René Petton n'ait pas décidé de s'engager dans la Royal Navy ou de rallier la France libre après l'opération Catapult (saisie des bâtiments de guerre français par les Britanniques le 3 juillet 1940). Après un passage par le camp militaire de Médiouna, près de Casablanca du 11 au 25 juillet, puis un séjour plus long au « DS Casablanca » (un dépôt ?), il fut démobilisé le 10 septembre 1940.
Le 16 septembre 1940, il embarquait sur l'Indochinois, cargo de la Compagnie générale transatlantique. En octobre, le navire fut arraisonné par les Anglais.
Le navire avait quitté Casablanca le 6 octobre 1940 et fait route sur Dakar (Sénégal), où il avait mouillé sur rade le 11, avant de s'amarrer à quai le 12 à 8 h 50. Il avait ensuite appareillé le 15 octobre à destination de Conakry (Guinée française), où il était arrivé le 17 à 8 h 10. Il était reparti en fin de journée à destination de Port-Bouët (Côte d'Ivoire) via Tabou avec 7 passagers, 55 hommes d'équipage et 228 Sénégalais non armés, démobilisés, qui rentraient chez eux. Le 18 vers 20 heures, à environ 180 milles de la Sierra Leone, il était arraisonné par un croiseur britannique, qui lui ordonnait dans un premier temps de retourner à Dakar. Mais vers 23 heures, ayant appris la présence à bord des 228 Sénégalais, le navire arraisonneur informa le cargo, que, dans ces conditions, il avait l'ordre de le conduire à Freetown (Sierra Leone). Le 19 octobre, à 5 h 30 du matin, le commandant Le Manchec donnait l'ordre au chef mécanicien de saborder le navire par entrée d'eau de mer et au second capitaine de commencer l'évacuation des passagers. C'est alors que surgit le croiseur HMS Cornwall, qui tira trois coups de canons sur l'Indochinois, frappant de plein front la passerelle sans faire de victimes.
L'intendant militaire de 2ème classe des troupes coloniales Allely, chef de l'Intendance d'Abidjan, passager à bord de l'Indochinois, qui avait apporté son aide pour l'organisation de l'évacuation des tirailleurs sénégalais, a raconté la suite dans un rapport daté du 23 décembre 1940 :
« Avant de quitter le bateau, j'avais vu, arrivant en courant sur le pont où j'étais, des matelots anglais le révolver à la ceinture. M'étant penché par-dessus bord, à bâbord, je voyais montant comme des singes, par tous les moyens (cordes, etc...) des marins britanniques.
Ils avaient empêché le reste du personnel du bord de faire usage de ces moyens de descente. Mais leur précipitation fut telle que certaines cordes se rompirent ; des marins anglais tombèrent à l'eau.
De l'embarcation, je vis le Commandant Le Manchec entouré, sur le pont de l'Indochinois, par des marins anglais et discutant vivement avec eux. Je restai deux heures environ dans cette embarcation. Autour de nous circulaient des canots britanniques à moteurs et à rames. Le croiseur anglais, situé à quelque 200 mètres de nous, ne nous porta aucun secours.
Pendant ce temps, la chaloupe automobile de l'Indochinois, dans laquelle devait embarquer l'état-major du bord, regroupait les radeaux, chargés de tirailleurs, partant à la dérive.
Les requins firent leur apparition vers 6 heures 30. Les premiers furent aperçus par le second capitaine. Ils étaient de forte taille. Ils passaient entre les radeaux et au-dessous de ceux-ci.
Vers 8 heures le Commandant Le Manchec nous fit signe de revenir sur le bâtiment. »
L'intendant militaire Allely apprit alors l'échec de la tentative de sabordage. Vers 8 heures 30, l'Indochinois, précédé d'un destroyer et suivi par le Cornwall, mettait le cap sur Freetown, où il arrivait vers 16 heures. Une quarantaine de marins anglais séjournèrent à bord jusqu'au 10 novembre.
Dès le 19 octobre au soir, de brefs interrogatoires d'identité eurent lieu. Le 20, chaque passager de 1ère classe fut longuement interrogé par un Anglais de l'Intelligence Service en civil parlant correctement le français. Les questions portèrent notamment sur la tentative de ralliement de Dakar par une force anglo-gaulliste moins d'un mois auparavant (opération Menace) et ses suites.
Le 14 novembre, un officier de l'Amirauté britannique posa individuellement à tout l'équipage la question : « Voulez-vous continuer la lutte avec les Français libres ? ». Dans son compte-rendu d'enquête sur la capture de l'Indochinois en date du 3 février 1941, le lieutenant de vaisseau de Girodon évoque le rôle d'Eric Allégret dans cette « propagande gaulliste » :
« A Freetown l'équipage a été pressenti individuellement et isolément de continuer la lutte avec la France libre. Un chef de bataillon gaullliste nommé Eric Allegre [sic] aidait dans cette tâche les officiers anglais. »
Le chef de bataillon Allégret, planteur de bananes en Guinée française dans le civil, capitaine de réserve de l'infanterie coloniale, classe 1916, réfugié en Sierra Leone après l'armistice, commandait apparemment les forces de la France libre à Freetown [1].
Du 20 octobre au 12 novembre, l'intendant vit « venir à bord des officiers français partisans du mouvement de Gaulle ». Il eut l'occasion de parler avec quatre d'entre eux, notamment le chef de bataillon Allégret, qu'il vit cinq ou six fois, le capitaine de l'infanterie coloniale Béguin, le lieutenant de l'artillerie coloniale Montezer et un lieutenant de la gendarmerie :
« Ils restèrent parmi les passagers de 1ère classe ; ils ne semblèrent pas s'intéresser au 228 tirailleurs libérables. Ils se défendirent de vouloir faire du prosélytisme. Ils se montrèrent corrects, et même déférents à mon égard.
[...] Aucun de ces officiers ne s'occupa [...] de l'équipage de l'Indochinois. Par contre l'employé anglais de l'Intelligence Service, chaque fois qu'il venait à bord, disparaissait dans le navire. On le voyait réapparaître quinze ou vingt minutes plus tard. Vers le 10 novembre, il vint un officier de la marine de guerre anglaise. Il interrogea, en secret, et en français, chaque homme de l'équipage. Je sus qu'il avait dit à chacun :
"Répondez par oui ou par non, si vous voulez passer aux Forces françaises libres ?"
Le 12 novembre, nous vîmes la police locale monter à bord munie d'une liste comprenant cinq noms de marins de l'équipage de l'Indochinois. C'était ceux qui passaient à l'ennemi. Quarante hommes, sur quarante cinq [2], étaient restés fidèles à la France. »
Dans son « rapport de voyage » du 11 janvier 1941, le capitaine de l'Indochinois donne sur les circonstances du ralliement de cinq marins à la France libre - parmi lesquels René Petton - une version légèrement différente de celle de l'intendant sur la date et les autorités impliquées :
« 19 novembre : Les cinq hommes de l'équipage dont les noms suivent sont débarqués et emmenés à terre par un officier de la "France libre" sur ordre de l'Amirauté anglaise.
3 matelots : Modeste Amédée, Petton René, Jacob Pierre
1 nettoyeur : Bacquet Emmanuel [3] ; 1 écrivain Perrin Christian. » [4]
La date indiquée par le capitaine est vraisemblablement la bonne, puisqu'elle correspond également à la date d'engagement de René Petton dans les FNFL.
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[1] Pour plus de détail sur Eric Allégret, voir sa page sur le site francaislibres.net.
[2] En fait 55.
[3] Peut-être s'agit-il du futur sergent Emmanuel Bacquet, chef de char dans la 2ème DB. Voir sa page sur le site francaislibres.net.
[4] Nous n'avons pas trouvé de marin FNFL nommé Christian Perrin. Il existe bien en revanche un Français libre nommé Christian Marie Victor André Perrin, mais les informations dont nous disposons sont insuffisantes pour conclure qu'il s'agit de l'écrivain de l'Indochinois.
Recherches complémentaires :
[Mises à jour : 25 septembre 2021, 3 janvier 2024]
Sources :