Maurice, Victor   BELIN

En mai 1940, l'officier mécanicien de 2ème classe Maurice Belin était 3ème mécanicien à bord du Gravelines, lorsque le cargo appartenant à l'Etat et géré par les Chargeurs réunis, quitta Oran avec un chargement de vin destiné au Havre. En raison de l'avance allemande, le pinardier fut dérouté sur Brest, où il resta sur rade pendant une semaine, avant d'aller mouiller dans l'anse de Bertheaume pour embarquer cinq cents marins de l'état-major du front de mer et rallier Plymouth le 21 juin. Jusqu'au 16 juillet, il assura le ravitaillement en vin des bâtiments de guerre et de commerce français repliés dans le port anglais.

Le 18 juillet, le capitaine au long cours Curie, commandant le Gravelines, reçut un ordre de réquisition émanant du Ministry of Shipping, suivi, le 20 juillet, d'un ordre d'appareillage pour Bristol apporté par un officier anglais. Ce dernier pria le commandant de faire réunir l'équipage. Les marins subirent alors un interrogatoire individuel pour savoir quels étaient ceux qui désiraient conduire le navire à Bristol et ceux qui préféraient être rapatriés. Deux hommes demandèrent leur rapatriement et furent débarqués aussitôt. Le commandant Curie accepta pour sa part de conduire son navire à Bristol, mais sous réserve qu'une fois sa marchandise débarquée il considérerait sa mission comme terminée. Ne s'étant engagé que pour la durée de la guerre, il demanderait alors son débarquement et son rapatriement.

Le 1er août, le cargo arrivait à Bristol. Le 3 août, une commission d'officiers anglais vint à bord, fit rassembler l'équipage et chaque homme fut de nouveau interrogé, hors de la présence du commandant. 20 hommes et 5 officiers du Pont et de la Machine acceptèrent de rester à bord. Parmi eux, Maurice Belin. Il est considéré comme s'étant engagé dans les FNFL le 1er juillet 1940.

Le commandant Curie, le 2ème capitaine et le 2ème lieutenant, qui avaient manifesté le désir d'être rapatriés, furent immédiatement dirigés sur le camp de Crystal Palace. Cependant, avant son départ, le commandant Curie avait joué un rôle décisif dans le ralliement massif de son équipage.

Dans son rapport de mission du 4 octobre 1940, il n'hésita pas, dans un post-scriptum, à en rendre compte avec un certain courage :

« Faute de nouvelles précises, je fus peut-être un peu la cause de la détermination de l'équipage du Gravelines de poursuivre la guerre sur ce navire, pour le compte du gouvernement anglais, leur ayant dit en propres termes que si j'avais 10 ans de moins, je n'hésiterais pas à rester à bord avec eux ; persuadé que j'étais que le salut de la France ne dépendait plus que de la résistance anglaise. »

Après son ralliement, Maurice Belin continua à naviguer sur le Gravelines. Le 31 mai 1941, alors que le navire revenait du Canada avec un chargement de bois dans le convoi HX-127, il fut torpillé et coulé par le sous-marin allemand U-147 à 200 milles dans l'ouest de Glasgow. Le commandant Soulé et douze hommes d'équipages disparurent au cours de l'attaque.

Maurice Belin continua à naviguer sur des bateaux de commerce de la France libre puis de la France combattante.

Informations complémentaires :

• Sur le Gravelines : Capitaine de vaisseau (h) Pierre SANTARELLI, Historique des Forces navales françaises libres, t. 4, pp. 119-120

[Mise à jour : 9 juin 2024]