Date de naissance :
12 juillet 1915
Lieu de naissance :
Rouen (76 ) France
date de décès :
28 août 1996
Lieu de décès :
Châteauroux (36) France
Ralliement :
27 août 1940 - France libre - Colon 601 ( Panama )
Matricules :
Le Havre 6507
Affectations :
Capo Olmo, Cap des Palmes, Frontier, Jean L.D.
Grade atteint pendant la guerre :
Commissaire marine marchande
N° membre AFL :
1.132
Matelot de 2ème classe sans spécialité
Engagement : Marine nationale pour cinq ans
Matelot de 2ème classe breveté élémentaire fourrier
Rayé des contrôles de l'activité
__________
Ralliement France libre - Colon 601 ( Panama )
Commissaire marine marchande
Le 27 août 1940, François Pellen [1], écrivain à bord du cargo Wyoming, quittait son bâtiment à Colon (Panama) pour rejoindre la France libre. Après son engagement dans les FNFL, il fut affecté au Capo Olmo à partir du 1er octobre 1940.
Fin juin 1942, le Capo Olmo arrivait à Durban. Une partie de l'équipage, qui, dans sa totalité, était volontaire pour toute opération que pourrait décider le commandant Humbert Vuillemin fut désignée pour une mission prévue par les Services spéciaux britanniques et FFL. Le choix des hommes fut fait de manière à armer un navire moins important que le Capo Olmo, tout en permettant à ce dernier de continuer sa route jusqu'à l'embarquement d'un complément d'équipage.
Le bâtiment choisi pour l'opération était le Frontier, cargo caboteur hollandais à moteur immatriculé sous pavillon britannique. Il avait une double mission visant à préparer un débarquement britannique à Majunga, sur la côte occidentale de Madagascar, pour investir totalement l'île après le premier débarquement du mois de mai 1942 à Diégo-Suarez (opération Ironclad) :
- baliser le chenal d'accès du port en y mouillant des bouées radar ;
- débarquer un commando chargé de détruire le poste radio de Majunga avant le 9 septembre minuit.
François Pellen, commissaire, responsable du commando, a fait le récit de cette opération :
« Le groupe désigné fut dirigé dans les environs de Durban - en pleine nature - pour y poursuivre un entraînement spécial approprié à la future opération.
Tout le matériel nécessaire à un séjour d'une vingtaine de jours était déjà sur place : tentes - matériel popote et couchage, etc.
Des instructeurs militaires nous attendaient aussi pour nous familiariser aux diverses armes "à mains" - Tommy Gun - revolver - grenade - ainsi qu'en matière d'explosif (gélinite).
L'entraînement durait une grande partie de la journée et parfois aussi de nuit.
Après ces réjouissance champêtres : retour à Durban dernière semaine de juillet. Là : logement à l'hôtel, jusqu'à notre embarquement sur le M/V Frontier à quai à Durban.
Nous apprenions peu avant l'embarquement que notre destination était Majunga.
Mais c'est en mer que le détail de notre travail nous a été révélé.
Peu avant notre appareillage de Durban, un officier britannique, "le commandant Pack" prit passage à bord.
C'est cet officier qui nous dirigea à travers la brousse.
Nous avons donc appareillé de Durban dans la deuxième décade d'août en direction de Madagascar et après quelques jours de mer et des "ronds" dans l'eau, il fut procédé au changement de nationalité du Frontier.
En effet, le commandant nous fit peindre en blanc la superstructure et peindre aussi le drapeau hollandais sur la coque à bâbord et à tribord. Ce qui nous donna l'allure d'un neutre. (Le commandant a lui aussi pris le pinceau).
Ensuite un exercice de mini-débarquement fut exécuté par l'équipage sur une petite île inhabitée de l'archipel des Comores.
Enfin, dans les premiers jours de septembre nous fîmes la rencontre d'un boutre malgache - à bord le patron et 2 hommes.
D'autorité nous leur avons offert l'hospitalité à bord du Frontier.
Le commandant Pack - le 1er lieutenant - le 2ème radio - un matelot et le 3ème lieutenant, ainsi que le commissaire embarquèrent sur le Bonjour.
Le Frontier remorqua le boutre Bonjour le plus près possible de la côte. Puis nous avons hissé la voile et nous nous sommes dépatouillés pour atterrir de nuit.
En plein jour, dans la brousse, nous restions cachés et c'est de nuit que nous avancions vers notre objectif.
L'objectif en question était le poste de radio du port de Majunga, que nous devions rendre inutilisable avant le 9 septembre minuit. Ceci étant évidemment d'empêcher ce poste d'émettre pendant le débarquement des forces anglaises et sud-africaines, qui avait lieu le 10 septembre à 1 heures.
Pour permettre ce débarquement sans trop de risque, le Frontier, sous les ordres du commandant Vuillemin, devait baliser l'entrée du port de Majunga. Ce qui fut fait correctement.
Quant à notre petit groupe, qui de nuit approchait du poste radio, ce fut complètement raté.
En effet, notre "Lumière d'Anglais" nous fit passer à peu de distance du poste de garde près de la plage.
L'alerte fut donnée et les "vichstes" nous tirèrent dessus. Seul le 2ème radio fut blessé sans trop de gravité. L'Anglais avait filé, étant en tête, et se perdit dans la nuit.
Quant à nous, nous nous replièrent [sic] dare-dare en bord de mer derrière des buissons (en grande quantité à cet endroit).
Au départ de cette opération, nous avions reçu l'ordre de ne faire usage de nos armes qu'après le 10 septembre 1 heure.
Nous ne bougèrent [sic] donc pas.
Au petit matin, à la levée du jour, les gars du poste de garde n'avaient plus qu'à nous cueillir. Ce qui fut fait.
Durant la nuit, de temps à autre, ils tirèrent au jugé, mais sans résultat.
Nous avons été conduits à la caserne de Majunga. De là, quelques heures après, ils nous amenérent sous bonne garde sur le terrain d'aviation à quelques kilomètres de Majunga.
Un petit avion nous attendait et nous conduisit à Tananarive, et nous arrivâmes au Palais de la Reine Ranavalo, mais en bas, un par cellule.
Quelques jours après, nous avons été inculpés avec le motif : Trahison, Avoir porté les armes contre la France (un comble pour des FFL).
Je passe les quelques interrogatoires idiots...
Peut-être 10 ou 15 jours dans ce Palais, ce fut un Anglais qui fit ouvrir nos cellules.
Il nous restait plus qu'à passer au coiffeur pour faire raser une barbe bien fournie. On nous logea à l'Hôtel Glacier à Tananarive.
Quelques jours après, nous reçûmes l'ordre de rejoindre le Frontier, qui nous attendait à Tamatave.
Nous prîmes nos billets à la gare de Tananarive pour Tamatave. Et la vie reprit son cours normal à bord.
Nous retournèrent [sic] à Durban, via île de la Réunion - île Maurice - Diégo-Suarez et Zanzibar.
Le 15 décembre 1942 nous prîmes passage à bord du paquebot transport de troupes anglais Britannic, qui nous ramena à Liverpool.
Tout l'équipage du Frontier se retrouvèrent [sic] au Dépôt dans l'attente d'un nouvel embarquement, qui se fit le 8 avril 1943 sur le M/V Jean L.D. à Newcastle on Tyne [Newcastle upon Tyne].
Le 9 décembre 1944, le Jean L.D. nous amena à Cherbourg, moment que nous attendions tous depuis 1940. »
Par décret du 2 octobre 1946 du Président du Gouvernement provisoire de la République, sur le rapport du ministre des travaux publics et des transports, François Pellen a été nommé chevalier dans l'ordre du Mérite maritime, avec la citation suivante :
« Pellen (François-Marie) (Le Havre 6507), intendant : a navigué intensivement pendant toute la guerre au service de la marine marchande française libre ; a fait fonction de commissaire. »
__________
[1] Dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre, François Pellen indique être né le 12 juillet 1905. Mais son état signalétique et des services, le fichier des décès de l'Insee d'après 1970 et des « renseignements sur le personnel » fournis par le capitaine Humbert Vuillemin, commandant le Capo Olmo, dans un document daté du 23 février 1942 à Newport et conservé dans les archives de la Fondation de la France libre donnent 1915 comme année de naissance.
Informations complémentaires :
[Mises à jour : 25 novembre 2022, 30 décembre 2023]
Décorations, distinctions :
Sources :
Documents :