Date de naissance :
29 avril 1920
Lieu de naissance :
Lanmérin (22 ) France
date de décès :
7 novembre 1983
Lieu de décès :
Louannec (22) France
Ralliement :
25 juin 1942 - France libre - Alexandrie 100 ( Egypte )
Matricules :
3772B37, 10010FN42
Affectations :
1er BFM, 1er RFM
Grade atteint pendant la guerre :
Second maître fusilier
N° membre AFL :
19.667
Engagement : Marine nationale pour cinq ans
Matelot sans spécialité
Matelot fusilier
Quartier-maître de 2ème classe fusilier
Ralliement France libre - Alexandrie 100 ( Egypte )
Démobilisé
Engagé volontaire pour cinq ans dans la Marine nationale le 16 décembre 1937, le matelot fusilier Noël Nonen était affecté à partir du 27 mars 1939 au croiseur Lamotte-Picquet, qui appartenait depuis 1936 aux FNEO (Forces navales d'Extrême-Orient). Le 28 juillet 1939 il embarquait sur le croiseur Suffren. Le bâtiment avait été détaché au printemps 1939 au sein des FNEO, où il prit part au début de la Deuxième Guerre mondiale. En mai 1940, le Suffren rallia l'Egypte. Noël Nonen était toujours à bord du bâtiment, lorsque la Force X, à laquelle appartenait désormais le croiseur, fut internée à Alexandrie par les Anglais dans le cadre de l'opération Catapult (3 juillet 1940).
Le 25 juin 1942 - il était alors quartier-maître fusilier - Noël Nonen quittait le bord avec l'embarcation des permissionnaires. Mais, au lieu de rentrer le soir, il demandait l'autorisation de découcher et de ne rejoindre le bord que le lendemain matin par l'embarcation de 7 heures avec pour motif : « Relations avec son frère ». En fait, il ne revint jamais à bord et fut porté déserteur le 27 juin.
Le 15 juillet 1942, dans son rapport au commandant du Suffren, le lieutenant de vaisseau Mottais de Narbonne, chargé de l'enquête de police judiciaire concernant la désertion de Noël Nonen, écrivait :
« Le 25 juin, le Q/Maitre fusilier Nonen Noël, Mle 3772B37, permissionnaire de la journée, n'est pas rentré le soir et depuis n'a plus donné signe de vie et a été porté déserteur.
En tant que Capitaine de Compagnie et Chef de Service de Nonen, il m'est possible de donner les détail suivants.
Le frère aîné de Nonen [1], qui, fusilier au moment de l'armistice de 1940 sur un aviso réfugié en Angleterre, était passé aussitôt à la dissidence, peu après fut affecté au 1er Bataillon de fusiliers marins de la France Libre avec le grade de S/Maître. Il participa aux opérations d'Erythrée, fut blessé et à plusieurs reprises avait cherché à joindre son frère par l'intermédiaire d'anciens matelots du bord, déserteurs comme lui.
Sur le conseil de ses chefs, Nonen Noël, brouillé avec son frère depuis qu'il le savait déserteur, refusa de le voir.
Au milieu du mois de juin lorsque les troupes gaullistes revenant de Bir Hacheim vinrent cantonner à Alexandrie, de nouveau le frère de Nonen lui fit savoir qu'il voudrait le voir et Nonen, averti directement par un marin gaulliste, m'en rendit compte.
Je sentis chez lui un grand désir de revoir ce frère qu'il n'avait pas vu depuis 4 ans et, pensant que cette rencontre était inévitable, même si je la lui interdisais, ne m'y opposai pas.
Nonen, dont j'étais sûr, me promit de rentrer et de ne pas tenter de ramener son frère.
Cependant, le soir-même, le 25, Nonen téléphone de la ville au Duquesne, pour demander la permission de nuit, et depuis il n'est pas rentré. Il est probable que son frère a réussi à le convaincre de passer chez de Gaulle, peut-être même en usant de contrainte.
Depuis lors je n'ai pu avoir aucune nouvelle de Nonen.
Par ailleurs j'ai fait fouiller le caisson de Nonen et dresser l'inventaire de son sac.
La fouille n'a donné aucun résultat et le sac était complet, ce qui permet d'exclure toute préméditation. »
Du 25 au 27 juin, Noël Nonen fut hébergé au Centre d'accueil des FNFL à Alexandrie. Le 27 il fut envoyé au camp de transit de Mena en Egypte (au pied de la pyramide de Gizeh). Le 28 il fut dirigé sur ler BFM (1er Bataillon de fusiliers marins).
Quelques mois plus tard, au début de 1943, Noël Nonen était à nouveau présent à Alexandrie avec son frère. Peut-être étaient-ils chargés de recruter de nouveaux marins de la Force X pour les FNFL. Il fut en tout cas impliqué dans un incident, comme il s'en produisait souvent en ville entre gaullistes et marins de la Force X. L'enseigne de vaisseau de 1ère classe Berjoan en rendit compte dans un rapport au commandant du Suffren :
« J'ai l'honneur de vous rendre compte que j'ai été insulté et frappé au visage dans l'après-midi du 1er février par un déserteur du bord, dans les conditions suivantes :
Alors que je passais dans la rue de l'hôpital indigène, devant le théâtre "Alhambra", vers 17 heures, je vis sortir de chez le coiffeur un groupe de marins gaullistes composé de l'ex-quartier-maître fusilier Nonen, du Suffren, de son frère, ex-second-maître fusilier, de l'ex-second-maître de manoeuvre Joas, du Tourville, et de l'ex-quartier-maître de manoeuvre Derosier, du Basque. L'ex-quartier-maître Nonen, m'ayant reconnu, m'a adressé la parole : "Lieutenant, dites bien à tous ceux du Suffren que le quartier-maître fusilier Nonen , n'est pas disparu, comme on vous le fait croire, mais que vous l'avez vu de vos yeux."
Voyant que je ne paraissais pas prêter beaucoup d'attention à ses paroles, il a changé brusquement de ton et s'est mis à m'insulter, me traitant de : "Sale Boche, dégonflé, etc..." Comme je m'éloignais en le priant de ne pas m'importuner, Nonen est revenu à la charge et m'a porté un violent coup de poing en plein visage. Je n'ai pas réagi, afin de ne point envenimer l'incident, étant seul contre quatre individus probablement armés.
Cependant, Nonen, devenu furieux et ne tarissant pas d'injures à mon égard, fut maîtrisé à grand'peine par ses camarades. Tandis qu'ils s'éloignaient, le frère de Nonen me dit : "Dites au commandant Dillard que si nous le trouvons dans la rue, nous lui règlerons son compte" ; à quoi son frère ajouta : "Monsieur Belle également n'y coupera pas."
Lorsqu'ils se furent éloignés, l'ex-second-maître Joas revient sur ses pas et me présenta ses excuses pour l'incident.
Aucun des gaullistes ne paraissait pris de boisson. »
Noël Nonen servit dans le 1er BFM (1er Bataillon de fusiliers marins), qui devint en septembre 1943 le 1er RFM (1er Régiment de fusiliers marins), donc dans les mêmes unités que son frère Yves Nonen. Ce dernier trouva la mort à la tête de son peloton le 24 novembre 1944, tué d'une balle dans la tête lors des combats au Ballon d'Alsace, et fut nommé Compagnon de la Libération à titre posthume.
Noël Nonen termina la guerre avec le grade de second maître fusilier.
Le 5 novembre 1946, il demanda au lieutenant de vaisseau Guitard, capitaine de compagnie à bord du Richelieu, de bien vouloir transmettre à l'autorité supérieure la demande par laquelle il sollicitait l'autorisation de porter la médaille commémorative des services volontaires dans la France libre.
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[1] Il s'agit d'Yves Marie Noen.
[Mise à jour : 16 décembre 2023]
Sources :