Date de naissance :
7 mai 1898
Lieu de naissance :
Crozon (29 ) France
date de décès :
6 janvier 1977
Lieu de décès :
Camaret-sur-Mer (29) France
Engagement dans les FNFL :
1 juillet 1940
Grade atteint pendant la guerre :
marin pêcheur
N° membre AFL :
12.595
Engagement : FNFL
Dans une attestation datée, du 15 décembre 1945, Jules Mevel, son frère René Mevel et Corentin Guivarch ont relaté les circonstances de leur ralliement à la France libre :
« Nous soussignés, Mevel Jules, Mevel René et Guivarch Corentin, patron et matelots de l'équipage du dundee à voile Louis Jules, immatriculé sous le n° 2436 du port de Camaret,
Attestons sur l'honneur que le 18 juin 1940 [1] vers cinq heures du matin, Monsieur Pierre Merrien, secrétaire chef de la mairie de Camaret, nous a sollicités pour conduire en Angleterre un groupe d'officiers français et polonais sous la direction du capitaine Omnes de Brest, lesquels voulaient à tout prix échapper à l'ennemi, qui n'était qu'à 50 kilomètres de la ville [de] Quimper.
Nous avons accepté de remplir cette mission et Monsieur Merrien a fait ensuite les démarches nécessaires auprès de M. Porte, administrateur de la Marine.
Nous avions décidé d'emmener nos familles, mais, faute de place, elles ont dû rester et nous avons appareillé avec nos 25 passagers clandestins vers 10 heures du matin. Le voyage s'est effectué sans incidents.
L'ennemi a occupé la ville 2 heures après notre départ du port et, évidemment, nous avons dû rester en Angleterre pendant toute l'Occupation, sans avoir de nouvelles de nos familles.
Pendant notre absence, M. Merrien s'est occupé d'elles moralement et matériellement en leur faisant obtenir quelques secours contre les décisions de Vichy, qui nous considérait comme dissidents.
Dès la Libération, M. Merrien nous a adressé une lettre collective nous rassurant sur le sort de nos familles. Malheureusement, Mevel Rémy, âgé de 12 ans, fils du patron, avait été tué au cours d'un bombardement.
A notre retour en juillet 1945, nous avons retrouvé M. Merrien, qui avait été arrêté et interné trois fois par la Gestapo pour s'être consacré à la Résistance dès la première heure en organisant des départs de bateaux de Camaret Morgat, expatriant ainsi une trentaine d'aviateurs alliés et aidant aussi une cinquantaine de jeunes Français réfractaires à rejoindre le général de Gaulle.
Il a été décoré de la Médaille de la Résistance par M. le ministre de la Marine. »
Dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres, Jules Mevel écrit que les 25 officiers français et polonais embarqués sur son bateau désiraient « continuer la lutte à l'appel du général de Gaulle », ce qui est évidemment impossible si le bateau a vraiment appareillé le 18 juin, compte tenu de l'heure à laquelle lui a été confié la mission (5 heures du matin). Mais d'autres sources situent l'appareillage le 19.
Pendant toute la guerre, Jules Mevel pêcha à bord de son bateau à partir du port de Padstow, en Cornouailles, où il était connu sous le nom de Captain Jules et très apprécié.
Jean-Christophe Fichou évoque dans son livre « Les pêcheurs bretons durant la Seconde Guerre mondiale », le départ pour l'Angleterre des frères Mével et de Corentin Guivarch en juin 1940.
Le 18 avril 1941, le ministère de la Marine demandait à tous ses agents de procéder à un recensement des officiers et marins « passés volontairement sous contrôle britannique » [2].
« Les chefs de quartiers chargés d'établir ces listes ne mettent pas beaucoup de coeur à l'ouvrage : celui de Camaret ne rend son bilan que quatre semaines après la publication de la circulaire de son ministre... et pour un résultat bien maigre : seuls trois marins, Jules Mével, son frère René et Corentin Guivarc'h auraient appareillé, avant l'arrivée des troupes d'occupation, pour l'Angleterre. L'administrateur ne prend aucun risque ; il dénonce un équipage parti avant le 18 juin 1940 qui ne peut donc être considéré comme dissident. Pourtant, au moment de la rédaction du rapport, en mai 1941, toute la population camarètoise et le chef du quartier en particulier, sont parfaitement au courant des départs volontaires. Pour éviter de passer pour un naïf ou un homme trop proche des gaullistes, l'administrateur conclut son enquête en signalant que la rumeur publique laisse entendre que d'autres bateaux seraient partis comme le dundee Louis-Jules qui aurait appareillé pour l'Angleterre. "Un fait certain, c'est que les familles ne semblent pas s'inquiéter outre mesure du sort de leurs époux et parents." »
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[1] Correction manuelle sur le texte ronéoté, qui semblait indiquer « 19 juin ».
[2] SHD Marine Brest, 2 P 1-191-3, Vichy, le 18 avril 1941, l'amiral Auphan, cité par Jean-Christophe Fichou
[3] SHD Marine Brest, 2 P 1-191-3, Camaret, le 8 mai 1941, l'administrateur Robin, cité par Jean-Christophe Fichou
Recherches complémentaires :
[Mises à jour : 19, 20 octobre 2022]
Sources :