Robert, Yves, Marie   MEUDEC

Date de naissance :

7 décembre 1923

Lieu de naissance :

Carantec (29 ) France

date de décès :

19 septembre 1998

Lieu de décès :

Morlaix (29) France

Engagement dans les FNFL :

26 juin 1943 - 400 ( Grande-Bretagne )

Matricules :

10017T42, 588FN43

Affectations :

Caserne Bir-Hakeim, Amiens, Base Greenock, Croix de Lorraine

Grade atteint pendant la guerre :

Quartier-maître timonier

11 août 1942

Engagement : Marine nationale - Toulon

26 juin 1943

Engagement : FNFL - 400 ( Grande-Bretagne )

9 juillet 1943   à   1 septembre 1943

HMS Royal Arthur (Skegness)

1 septembre 1943   à   27 novembre 1943

Caserne Bir-Hakeim (Portsmouth)

27 novembre 1943   à   12 avril 1944

Amiens ( Aviso )

12 avril 1944   à   22 octobre 1944

Base de la Clyde

22 octobre 1944   à   31 août 1945

Croix de Lorraine ( Frégate )

Le 24 avril 1945, le matelot timonier Robert Meudec, postulant pour l'attribution de la médaille des évadés, rendait compte au capitaine de corvette Bergeret, commandant de la frégate Croix de Lorraine, des circonstances dans lesquelles il s'était évadé de France en mai 1943 :


« Puni d'un mois et demi de prison par suite d'une bagarre avec des soldats allemands, je me suis engagé à Toulon le 11 août 1942, afin de me soustraire à l'emprisonnement qui, fatalement, m'aurait conduit d'office en Allemagne.

Renvoyé dans mes foyers à Carantec, Finistère, le 3 février 1943, après un séjour de deux mois à l'hôpital Sainte-Anne à Toulon (séjour dû à une maladie contractée par suite du sabotage) [1], je cherchai par tous les moyens à rejoindre l'Angleterre.

Après trois mois et demi d'investigations, quelques camarades et moi avons réussi à nous procurer deux bateaux de pêche [2], par l'intermédiaire de Mr Ernest Sibiril, constructeur naval à Carantec [3].

Mais, dans l'intervalle, j'avais reçu deux convocations pour rejoindre les marins-pompiers de Marseille. Je me hâtai donc de quitter mes foyers et je trouvai asile dans une ferme d'où je poursuivis mes préparatifs de départ.

Enfin, le 30 mai à 2 heures du matin, nous embarquions au nombre de 23 (dont une femme [4] et un aviateur américain) et nous mettions le cap au nord. Ce départ était rendu difficile par la présence d'un poste de douaniers allemands à moins de 500 mètres de l'embarcadère.

Nous étions répartis comme suit : 13 dans le premier bateau et 10 dans le deuxième (dans lequel je me trouvais [5]). Les circonstances nous étaient défavorables car nous étions en retard et, à cette époque de l'année, il fait jour à 5 heures. De plus, le phare de l'île de Batz éclairait toute la sortie de la Penzé.

Nous n'étions pas arrivés à deux milles des côtes que nous aperçûmes un convoi de quatre caboteurs qui faisaient route sur l'entrée de la baie de Morlaix. Nous l'avons évité et avons continué notre route. Mais, vers 8 H 30, le soir du même jour, nous eûmes la surprise de voir apparaître, faisant route vers l'Angleterre, deux M.E. 109 [6] qui nous croisèrent à moins d'un mille par tribord et qui heureusement s'éloignèrent après avoir amorcé un virage, juste sur notre avant.

D'après l'aviateur américain, nous ne devons la vie qu'au fait que le soleil éclatant ne permit sans doute pas aux aviateurs allemands de nous apercevoir.

Depuis lors, le voyage s'effectua sans incidents notables et nous prîmes contact avec la terre anglaise, à Plymouth, le 31 mai au matin, à 8 heures.

Je m'engageai dans les Forces navales françaises libres le 26 juin 1943, après avoir passé trois semaines à Patriotic School [7] pour régularisation de ma situation. »


Après son engagement dans les FNFL le 26 juin 1943, Robert Meudec fut envoyé du 9 juillet au 1er septembre à HMS Royal Arthur, base à terre de la Royal Navy à Skegness, sans doute pour y recevoir une première formation militaire.


Il fut ensuite affecté successivement à la caserne Bir-Hakeim à Portsmouth, à l'aviso Amiens, à la base de la Clyde et, du 22 octobre 1944 au 31 août 1945, à la Croix de Lorraine. Il devait donc se trouver à bord de la frégate, lorsqu'elle participa, avec le Tonkinois, à la première visite de navires de guerre français à des ports allemands depuis la fin des hostilités (Wilhelmshaven du 29 juin au 5 juillet 1945 et Hambourg du 6 au 11 juillet). Dans l'introduction à son rapport de mission du 15 juillet 1945, le capitaine de frégate Boutron, commandant le Tonkinois, écrit :


« La visite des deux frégates [...] a été très heureuse. Officiers et équipages en rapportent une excellente impression due à la fois à l'accueil de nos alliés britanniques, à la fierté légitime de se trouver victorieux en pays vaincu et au spectacle réconfortant de la destruction totale de la machine de guerre allemande. »

__________

[1] Robert Meudec veut sans doute parler du sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942.

[2] Les cotres Kermor et Meteor.

[3] À partir de juin 1940, Ernest Sibiril, propriétaire d'un chantier de construction navale à l'embouchure de la Penzé à Carantec, organisa l'évasion vers la Grande-Bretagne de résistants traqués par la Gestapo, d'agents de liaison spécialisés dans le renseignement, de prisonniers évadés de prisons françaises ou espagnoles, d'aviateurs alliés tombés en Bretagne.

[4] Yvonne Louise Pétrement travaillait au service des prisonniers de guerre à Paris et avait souhaité quitter la France. Elle s'engagea dans la France libre et travailla au service des écoutes radiophoniques du Comité national français à Londres puis au ministère des prisonniers, déportés et réfugiés à Paris. Cf. Roger HUGUEN, Par les nuits les plus longues - Réseaux d'évasion d'aviateurs en Bretagne 1940-1944, Coop Breizh, 2008, p. 81 et http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=90478

[5] Le Kermor.

[6] Avions de chasse allemand Me-109.

[7] Patriotic School : centre d'interrogatoire des services du contre-espionnage britannique, par où passaient tous les étrangers réussissant à gagner la Grande-Bretagne.


[Mise à jour : 23 juin 2024]

Sources :

  • SHD Vincennes, TTY 201
  • Archives FdFL (AFL 8.156)
  • GR 16 P 414439 [non consulté]
  • André BOUCHI-LAMONTAGNE, Historique des Forces navales françaises libres, t. 5, Mémorial
  • Site francaislibres.net