Joseph   MENGUY

Le 19 juin 1940, Joseph Menguy embarquait sur le chalutier dieppois Lucien Gougy, que la Marine nationale avait réquisitionné en septembre 1939 comme arraisonneur dragueur AD 28 et qui mouillait dans le port de l'Aber-Wrac'h (Finistère). Il faisait partie d'un groupe de 25 jeunes - essentiellement originaires de Lannilis et Landéda - qui répondaient à l'appel du général de Gaulle, que certains d'entre eux avaient entendu la veille.

Arrivés en rade de Plymouth le 20 juin, les jeunes étaient autorisés à débarquer le lendemain et placés dans un centre d'accueil, avant d'être dirigés le 22 sur Anerley School [1] à Londres, puis, le 2 juillet, sur l'Olympia Hall [2], où ils reçurent une affectation correspondant à leurs compétences.

Joseph Menguy fut d'abord affecté au centre de recrutement de la France libre à Liverpool. Il note dans sa demande d'admission dans l'Association des Français libres après la guerre : « Propagande - Liverpool ». Effectivement, comme en témoigne Daniel Hommey, il s'agissait « de pénétrer dans les camps pour y porter la bonne parole et distribuer un journal que l'on fabriquera avec les moyens du bord », pour essayer de rallier à la « Légion De Gaulle » les marins internés dans les camps autour de Liverpool après la saisie par les Britanniques des navires de guerre français le 3 juillet 1940 (opération Catapult).

En décembre 1940, la quasi totalité des militaires désireux de rentrer en France plutôt que de continuer le combat dans les Forces française libres avaient déjà été rapatriés. Joseph Menguy fut affecté au Chasseur 11 Boulogne, puis, en juin 1942, au contre-torpilleur Léopard. Il indique dans sa demande d'admission dans l'AFL en avoir débarqué en octobre 1943. On peut donc supposer qu'il était à bord du navire au moment de son naufrage.

En effet, le 24 mai 1943, le Léopard quittait Malte pour participer à l'escorte d'un convoi de deux pétroliers et de deux cargos à destination d'Alexandrie (Egypte). Dans la nuit du 26 au 27 mai, le convoi qui suivait une route parallèle à la côte africaine à 20 milles dans le Nord dut manoeuvrer plusieurs fois au cours de la nuit pour éviter des attaques d'avions et de sous-marins. Il en résulta pour l'ensemble du convoi une forte erreur en latitude, qui eut pour conséquence l'échouage du Léopard, situé le plus au sud du dispositif d'escorte. Le contre-torpilleur se trouva ainsi immobilisé en bordure de la lagune de Driana, à une trentaine de milles au Nord-Nord-Est de Benghazi, à une cinquantaine de mètres seulement de la côte. Une partie de l'équipage fut hébergée à Benghazi, tandis que le reste demeurait à bord avec le commandant Richard pour tenter de renflouer le bâtiment. L'opération eut lieu le 30 mai, à l'aide d'un remorqueur venu de Benghazi. Sans succès. Une nouvelle tentative aurait été possible à partir du 16 juin après colmatage des brèches et asséchement du contre-torpilleur. Elle ne put avoir lieu, faute de remorqueur disponible. Trois jours plus tard, le 19 juin, le bâtiment se brisait en deux sous l'effet de la houle. Le commandant Richard resta à bord avec une cinquantaine d'hommes  pour diriger la récupération du matériel susceptible d'être sauvé. Mais comme Benghazi ne pouvait envoyer aucun moyen de levage sur place, on ne put récupérer que le matériel qui pouvait être transbordé à main d'homme. Le 1er juillet, le personnel qui campait encore sur la plage fut dirigé sur Alexandrie [3].

Par la suite, Joseph Menguy fut affecté à Portsmouth puis au Chasseur 14 Diélette.

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[1] Anerley School : collège de sourds-muets transformé en centre de réfugiés.
[2] Olympia Hall : grand hall d'exposition transformé en lieu de regroupement des ralliés à la France libre.

[3] La date de débarquement du Léopard indiquée par Joseph Menguy (octobre 1943) pourrait donc avoir un caractère purement administratif.

Informations complémentaires :

• Sur le centre de recrutement de Liverpool : page de Daniel Hommey sur le site « Parcours de vies dans la Royale »

[Mise à jour : 13 mai 2023]